Metal Métal > Black Bomb A

Biographie > BBA

A voir la pochette de Straight in the vein, on s'attendrait à un album très noir, death, dans le style Entombed, mais après écoute, la sensation est toute autre. Légère influence punk, hardcore, métal, mais bien sur, death, les voix s'entremêlent, les guitares rayent le métal, les cris s'imposent. Mêlant une certaine lourdeur, avec un grain death, fusionnant des chants saturés, Black Bomb A tire sa particularité dans ses deux chanteurs. Non content d'avoir un hurleur dans les oreilles, c'est deux grands braillards qui vous tombe dans les oreilles. Le groupe s'est réellement fait connaître avec Human bomb a donné des dizaines et des dizaines de concerts et a quelque peu changé de line-up, intégrant les nordistes Hervé (Clearcut, Aeons, Loudblast) à la batterie et Arno au chant (No Flag) pour la sortie de Speech of freedom début 2004. Djag fait son retour pour l'album From chaos qui déboule en mars 2009 chez At(h)ome ! Mais la vie de groupe n'est pas un long fleuve tranquille, l'équipe est remodelée en 2011 pour Enemies of the state qui sort fin janvier 2012.

Review Concert : Black Bomb A, Requiem ? Communion !

Review Concert : Black Bomb A, Soirée sauvage au Cabaret (mai 2012)

Review Festival : Black Bomb A, La Guerre du Son 2010

Interview : Black Bomb A, ITW 2 BBA (janv. 2019)

Interview : Black Bomb A, 21 ans en 21 questions (avril 2016)

Black Bomb A / Chronique LP > Black bomb a

Black Bomb A - 2018 Il aura fallu attendre plus de 20 ans et ce septième album pour que Black Bomb A nous sorte deux LPs consécutifs avec le même line-up ! Et ne pas réussir à trouver un titre plus explicite que le nom du groupe ou un artwork plus marquant qu'un album noir, en même temps, un black album pour Black Bomb A, ça semble logique. Qu'il soit produit par le duo Francis Caste/Stéphane Buriez est une évidence et qu'il claque sa race n'étonnera personne.

Les forces de Black Bomb A sont connues, elles sont ici presque toutes présentes. En effet, le groupe a laissé de côté le pouvoir de certaines mélodies ultra puissantes qui donnent des frissons au public (genre celles entraperçues sur "Bulletproof", "Brainwashed" ou "No time to say goodbye") pour ne concentrer dans cet opus que des parties plus ou moins brutes et brutales. Les secondes de calme sont rares et appréciables autant qu'appréciées comme ces différents breaks de "Civil war" (avec le sample puis avec la gratte en boucle), titre qui pourrait bien devenir un standard du groupe et dont le message résonne particulièrement en cet automne 2018 (si on traduit quelques paroles ça donne "Quand les politiciens bouffent du caviar et se moquent de ta misère (...) On apporte le chaos, des soldats en civil contre un pouvoir établi." Un thème récurrent que celui de la révolte qui ne permet pas de se la couler douce. D'ailleurs avec une moyenne de 180 secondes par titre, ça ne perd pas de temps, aucun riff n'est posé, tout gicle avec une frénésie parfois old school ("Greed", "Wake up"), parce que c'est à ce prix qu'on accède à la liberté et à un monde meilleur ("My last resort" qui n'a rien à avoir avec une cover de Papa Roach). Autre arme déployée par BBA, celle qui fait son identité depuis toujours, son double chant hurlé/growlé, c'est toujours un régal, Poun et Arno jouent avec nos sensations auditives ("Kill yourself", "Fight the system") se répondant, mixant leurs voix et agressant nos oreilles de façon quasi constante. Pas la peine de te faire un dessin, tu sais déjà ce que ça va donner en live... Et comme les rythmiques sont bien lourdes et les riffs assez tranchés et tranchants, ça promet de sacrés pits.

KO on est donc, au moment de faire les comptes, arrivé à 10, on ne se relève pas car même si on n'a pas un morceau de l'ampleur de "Mary" (faudra qu'on aille tâter la réponse de la fosse sur "Bulletproof" pour être sûr), cet album noir réunit et sublime toutes les potentialités de Black Bomb A pour en faire ce qui restera peut-être comme leur meilleur album après Human bomb (indéboulonnable tant il a marqué nos esprits et son époque).

