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Biographie > Babylon Pression

Groupe originaire de la région marseillaise, Babylon Pression se forme en 1998 et rejoint par la suite le collectif Coriace qui comprends Tripod, Eths et Fis(ch)er. Influences diverses et variées, rap, ragga, le tout sur un fond métal, les marseillais de Babylon Pression sortent plusieurs démos, notamment Classé X en 2001. Le premier album du groupe est enregistré en fin 2003, au studio Praxis (Lofofora, Tripod...) et sort l'année suivante, Négative Génération mixe et met en boîte les diverses influences du groupe.

Review Concert : Babylon Pression, Soirée crise financière au Korigan (nov. 2008)

Babylon Pression / Chronique LP > Allez tous vous faire foutre

Babylon Pression - Allez tous vous faire foutre Il fait chaud, très chaud, le soleil tape fort, j'ai faim, j'ai soif, je roule depuis des heures sur cette route interminable (décidément peu empruntée) au volant de mon muscle-car noir. Je m'arrête à ce bar situé en bord de route. Il a une salle gueule, poussiéreux, les vielles bagnoles rouillées et les Harley peinent à remplir le parking. A l'intérieur, ça sent le renfermé, un sexagénaire bouffe paisiblement son omelette, des motards sirotent leurs bières, j'en passe ; à ce moment là je me dis que je suis vraiment dans l'Amérique profonde, plus clichée qu'une pub pour opticien mal jouée par un certain monsieur H. Au fond de la salle, un poste radio maculé de poussière qui semble être aussi vieux que le lieu dans lequel je me trouve, crache un air de guitare rock'n'roll lancinant. Ambiance cow-boy, plus cain-ri tu meurs. La rythmique s'accélère, des airs d'harmonica se font entendre. La mélodie s'assombrit et prend des airs punks, voilà que le cliché américain perd de sa superbe... Tout d'un coup ça me rappelle les Bérus, puis un hurlement dans la langue de Molière "OUAIS CA IRAAAAAA !!!" merde alors, nous revoilà en France. S'ensuit un pamphlet contre les classes dirigeantes sur fond de punk'n'roll furibard, qui se termine avec des chœurs à la NY Hardcore ("Car c'est nous qui faisons la loi !!!!!!!!"). Bon nombre de syndicalistes ou de militants d'extrême gauche n'auraient pas renié ce discours.

En discutant avec le barman, j'apprends que le groupe en question est bien français : Babylon Pression... Merde alors, que s'est-il passé ? On les reconnaît, mais on ne les reconnaît plus, ils ont l'air encore plus remontés que sur leur précédent opus, le discours semble s'être radicalisé, mais au niveau musical, si on est toujours dans une espèce de punk/hardcore/metal le style a bien changé, il est plus américanisé, plus rock'n'roll. Le barman me tend la pochette de l'album déjà souillée par l'huile et la poussière, le titre de l'opus est on ne peut plus clair : Allez tous vous faire foutre, rouge sur noir en police façon film d'horreur, avec le "t" de "tous" qui me rappelle étrangement une croix chrétienne. S'en suit un "Des tasers et des pauvres" avec ça rythmique D-beat qui ne manquera pas d'enjailler keupons, coreux et metaleux dans les salles de concert. J'en profite pour parler du clip du morceau, très "do it yourself" : on y voit au début des militants UMP ainsi que des grands noms du parti danser sur le son des quatre marseillais, ce qui est amusant c'est que le refrain de la chanson semble avoir été synchronisé sur les mouvement de bouches des militants, à tel point qu'on jurerait qu'ils chantent du Babylon Pression... Épatant.

