Bear - Doradus Six mois après la réédition de son EP inaugural en béton armé, très logiquement baptisée Abstractions 2.0, Bear revient sous le(s) feu(x) de la rampe (et de son artillerie métallique) avec son premier véritable album, sorti comme son prédécesseur au format court, chez l'éminent Let It Burn Records (Anchor, Poison My Blood, SHOWYOURTEETH, The Haverbrook Disaster, To Kill...), véritable référence du genre en matière de hardcore punk/metal/rock sur le vieux continent. Et dès les premiers tirs de semonce de la formation belge, on comprend que ce n'est certainement pas avec cet album que la réputation du label allemand va être piétinée.

Rien de bien révolutionnaire à l'horizon certes, mais du très efficace, ça les oursons belges ont balancent par palette. Premier shoot hardcore avec "Equantity" et déjà, la mécanique, bien qu'encore en rodage, fait vibrer les murs. On sent que les belges ferraillent leurs instruments en ajustant les réglages pour cracher le feu sur la suite. "The flood" vient confirmer cette impression... sous un véritable déluge de mitraille et de cette frénésie HxC metal aux tentations punk sauvage qui caractérisent régulièrement les productions made in Let It Burn Records. Ici le petit zeste de technicité drôlement foudroyante en plus. Une puissance de feu redoutable, mise en exergue par une production assez énorme en son genre et voici que Bear alignent les ogives métalliques comme d'autres enfilent les perles ; et si cela ne suffit pas délogent les derniers réfractaires à la roquette (cf: "Wreckthings").

On pourra reprocher ce que l'on voudra au groupe, s'il y a un truc sur lequel il reste irréprochable, c'est dans l'absence de suffisance dont il fait preuve. Pas une once de laisser-aller, de fainéantise ou de baisse de tension à l'horizon : de la hargne par palettes, de la maîtrise qui tourne au math-core prog extrêmement fuselé et compact ("Chariots", "White"), c'est ce qui caractérise un Bear qui enfonce le clou en livrant des titres véritablement fiévreux et dominés par un riffing aussi massif que virulent, ainsi que par quelques saccades hardcore dopées par une double pédale qui s'enflamme sur un final complètement furibard ("The nightwolves", "Doradus"). Pas une seule faute de goût : sur un segment d'une simplicité effarante, Bear livre ici un album gorgé de testostérone et de morceaux d'une fulgurante efficacité métallique ("Safety, trigger, breach", "98,6"). Costaud.