Bear - Abstractions 2.0 Nouveau venu au sein de l'écurie hardcore Let It Burn Records, référence du genre sur la scène européenne au même titre qu'un Customcore Records (Primal Age, The Arrs) si on veut être chauvin ou qu'un I for Us Records (Birds in Row, Reno, Nine Eleven) pour être équitable avec nos amis belges, Bear est également un nouveau venu tout court (il ne s'est formé "que" l'an dernier) en matière de hardcore metal prog qui déboîte une épaule. Son Abstractions 2.0 n'en est pas moins une sacrée correction métallique, gueularde et bien féroce, mais avant tout assenée par un gang originaire d'Outre-Quiévrain qui marteau-pilonne les conduits auditives tout en sachant déjà parfaitement ce qu'il fait.

Pour cette réédition de l'EP, sortie chez le label allemand, les cinq morceaux le composant ont été remixés et remasterisés avec pour conséquence immédiate, un son qui se révèle assez énorme, surtout pour un premier effort. Logique en même temps, chez Let It Burn, on ne fait pas vraiment les choses à moitié (cf : Poison My Blood, To Kill). "Decades" ouvre le feu et mitraille à tout va. Techniquement c'est parfait, artistiquement, c'est pas mal aussi. Un hardcore tout en ruptures, breaks sulfuriques et changement de cadence impromptus drivés par un préposé aux hurlements qui assure le show sans ciller. Bear évite les balles et ripostent en sortant l'artillerie lourde ("Injuries 2.0", "To sleep on rails 2.0"). Quasiment quinze minutes de musiques et cinq titres dans le barillet. C'est court mais c'est implacable. C'est rageur et bigrement bien troussé. Animal juste comme il faut.

Riffing de tueur, section rythmique qui laboure les enceintes bien comme il faut, Bear donne dans le metal hardcore subversif agrémenté de quelques passages prog bourrins exécutés tantôt en mode allegro/mezzo-forte, tantôt en jouant les bulldozers métalliques qui déboisent tout ce qui trouve sur sa route, toujours le couteau entre les dents. "Speaking in red" est du reste un modèle du genre au rayon "destruction, annihilation et autres petites douceurs". Des friandises HxC que les oursons belges se plaisent à rendre toujours plus savoureuses notamment avec notamment le très délicat "Manicure for the masses 2.0" chargé de conclure les débats, une véritablement correction métallique infligée par un groupe qui ne rigole pas avec la manière. Et si l'ensemble ici proposé manque singulièrement d'originalité, surtout après les deux premiers titres, délaissant peu à peu le léger côté prog qui rendait sa musique inventive pour basculer dans un nu-hardcore, certes bien troussé, mais un peu convenu. Pour le reste, c'est quand même béton. Concis, hargneux, efficace.