BTBAM - Alaska Il faut reconnaître au moins un mérite au label Victory Records (comme quoi tout arrive...), celui d'avoir signé, au beau milieu de toute une pile de combo bien miteux mais "bankables" (les A Day to Remember, Darkest Hour, Funeral for a Friend, Otep et autres Silverstein) Between the Buried and Me. Pour donner une idée du choc de les voir là, c'est comme si Jean-Luc Godard venait faire un caméo dans un film de Michael Bay, grand mammamushi du film kaboom hollywoodien, décérébré mais oh combien jouissif (Bad Boys I& II c'est lui, les Transformers aussi). Bref, tout ça pour dire qu'après une flopée de groupes sans âmes ni soupçon d'inventivité, voir un groupe tel que BTBAM débarquer au sein du roster, ça fait tout bizarre.
Ne serait-ce que lorsqu'on décide de se mettre dans les esgourdes Alaska, troisième album des américains, un véritable manifeste bien hard en faveur du mélange des genres. Metal(core) frontal hyper-technique, un soupçon de jazz qui fait classe, une bonne rasade de death pour alourdir le truc, quelques bizarreries "Pattoniennes" histoire de faire genre et une louche de prog pour accentuer le côté virtuose, bordélique mais incroyablement maîtrisé de l'ensemble. Car Between the Buried and Me, c'est sur "All bodies", une belle mandale ultra-carrée au riffing taille patron et aux décibels qui s'entrechoquent dans tous les sens puis sur l'éponyme "Alaska", juste une démonstration de maestria formelle doublée d'une vraie inventivité dans les structures lorsque le groupe ne décide pas de se vider les tripes dans les enceintes. Mais surtout, BTBAM, c'est un groupe capable d'enchaîner les morceaux les plus complexes, sans jamais ennuyer son auditoire, faisant parler la poudre en concassant les tympans avant d'éparpiller les miettes aux quatre coins du studio. Parce que ces mecs-là, ils font pas semblant.
Résultat des courses, ça beugle comme c'est pas permis (un "Croakies and boatshoes" thermonucléaire), ça pulvérise les tympans comme pas d'eux ("Backwards Marathon ") et surtout ça livre des brûlots métalliques encore incandescents sans jamais se fatiguer. Par contre l'auditeur lui de son côté, termine l'album rincé mais comblé, ravi de s'être pris des wagons entiers de riffs mastodontes et de plans rythmiques bien velus en travers de la figure. Sans parler des petites bizarreries que le groupe se plaît à insérer dans ses compos, électroniques et souvent anachroniques, ou ultra-mélodiques comme pour jouer un peu plus sur les ruptures de tempo comme les changements d'atmosphères ("Selkies : the Endless obsession") avant de se remettre à tartiner les amplis à la force du manche de gratte sur quelques titre bien cartons (monstrueux et bestial "Roboturner", corrosif "Autodidact"), tout en se ménageant quelques moments de calme apaisé (l'aérien "Medicine wheel"). On respire ? Difficilement. Et s'il s'oublie parfois sur quelques séquences voire un titre complet (qu'est-ce que vient foutre là "The primer" ?), Between the Buried and Me n'en livre pas moins ici l'un des disques les plus excitants de la scène nord-américaine des dernières années. Et le pire, c'est qu'en plus, rayon charts, ils vendent les bougres. BTBAM 1 - mainstream 0.