Né en 2005 du côté de Caen, sur les cendres du groupe The Apollo Program, Aussitôt Mort, qui intègre également un membre d'Amanda Woodward, sort rapidement une première démo, remarquée puis rééditée en 2006 par feu-le label Level Plane (fermé en 2009 après avoir notamment sorti des disques de Coliseum, Envy, Kaospilot, ou Tombs) outre-Atlantique. Entre-temps, le groupe a sorti un premier EP officiel, sobrement baptisé 6 songs (paru chez Level Plane, Denovali Records et quelques autres labels indé), avant de poursuivre un an plus tard son histoire d'amour naissante avec les USA en sortant un split LP en compagnie des américains de Balboa.
L'entente avec Level Plane étant excellente, Aussitôt Mort ne cherche alors pas bien loin lorsqu'il s'agit d'envoyer son premier album au pressage, lequel voit le jour en 2008 sous le titre : Montuenga. Quelques années passent pendant lesquelles, les caennais tournent régulièrement en Europe (et même au Japon) avant qu'ils ne repassent par la case enregistrement, livrant coup sur coup en 2011 un split 10'' avec les nippons d'Heaven in Her Arms chez Denovali Records puis un single LP 12'' intitulé La ride du Lion via Adagio830 (Nadja), label qui en profite alors pour livrer également un LP compilant les différents efforts du groupe sous le titre Discography (en co-production avec Moment of Collapse. Quelques mois plus tard, Aussitôt Mort qui ne l'est toujours pas sort un deuxième album studio, Nagykanizsa via Destructure Records avant que Music fear Satan ne se charge de rééditer Montuenga + 6 songs sur un seul et même CD.
Aussitôt Mort
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Aussitôt Mort / Chronique LP > Montuenga + 6 Songs
Réédition du premier album long-format d'Aussitôt Mort paru à l'origine en 2008 chez Oto Records, Level Plane et Purepainsugar, accompagné de l'EP sorti un an plus tôt chez toute une flopée de labels dont Level Plane encore, mais aussi Denovali Records, Montuenga + 6 Songs, compile, via Music fear Satan (HKY, Revok, Year of No Light), la majorité des compositions de la formation screamo/post-hardcore/indie caennaise alors même que celles-ci sont aujourd'hui quasi épuisées. Un joli coup au moment-même où le groupe sort (enfin) son deuxième album, par le biais du label Destructure Records. Le titre Nagykanizsa (on y reviendra dans quelques temps aussi).
"Mort, mort, mort" lance les hostilités et déploie dès les premières secondes un cocktail de stoner et de screamo/post-hardcore mélangeant adroitement dynamisme puissant et abrasion émotionnelle pour un résultat de tout premier ordre, inaugurant assez idéalement ce double opus couché sur un seul disque certes, mais tout de même composé de quelques quatorze titres pour une grosse heure de musique, viscérale. Une poignée d'arrangements post-classiques placés en cœur de morceau, des cordes qui viennent étirer la tension d'ensemble avant de laisser parler la poudre instrumentale et des arrangements vibrants, le groupe a tout compris. Un esprit presque punk qui suinte le long des amplis, des textes en français qui expulsent sauvagement toute cette rage incandescente qui habite les caennais, Aussitôt Mort ne se gêne donc absolument pas dès lors qu'il s'agit d'ébrécher les enceintes ("Une heure plus tard", "Que le veilleur gagne".). Les tympans aussi.
Une volonté de mettre de la noirceur dans ce screamo/post-hardcore/rock un peu dans la veine de feu-Gantz, des morceaux lancinants, changeants, à la manière du diptyque "Huit (Part one & two)" ou de "Le kid de la plage", sans jamais sacrifier une once de ce qui fait l'intensité efflorescente et animale de son art ("Le prophète de malheur"). Aussitôt Mort soigne ses ambiances, bouillonnantes, décharnées, à fleur de peau ("Aussitôt mort, aussitôt mort", "Une once de courage") avant de les larder de ces coups de poignards screamo/hardcore/punk ("Memoria grigia", "Le désespoir des singes"...) qui ensanglantent la partition. Un groupe qui ne se compromet pas dans la demi-mesure, ne cherche pas à tout prix à convaincre mais plutôt à ne faire que ce qu'il veut, sans se soucier des modes ou des effets de styles ("Dur comme la banalité"), cela tout en assumant ses prises de risques, ses positions instrumentales parfois osées comme ses changements de rythmes et autres ruptures d'atmosphères abruptes.
On appelle ça l'intégrité (le talent aussi).