le bal des enrages - le grand retour C'était d'abord pour faire la fête sur une date, puis histoire de prolonger le plaisir, ils ont mis une tournée et comme on en redemande, Le Bal des Enragés remet ça régulièrement, avant de les revoir cet été, ils ont passé le long hiver 2012-2013 au chaud dans des salles combles. Lors de huit soirées, ils ont capté leur bonne humeur à reprendre les standards du Rock, du Punk, du Métal, de l'Indus... Devenu un véritable collectif à géométrie variable, on retrouve selon les titres des musiciens que l'on a pu voir ou voit encore avec Tagada Jones, Lofofora, Parabellum, Punish Yourself, Black Bomb Ä, La Phaze ou Loudblast (le petit Stéphane Buriez n'ayant pas pu résister à un tel programme). Une sacrée troupe qui met un sacré bordel sur des putains de chansons.

At(h)ome a la bonne idée (une fois de plus) de coupler le DVD live à un CD live et le disque n'est pas juste la bande son de la vidéo, on y retrouve certes quelques tubes présents sur le DVD mais le tracklisting apporte également 8 "bonus" avec les interprétations enragées de "My generation" des Who (toute basse en avant), du "Can your pussy do the dog" des Cramps (pour ceux qui font bien les chiens), des incontournables "Tostaky" de Noir Désir et "Antisocial" de Trust (dans les deux cas, le public est encore plus réactif), de l'hymne "'God save the Queen" des Sex Pistols, du légendaire "Ring of fire" de Johnny Cash (une chanson douce pour les vieux) ou encore "Maxwell murders" des Rancid et "Gotta go" d'Agnostic Front. Ajoute les covers de grands classiques de Marilyn Manson, Ministry, System Of A Down, Metallica, Sepultura, Berurier Noir ou encoreDead Kennedys et t'as 18 titres pour faire une paire de bornes dans la bagnole avec la banane et en hochant davantage la tête que le chiot posé sur la plage arrière.

Et oui, le gros morceau, c'est le DVD avec sa vingtaine de titres et ses images backstage... Plutôt que de prendre le titre par titre, on lance bien sûr le film et entrons au bal, populaire et enragé. Après l'intro, on se retrouve en balance à La Clef, la setlist est très longue mais avant d'attaquer le son, Reuno se lance dans les premières explications sur l'origine de ce projet de bande. C'est pas tout ça mais le matos ne se décharge pas tout seul, accompagné par la neige et Agnostic Front d'un côté à l'autre de l'hexagone, on découvre le montage de la scène et les derniers réglages avant de mettre le feu... au propre comme au figuré ! Et quand certains chantent sur scène, backstage, ça ne s'arrête pas (de chanter et boire, n'est-ce pas Vx ?), les changements de personnel, d'instruments et de déguisements se font plus en douceur que la distribution de riffs on stage (Rage Against The Machine, "Killing in the name of") où la guerre s'installe (Rammstein, "Feuer frei"). Ca descend de la canette ("Il est des nôtres" qui n'était pas sur la set list officielle) et on passe en mode keupon (Sham 69, "If the kids are united"), le temps de parler un peu des cadrages, du montage et de l'image, à part les plans larges qui sont un peu posés, le reste, c'est filmé comme il est possible de le faire au milieu d'un tel boxon, avec des petites caméras numériques, peut-être qu'un petit traitement sur l'image l'aurait rendu plus chaleureuse, le tout est envoyé de façon très énergique.

Après l'instant cuisine (autruche farcie à la chaussette) et déguisement (Stupeflip et la mise en sècne de "A bas la hiérarchie" oblige), on arrive à l'Alhambra avec un air de piano classique qui en étonnera plus d'un. Quelques pompes plus tard, "Hate to say I told you so" des Hives établit un lien avec Jimi Hendrix et son "Fire", c'est bien plus sympa qu'un plan galère sur une aire d'autoroute... Traverser le pays en tourbus, c'est pas toujours des vacances, celles des Dead Kennedys en Asie ("Holidays in Cambodia"), non plus (les blessures de guerre en témoignent). Quand Vx remonte sur scène, le punk old shcool est souvent de mise, l'amalgame The Exploited ("War") / Uk82 ("Disorder") fonctionne bien, le frigo du bus aussi. Kass et Reuno font la police suite à l'intervention de Lolo le fourbe (prochain héros de Strip-Tease ?) avec un superbe "Montre-moi tes nichons si t'as des couilles" et balancent un "Nice boys don't play rock n' roll" (Rose Tattoo).

On change les jeux de corde, on échange les vieux souvenirs entre Parabellum qui s'auto-reprennent avec "Cayenne". Petite saturation bucolique au Val d'Ajol au cultissime "Chez Narcisse" qui voit du "Beautiful people" débarquer. L'enchaînement entre Marilyn Manson et Ministry semblant naturel, il est conservé ici et on se prend donc "Just one fix" avec autant de bonheur que "La bière" (Les Garcons Bouchers avant de manger et de prendre une petite mirabelle digestive. Klodia prend le micro pour "remplacer" Joan Jett ("Bad reputation"), on reste avec Punish (mais Vx et pas mal de plans de la caméramicro) pour la cover des Stooges ("I wanna be your dog"), on rigole avec quelques vannes entre la poissonnerie et la revue de presse au troquet, la vie en tournée réserve quelques surprises... La très bonne reprise du peu évident "Chop suey" des System Of A Down n'en est pas une, l'enchaînement avec Metallica ("Enter sandman") est casse-gueule mais ça passe à l'aise, entre gens de bonne compagnie, pas de chichis... L'artificier explique un peu son métier et c'est fort logiquement l'explosif "New noise" des Refused qui nous est servi.

Les batteurs s'échauffent dans la séquence suivante parce qu'il va falloir tambouriner pour donner encore plus de relief au "Refuse/Resist" de Sepultura, il y a du monde sur la scène et le son gras tranche avec la guitare sèche (de Moustaki !?) qui déboule backstage l'instant d'après. C'est la fin du film (et du concert), et ce n'est pas Téléphone mais Trust ("Antisocial") qui fait chanter le public. La boucle se boucle avec Berurier Noir ("Vive le feu") et c'est terminé, tu viens de passer 2h20 avec Le Bal des Enragés et tu n'as pas vu le temps passé... Ils sont forts ces enragés !