Chanter les injustices fait partie de la banalité de ce monde. C'est un acte absolument normal (obligatoire ?) pour un artiste surtout depuis un paquet de décennies où les événements liés aux sans-abris, à la dèche généralisée, à la surdité des gouvernements aux appels du peuple, ou aux conséquences catastrophiques des agissements de l'impérialisme, ne sont pas prêts de s'arranger. Il y a mille façons artistiques de les dénoncer et dans l'Est de l'Angleterre, les Bad Breeding ont trouvé une solution (banale aussi) : le punk-hardcore qui déménage. Et la manière la plus simple de se faire entendre, c'est de gueuler dans un micro, de se faire entendre, de scander des mots-clés, des phrases chocs, bref, d'envoyer tout dans la gueule de l'auditeur, même s'il n'y est pour rien, lui (quel décideur politique écoute de l'anarcho-punk dur ?). Et surtout, surtout, faire simple, le message avant tout, la musique n'est que le support, le canal du message. Le volume des instruments doit être fort, l'objectif étant de faire trembler les enceintes à coups de déclenchement de pédale de disto récupérée aux puces pour 9,99 livres, de coups de burins sur la batterie, obtenir la production la plus dégueulasse qui soit pour marquer les esprits. Bon, on caricature légèrement mais Bad Breeding avec son Exiled, c'est ça : une énergie pure et authentique, mais surtout de la rage à fiel ouvert.
Publié dans le Mag #40