Publié dans le Mag #36

Black Bomb A / Chronique DVD > 21 years of pure madness

Black Bomb A - 21 years of pure madness 21 ans déjà, que le temps passe vite, surtout pour nous qui étions déjà là aux débuts du groupe... Comment imaginer au moment de découvrir une première prod' que le groupe va t'accompagner durant plus de 20 ans ? Parce qu'on ne peut pas écouter et aller à des concerts de métal sans vivre en partie avec Black Bomb Ä qui s'est imposé comme l'un des fers de lance de la scène française. Toujours dans les bons coups (de Sriracha à Verycords), passés par à peu près toutes les salles de concerts et festivals possibles, qu'on les adore ou pas, les BBA sont là et on connaît tous quelques uns de leurs titres (au moins "Police stopped da way" et "Mary" !). Histoire de fêter dignement leur anniversaire, la troupe et leurs potes (on y reviendra) est venu s'installer deux soirs de suite à Mulhouse (au Noumatrouff) en novembre 2015 pour donner des concerts, faire la fête et accessoirement enregistrer le tout pour créer ce joli DVD intitulé 21 years of pure madness.

Le digipak comprend un mini poster avec au dos une collection de photos souvenirs où le groupe démontre tout son sens du sérieux, un CD live qui reprend les 17 titres de Black Bomb Ä et un gros DVD. Non pas qu'il ne rentre pas dans ton lecteur, mais il est juste blindé de trucs ! À commencer par, bien sûr, les 17 morceaux signés BBA joués ces soirs-là, soit tu te les enfiles cash, soit tu choisis de reposer quelque peu tes oreilles tous les 3-4 morceaux (à la louche) avec des petites images backstage, les sentiments des lascars (mais aussi des petits mots de Djag, Etienne ou Shaun), les ultimes répétitions des reprises... Oui, parce que la version DVD du live comprend 5 titres "bonus", 5 covers de morceaux cultes ("Roots" de Sepultura, le slow suédois "Out of hand" d'Entombed, "War inside my head" des Suicidal Tendencies, "We're only gonna die" de Bad Religion et "Beat the bastards" de The Exploited), 5 reprises où sont invités des anciens membres du combo et des potes issus de Lofofora, Tagada Jones ou Loudblast qui passaient dans le coin histoire de préchauffer le public également... La scène devient un bal d'enragés où chacun met son talent au service du collectif. Bonus encore avec 5 clips réalisés par le groupe (dont la cover géniale de Midnight Oil et "No one noise" en unplugged), le live de "Mary" lors du Hellfest 2012 et un documentaire (d'où sont extraites les images qui peuvent entrecouper le live) avec des interventions qui ne nous rajeunissent pas (n'est-ce pas Reuno?) des Lofofora et de Stef de Loudblast qui partagent quelques souvenirs, de vieilles images de studio, de tatouage, de barbecue, de trompette, de duvet, de pogo...

Le cœur de ce réacteur en fusion, c'est le "live act", le show, le concert, la sauvagerie musicale scénique et sa captation digne des plus grands concerts ! Images impeccables, son monstrueux, techniquement, c'est du très lourd, en témoignent la multiplicité des caméras qui nous font vivre l'évènement devant, derrière, au-dessus, dans le public, sur chacun des membres du groupe, bref, depuis partout, j'ai presque envie de dire "mieux que si on y était"... On est partout, on ne rate pas une miette, même pas cette demoiselle qui se loupe au moment de retourner dans la fosse... mais c'est un détail au même titre que les gros pétards qui introduisent "Police stopped da way" et son wall of death dantesque. Pour ce qui est du menu du soir, il est assez équilibré car si le début des hostilités fait la part belle au dernier album en date (Comfortable hate avec le titre éponyme mais aussi "On fire", "The point of no return", "Tears of hate", "Land of bastards"), on revient également aux sources avec "Born to die", issu du premier EP Straight in the vein (enrichi d'un "Joyeux anniversaire" chanté par le public) puis en fin de show avec "Law's phobia". Entre temps, on aura un peu de tout avec un peu moins de One sound bite to react ("Lady lazy") et de Enemies of the state ("Come on down") parce qu'il n'est pas possible de tout jouer... From chaos a le droit à deux morceaux ("To reactivate", "Tales from the old school") comme Human bomb ("Make your choice" en plus du hit "Police stopped da way") alors que Speech of freedom a conservé une grosse côte avec "Double", "Look at the pain", "Mary" (évidemment et en version familiale) et même "Fine talkers". Pour l'ambiance et la gouaille des loustics, tu sais à quoi ça ressemble car tu as déjà vu les Black Bomb A en live et si, aussi étrange que cela puisse paraître, tu ne connais pas, ce serait pas mal de mater ce DVD avant de prendre une énorme claque en live...