L'opus se poursuit avec "J'en ai marre", où le chanteur, visiblement au bout du rouleaux, se plaint de ses déboires. Cela me rappelle ces gens ivres que l'on croise dans la rue, parlant tout seuls. On a l'impression qu'ils sont à deux doigts de mettre fin à leurs jours. Cette chanson n' a pas vraiment d'intérêt musicalement, bien qu'elle ne soit pas désagréable à écouter, mais les paroles, elles, sont intéressantes, car presque chacun peut s'y reconnaître. L'éponyme "Allez tous vous faire foutre" met en avant la descente au enfer du monsieur qui prétendait "en avoir marre sur le titre précédent ; visiblement il ne veut pas mourir tout seul, il compte emmener quelques les personnes avec lui. Il y poursuit le thème du ras le bol en y ajoutant une haine aveugle (Je te tue toi, toi et toute ta famille !!! Même ton chien !!!). Musicalement, c'est un putain de morceaux punk hardcore'n'roll. Le titre suivant ("A force d'y croire on meurt déçu"), n'a rien de punk, de hardcore, ou de rock'n'roll, il est purement métal. Il est lent, lourd, la thématique abordée reste dépressive. Comme vous pouvez le deviner il s'agit d' un véritable brûlot sur les relations humaines et la vie en général. Il semblerait qu'a l'instar d'un Fuzati du Klub des Loosers, Babylon Pression ait une certaine propension à ne pas aborder de thèmes joyeux. Preuve est en "La crise", en fait un interlude et de loin le titre le plus calme de l'album, il est purement instrumental. Je trouve d'ailleurs que le nom de ce morceau est assez banal pour peu que l'on soit familier des thèmes abordés par le quartet.
"Champagne", aborde des thématiques largement évoquées sur le précédent album du groupe Travaille consomme meurs : les grandes entreprises , les hommes politiques, les riches etc,... Et plus spécialement le fait que ces gens-là se fichent éperdument du sort des plus démunis. Classique pour du Babylon Pression... Le début du morceau me fait encore penser aux Béruriers Noirs. Cette chanson est à l'image du titre "Voilà plus de trente ans" une dinguerie punk hardcore'n'roll. L'album se poursuit avec le morceau "Les banquiers vont sauver ta vie", le vocaliste (qui ne s'est pas complètement défait de la démence constatée sur le titre "Allez tous vous faire foutre") semble y hurler depuis un téléphone, le son de sa voix y est quelque peu étouffé. Sans surprise, le groupe nous sert un délicieux pamphlet sur les banquiers sur fond de rock'n'roll metalisé avant de clôturer les débats avec "Amour amour, foutaise foutaise". Cette chanson à la rythmique lancinante et aux sombres mélodies s'est défait du rock'n'roll. Contrairement a ce que l'on pourrait penser, les paroles ne traitent pas des relations de couple, mais plus des désillusions sur l'amour que autrui semblait nous porter ("Et on t'oublieraaaaaaaa !! Comme tu as oublié les autres !!!!!").

Oui, avec cet album, Babylon Pression surprend musicalement, notamment avec un son de gratte (à l'américaine) que l'on n'attendait pas d'eux, mais aussi avec l'harmonica fou dingo qu'on a peu entendre au début de cet album. Oui, je trouve que le classement dans la catégorie brutal punk est un peu exagéré. Je les classerais plutôt dans le punk/ metal'n'roll. Les paroles, elles restent dans la même veine que l'opus précédent, alors certes ça commence à être quelque peu lassant à la longue, on aimerait plus d'originalité, plus de surprise en terme de brûlots, mais à titre personnel, je préfère largement les paroles de la formation marseillaise à celles de bon nombre de groupes de death/black metal obsédés obsédés par la guerre, le meurtre ou le viol (cf : le dernier Benighted en date). En ce sens le discours de Babylon Pression est "rafraîchissant", il a le mérite de nous faire réfléchir sur ce qui nous entoure. Alors oui, le discours est un peu facile (voire ridicule) par moments (cf : "Des tasers et des pauvres"), et donne un peu l'impression d'avoir été écrit par et/ou pour des manifestants, mais au moins il se démarque des paroles habituellement entendus dans le metal. Pour une fois qu'un groupe a un message à faire passer... Vous l'avez compris à défaut d'adhérer totalement au discours du groupe, je salue leur démarche. Cela dit, je regrette que les paroles ne soient pas toujours intelligibles, autant ce défaut est négligeable lorsqu'il s'agit d'un groupe de gore-grind, autant pour un groupe comme Babylon Pression qui a vraiment des choses à dire, ça la fout mal. Car cet album est aussi bon que son prédécesseur, et a pour défaut principal de nous donner envie d'attendre encore quelques années que son successeur nous surprenne encore (plus).

Merde, la nuit est tombée, je salue le barman et le remercie de son accueil, je regagne mon véhicule, en espérant pouvoir roupiller dans le motel le plus proche. Punaise, la route est longue.

Babylon Pression / Chronique LP > Négative génération

Babylon Pression : Négative Génération Difficile de ne pas être étiquetté "Fusion" lorsque son premier album mélange à grandes louches, rap, ragga et métal, c'est un peu tendre le batôn pour se faire battre, Babylon Pression met donc la pression dans la babylone musicale qu'est Marseille et plus généralement, l'hexagone. Titre carrément ragga, qui ferait tripper Skindred, avec "Champion lova" dilué aux hormones et au mescal -viens goûter, viens goûter-, ou titre entièrement rap avec "Emeute", I am vient de Marseille après tout, Babylon Pression met des claques à tour de bras sur "Confession" et "Négative génération".
Vision assez négativiste, un peu à la Data error de Tripod, dont on ressent les influences,ce Négative Génération est par contre beaucoup moins monotone. 10 titres entre hargne et sens du groove, "J'oublie" dépote dans les bermudas, accentue avec délectation le beat, les pulsions se laissent aller. Mention spéciale au titre "R.M.I." aux lyrics, plutôt bien torchées, un refrain un peu simplet, mais direct qui s'accroche avec tenacité, tout opposé à "La fange" ou "Négative génération" qui claquent plus entre un Lofofora et un Silmarils à la rigueur...
Au final, ce Négative Génération libère bien des pulsions positives, carrées et bien maîtrisées, sans pour autant sacrifier au feeling et aux origines.