Black Haven Amen Ra et les innombrables side-projects de ses membres, épisode 14 : on a eu notamment Kingdom, Syndrome, Sembler Deah, Oathbreaker, voici maintenant Black Heaven (en fait, on ne les a pas forcément eu dans l'ordre chronologique mais bon hein...), soit la filière hardcore punk des belges qui turbine à plein volume avec Harmbringer, premier effort sorti de la tanière du projet. Fatalement, le genre de truc qu'on garde sur le radar au W-Fenec, d'autant plus que l'on reste en territoire connu puisque c'est assez logiquement le label Hypertension Records (AmenRa, Kingdom et consorts) qui est en charge de l'affaire.

Une poignée de titres qui viennent défourailler un peu en zone de combat et un premier constat s'impose d'emblée : là où l'on aurait pu s'attendre à un hardcore punk viscéral et frondeur, on a droit à quelque chose de plus vénéneux. Du genre à instiller des atmosphères un peu viciées, un mix sous-saturé pour donner un côté DIY underground à l'ensemble et surtout laisser ce côté cru qui fait la marque des premiers titres (les "Lucifer", "The beyond" et autres "Wolfen") s'exprimer façon Rise and Fall et Victims, deux autres formations montantes de la scène belge dans la catégorie "concassage de tympans et autres plaisirs masochistes". En clair, à sa manière, Black Haven fait plutôt bien mal aux cheveux. Dommage que la production soit parfois un peu trop light, un truc énorme à la Converge aurait littéralement concassé la concurrence.

Question urgence punk par contre, ça suinte par tous les riffs d'un "Worship" qui harangue une foule invisible pendant que l'éponyme "Harmbringer" se charge de lessiver les premiers rangs et que "Carvings" prend en charge l'essorage des tympans des derniers arrivants. De la hargne par hectolitres, de la sueur et du DIY as fuck, Black Haven donne dans le hardcore qui mélange moderne et old-school au travers d'un album qui compile tout ce que les gaziers avaient dans les tripes au moment de passer en studio. Mais pas que, car on l'a dit, car Harmbringer n'est pas qu'un pur album de hardcore calibré punk des familles, il possède également quelques atouts que l'on entrevoit notamment sur un "A town that dreaded sundown" à l'atmosphère particulièrement travaillée ou sur "Zwarte Vlaghe", très rock'n'roll dans l'âme avec même quelques relents stoner pour le fun. Et puis quand il s'agit d'envoyer ce que l'on attendait de lui, le groupe s'acquitte de sa tâche en y allant gaiement à l'ouvrage ("Lazarus", "Blood", "Knell"), histoire de ne jamais se défiler au moment de monter au turbin. On valide.

PS : le support boîtier cristal c'est has been normalement. Pas là, groupe et label ayant soigné l'objet avec un slipcase du meilleur effet et un visuel pour le moins classe.