Black Bomb A / Chronique LP > Enemies of the state

Black Bomb A - Enemies of the state Après un From chaos explosif et le retour de Black Bomb A au sommet de sa forme, Djag a de nouveau lâché prise... Le groupe s'est tourné sur un chanteur écossais découvert en tournée pour le remplacer, c'est donc Shaun Davidson qui assure désormais le chant le plus abrasif du combo qui a également changé de bassiste... Certes, Etienne a enregistré cet album (et il laisse encore une fois des putains de ligne !) mais sur scène et peut-être pour la suite c'est Jacou d'Ultra Vomit qui gère les grosses cordes... Ca fait donc du changement pour BBA mais c'est presque devenu "normal" pour eux et ne les empêche pas d'écrire, enregistrer et tourner !
Pas de round d'observation pour Shaun, pas d'intro avec sample et tout le toutim, non, ici, ça bastonne direct, matraquage en règle et pas trop d'enfumage (contrairement aux CRS), Black Bomb A est un groupe de HardCore et même si c'est parfois la mélodie qui fait sa force, sur Enemies of the state, il va falloir fouiller un peu pour trouver les lignes mélodiques car clairement, elles ne s'imposent pas. "Come on down" est donc un premier titre qui déboîte sévère et donne le ton, ça blast et ça va encore blaster ! Riffs efficaces, tempos élevés, refrains fédérateurs, les BBA ne trainent pas en route et expédient mandales sur mandales avec deci delà un passage encore plus explosif (la basse slappée de "No way", celle saturée de "Outro", la batterie défonceuse du très punk "Telling me lies"...). Poun calme parfois les ébats mais son chant clair reste agressif à souhait et, à part sur l'étiré "Hell on earth", met de côté les douces harmonies dont il a le secret, il accompagne davantage Shaun que ne joue la carte du contraste.
Djag et Arno ont chacun donné une couleur différente à Black Bomb A qui dévoile avec cet album une partie seulement de son nouveau visage, c'est un album de transition qui frappe fort côté HardCore mais comme on est du genre exigeant, on attend encore mieux de ces nouvelles associations, si le line-up ne change pas d'ici le prochain album, on peut d'ores et déjà penser que ce sera du très gros...

Black Bomb A / Chronique LP > From chaos

Black Bomb A - From chaos Le retour annoncé de Djag au sein de Black Bomb A a émoustillé les fans du combo hard core, non pas qu'Arno ne s'était pas parfaitement fondu dans le moule, mais son come back et celui de Stéphane Buriez aux manettes sonnaient comme une cure de jouvence pour le groupe comme pour les auditeurs... La parenthèse Le Noyau Dur refermée (comme celle Sarkazein ?), Djag revient donc à ses premières amours et anime la nostalgie de l'époque Straight in the veins / Human bomb, le son lointain et étouffé qui lance "To reactivate" est une intro basique mais ré-entendre le duo le plus complémentaire du métal français fait un bien fou. L'alchimie ne fonctionne cependant pas avec la même réussite sur tous les titres, quand Poun et Djag placent leurs parties sans s'entrecroiser ou font intervenir Wattie Buchan -chanteur des cultissimes The Exploited- ("Burning road") ou des potes pour faire des choeurs stylés HxC des familles ("Tales from the old school"), ça me parle tout de suite moins... D'autant plus que From chaos recèle quelques pures bombes qui allient puissance, technicité, rapidité et brindilles mélodiques explosives ("All the way", "Fucking hate", "Pieces of I"...). Chaque instrument étant maîtrisé à merveille, Black Bomb A sait être efficace et comment faire mal, gardant sous la semelle toujours de quoi accélérer un rythme qui semble déjà très soutenu ou de quoi nous ébahir avec une mélodie dont Poun a le secret. Et ces qualités ne sont pas forcément tape-à-l'oreille, les premières écoutes sont comme un coup de poing massif qu'on prend dans la tronche et auquel on pourrait reprocher de ne pas faire dans la nuance alors que les suivantes (et au casque) permettent une immersion bien plus en profondeur et le repérage de quelques passages finement ciselés (comme la ligne de basse de "Get the fuck out" par exemple).
Percutant dans nos enceintes personnelles, From chaos risque d'être devastateur sur scène, ça tombe bien, les Black Bomb A adorent faire de la route pour nous exploser en direct (du gauche).

