Bear - Noumenon Après avoir fait ses débuts en autoproduction au travers d'un EP suffisamment remarquable pour être remarqué par le label Let It Burn Records (qui s'est occupé de rééditer ledit effort inaugural avant de produire le premier album long-format du groupe, Doradus quelques mois plus tard), Bear change de catégorie en débarquant sur l'une des structures qui monte sur la scène metal continentale : Basick Records. La petite maison de disques londonienne est notamment derrière Aliases, Circles, Misery Signals ou Uneven Structure et sa réputation n'est plus vraiment à faire alors que ses sorties se diffusent à une ampleur grandissante. Pas de doute possible : avec Noumenon, les oursons belges ont décidé de s'installer durablement sur cette scène metal qu'ils s'amusent à rudoyer comme rarement tout au long de ce nouvel effort.

Et ils y ont mis les moyens : techniques d'abord, la production de l'album étant assez irréprochable ; artistiques ensuite, tant les premiers titres respirent la maîtrise absolue de leur sujet. Les suivants ne resteront pas à jouer les spectateurs. Mais dès son attaque, Noumenon concasse joyeusement les conduits auditifs avec ce "Boxer" inaugural qui explique en un seul mot et par le menu ce que va être le nouvel album de Bear. Soit une grosse marave hardcore/prog/metal qui en fout partout et n'y va pas avec le frein à main lorsqu'il faut propulser des plans joyeusement alambiqués mais fulgurants dans les enceintes : à tel point qu'on en vient à évoquer par moments la furie d'un Dillinger Escape Plan sur un "Mirrors" aussi incontrôlable que pénétrant. Complètement décomplexé, le groupe met ensuite le paquet en alignant les parpaings métalliques et ultra-techniques (le single "Rain" taillé pour le live, l'impitoyable "The falling line" malgré quelques effets électro un peu douteux). On valide.

Une petite louche de djent à la technicité éprouvée, une grosse rasade de hardcore/prog' surpuissant et une sérieuse envie d'en découdre ("Mantis"), le tout à un rythme soutenu et avec une intensité qui ne se dément jamais ("Aconite", "Centrefold"), les belges jouent la carte du "bourrinage" intelligent, sortant un arsenal aussi sévèrement burné que parfaitement usiné ("The human thing") et nous mettent continuellement à l'épreuve leur efficacité très personnelle. Pour un résultat résolument imparable. Mission accomplie.