Black Bomb A / Chronique DVD > Illicite stuff live

black bomb a : illicite live stuff Black Bomb Ä occupe le terrain lors de cette rentrée avec un CD+DVD qui était attendu par de nombreux fans... Illicite stuff live se présente sous la forme d'un magnifique digipak, que ce soit l'écrin ou la présentation du DVD, tout est très soigné, très pro, très classe, car oui, on va plus parler d'un DVD agrémenté d'un CD bonus que d'autre chose, le CD étant la version sonore du live présent sur le DVD (à quelques détails prés), bref Black Bomb Ä a bien compris qu'un DVD était un support avec quelques contraintes et qu'un CD était nécessaire pour écouter au maximum ce live au VIP de Saint-Nazaire... D'un point de vue personnel, je m'interroge sur le son (du DVD comme du CD), le chant est mis très en avant et les guitares ne semblent donc pas toujours au niveau... On se doutait un peu qu'il serait difficile de retranscrire la force du combo sur scène mais là, j'ai eu vraiment du mal à rentrer dans ce concert, il faut dire que la salle ne donne pas vraiment de valeur ajoutée et que le groupe ne se déchaîne pas autant que d'habitude... Musicalement, ils sont bons mais au niveau énergie, on les sait dans la retenue... Dommage... Les premiers coups de blast passés, c'est avec "Mary" que notre implication monte de plusieurs crans, viendront ensuite deux titres avec Djag, au tranchant irremplaçable même si Arno apporte beaucoup de poids, "Brain dead" et le hit "Police stopped da way" sont deux grands moments... L'intensité ne baissera plus vraiment, et ce n'est pas une mince affaire quand on joue 19 titres. Les caméras sont bien placées, les plans bien envoyés, les lumières sont assez (trop ?) claires, histoire de voir un peu les lascards...
Mais le DVD ne s'arrête pas là et ce n'est pas qu'un live que les enragés de Black Bomb Ä nous ont concocté ! Un documentaire de près d'une heure est également au menu avec une interview du groupe entrecoupée de tonnes d'images live (avec pas mal d'extraits de featuring notamment celui d'Arno qui était alors encore chez No Flag), d'images du studio et d'un tas de conneries filmées sur la route (des culs, de la weed, du bus, l'ex-batteur de Slayer...), BBA n'y oublie pas ses proches, ceux qui ont fait partie de la vie du groupe et ceux qui l'entourent et les potes, on a même le droit à l'anthologique "Chaos AD" de Sepultura repris avec L'Esprit du Clan !!! Il t'en faut encore ? Alors va mater la galerie photos ou l'excellent clip de "Burn" dont tu pourras aussi voir le "making of" et enfin régale-toi avec la vidéo de l'acoustique "No more noise".

Black Bomb A / Chronique LP > Speech of freedom

BBA - Speech of freedom Speech of freedom, a ne pas confondre avec Freedom of speech, déboule de manière violente sur les platines. Troisième production pour BBÄ, et un album dense comme à leur habitude. Après quelques changements au sein du groupe, une partie de chaise musicale, un changement de tourneur, Black Bomb Ä revient à la charge avec un album forgé avec rage.
L'album pourrait se découper en trois gros tiers inégaux, ou le tiède côtoit le chaud bouillant. Les bombes "Double", "Burn", "Shoot at the gossip", "New Wars", "Madmen" mettent la barre très haut et ont une facheuse tendance à décoller le papier peint. Certains titres passent doucement, sans grand intérêt, mais s'insèrent malgré tout dans l'ensemble sans trop de fracas. Avalanche de cris, de guitares, des coups de caisses claires sans détours qui claquent, explosent et rythment la destruction sonore qui s'écoule lentement des enceintes, mélodies en dent de scie qui s'intercalent sur ses érosions métalliques, "Burn" tout en étant brulant est brodé avec attention et délicatesse.
Produit par Stéphane Buriez au LB Lab, cet album s'inscrit dans la continuité du parcours de BBÄ. Un titre que ne dénierait pas Skindred, "Shoot at the gossip" possède un charme particulier, une mélodie destructrice qui s'embrase avec fureur, mitraille, plombe l'espace sonore, s'illumine sur un crescendo de toute beauté plaqué sur les guitares. Ce Speech of freedom garde le meilleur pour la fin et enchaîne un triplé, "Madmen", "New Wars" et "Who fucks who ?" qui termine de consumer les dernières cendres du sound-system. "New Wars" déboule avec une détermination inaliénable, une cadence binaire, quasi-militaire, encadré de couplets presque calme, antinomique avec les refrains. "Double" est à l'image de BBÄ, doté d'un don d'ubiquité, avec cet entrelacement de deux voix totalement opposées, et donne de ce Speech of freedom un aperçu pas si loin éloigné du reste de l'album.

Black Bomb A / Chronique LP > Human bomb

black bomb a : human bomb Black Bomb A remet le couvert avec Human bomb, toujours aussi énervé, toujours aussi décalé, prêt à en découdre avec le premier venu. Avalanche hardcore, déluge métal, énergie punk, influences musclées pour BBA. Un Sriracha Tour dans les pattes avec Watcha et Lofofora, et une certaine reconnaissance dans les médias, Black Bomb A a rôdé sur les routes de France ses compositions musclées et son originalité. Guitares assassines, batterie volubile, chants antagonistes, basse liquéfiante, toute la magie de Black Bomb A est à nouveau à l'œuvre.
Mise en bouche langoureuse, montée légère, la tensions devient palpable, les larsens aussi, montage hétéroclite radiophonique, qui ouvre sur un "Make your choice" cataclismique, les guitares martèlent, la batterie assène, les chants se découpent avec joie sur ce paysage solicitant et éprouvant, magnifique morceau pour commencer un concert, et foutre une claque à tous les premiers rangs avec une rage éperdue. Intro sulfureuse, courte, aux accents de hauts-fourneaux, perle vocale, entre hip-hop, scat et groove à la Black Bomb A, les deux chants complémentaires prennent leur distance, se mettent à l'œuvre pour densifier l'atmosphère de "Human circus", ubiquité vocale, entre voix rauque et profonde et passage plus aérien, mélodique qui apporte une réelle bouffée d'air bienvenue au tourbillon sonore, dense qui coule dorénavant. Les voix sont plus maîtrisées, les guitares plus travaillées que sur Straight in the veins, et le métal de Black Bomb A prend d'un coup un autre aspect. Energique, puissant, le hardcore en devient en plus solide et posé.
Guitare syncopée, appuyé par un slap asassin, qui met tous le monde d'accord, "Police stopped da way" hurle et bascule tout à la fois, le refrain est tout à coup si léger, si souple, contraste avec la suite, les guitares deviennent inquiétantes, aux accents débridés, aux sonorités luciferiennes, pont appuyé sur le tom basse, avec ferveur et volonté, puis s'écroule vers les profondeurs, guitares chirurgicales, hurlements indescriptibles, Djag et Poun s'en donne à cœur joie sur le refrain, une chappe de plomb s'abat de nouveau, sirène de police, avec en fond sonore les disgressions mélodiques et rauques du chant, avançant sans coup férir Black Bomb A va en laisser plus d'un sur le carreau. Grosse basse en intro, claquante, gravissisme, attaques rondes, "Project" est une fresque sonore somptueuse, tremplin idéal pour pousser les voix dans leurs derniers retranchements, pour exploiter au maximum leurs potentiels ravageurs, les chants s'entremèlent, jouent ensemble, se repoussent, s'exploitent, fusionnent leurs énergies, groove hip-hop, scat effréné, hurlement saturé, complainte introspective, envolées lyriques, énervement hardcore, c'est tout un festival que nous livre les deux chanteurs, la batterie n'est pas en reste, une double pédale pour propulser les tympans sur une autre vision sonique, -Integrity-, une syncope pour rompre l'équilibre, une accélération puissante, constante, qui achève litéralement, un groove monstrueux sur la voix, doublé par une double pédale, un harcèlement mené avec acharnement, une guitare qui lance quelques harmoniques portant le coup de grâce.
Guitare suintante, évocatrice, prise en main par une basse avenante, "My Mind is a pussy" décrit avec justesse, obscession et vice, soupirs renouvelés, -Born in a world of violence and anger-, avalanche perverse, locomotive métallique, au va-et-vient textuel, -Drug, Sex, Rott-, passage grandiloquant, toutes guitares dehors, toute l'artillerie s'y met, hurlements, coupure, tom basse malsain, ambiance sonore lubrique. Intro avec force d'effet sur la guitare, une seconde guitare qui se balade entre les deux oreilles avec violence, répétition oripilante, passage jouant avec les silences, relief idéal, riff montant descendant, variant, mutant, mitrailleuse sonore subtile, s'échouant en un slide dégoulinant, "Down" clôt l'album d'une façon magistrale, -Alone, You're down-, guitares volubiles alternant passage dantesque et riffs aériens, une voix beaucoup plus introspective et repliée, accompagnée d'un contrechant chaud, rond, calme, sombre. Un grand coup de chapeau pour le morceau caché, réellement grandiose, riff à la guitare acoustique, avec deux voix en dentelle par dessus, tout simplement posées avec calme et sincérité, voix qui se mêlent, s'harmonisent, voix qui vient des tripes, accentuations poignantes, -Braindead-, une autre facette de Black Bomb A, délicate mais avec le même leitmotiv.

Black Bomb A / Chronique EP > Straight in the vein

black bomb a : straight in the vein Des bruits de récréation, de rires, et hop, on saute dans la mélasse, un métal bien énervé, entre hardcore et punk, une voix qui crie, clâme haut et fort, "Born to die", l'énervement se mêle à la râge. La caisse claire cogne tant qu'elle peut. Passage étouffé, même la basse est saturée, pas de demi mesure chez Black Bomb A. Gros riff, limite Seattle dans l'enchainement mais ça reste du métal bien speed. -Rebel people is born to die-. Imaginez, des petits carnivores en train de claquer des dents et de chanter pour se remplir le gosier, syncopée, l'intro met mal à l'aise, et cultive son attirance pour le décalé, "Judge". Cette fois, la voix cherche plus du côté des basses profondes, c'est le jugement dernier à l'oeuvre, une rangée de jurés prêt à en découdre avec le métal. Les riffs ont un groove bien lourd, bien gras, la voix s'emballe sur un hip-hop saturé pendant quelques mesures. Le refrain s'envole sur la mélodie, plombé d'un côté, allégée de l'autre. C'est tous les ingrédients de Black Bomb A, qui se retrouvent ici, avec son harcèlement assez efficace, grâce à ses deux chanteurs. Même si le thème est banal, et éculé, -War, Walking on the fucking system-, Black Bomb A démontre encore son savoir-faire pour allier la plomberie et les riffs simplissimes, le tout édenté, corrodé par des chants ravageurs. On se retouve entre la Famille Adams pour le gothique, et Beetlejuice pour la folie, loin de se contenter de voix plates sans originalités, un certain souci est apporté sur l'originalité et la recherche des parties chantées. "Hostile infection", où la batterie martèle allègrement le refrain, une double pédale aidant. Que dire des parties aigus, introspectives, légères, du chant ? Surtout quand elles se retrouve plombées, martelées, entrainées, enchainées, enrolées, attirées par un balancement binaire basse-guitare-batterie, la noire ne décolle pas d'un pouce, et la voix se meurt doucement dans son cri final. Une basse qui s'énerve, qui s'emporte, s'excitant allègrement, prête à suicider ses cordes, "Shot" s'emporte sur une symphonie death, c'est la comtesse de l'Enfer qui s'invite dans le combo, -Live with this Hate-, le refrain bascule, change le tempo, le balancement, la rythmique, entrainant tout l'ouvrage avec lui, et la voix fait preuve d'une impressionnante tessiture. Dani de Cradle à un concurrent ! Attention, c'est du concentré, avant le passage plus calme... Mais, après le calme, la tempête, -Take a gun, push the trigger, Take a gun, shot the fucker-, les paroles ne sont pas d'une originalité effarante, mais la musique les rattrape bien. Allez, montez le son, c'est les voisins qui vont pas être content. Une intro, a capella, toute gentille... et puis le reste de Black Bomb A se joint à cet élan de joie, résultat : un beau barrage de son. Les deux voix sur un pied d'égalité, guitare et basse à l'unisson, "Law's phobia". Black Bomb A, une belle fusion entre death, hardcore, métal, aux compositions qui ne s'enlisent pas dans les clichés.