Metal Métal > August Burns Red

Biographie > Soleil rouge en août...

August Burns Red Natif de Lancaster, Pennsylvanie (USA), August Burns Red est depuis ses débuts (en 2003), l'une des figures de proue la mouvance metalcore dit "chrétien" (même si ça ne veut en fait pas dire grand chose si ce n'est "pas monter sur scène complètement défoncé"). Toujours est-il que le groupe fait ses premiers pas discographiques avec Looks fragile after all, un EP paru en 2004 qui lui permet de tourner régulièrement pendant près d'une année et de signer chez Solid State Records (Norma Jean, Demon Hunter, Underoath...), avant de livrer son premier album à l'automne 2005 : Thrill seeker. Le succès du groupe est alors sommes toutes très relatif mais c'est avec Messengers en 2007 qu'August Burns Red cartonne les charts et écoule plus de 75 000 copies de son album. Le label est alors ravi.
Les américains tournent alors massivement, aux côtés de As I Lay Dying et Misery Signals notamment, avant de livrer un nouvel opus : Constellations (2009), qu'ils défendront sur scène aux côtés d'All That Remains entre autres. Le succès grandissant, les tournées s'enchaînent, avec Enter Shikari et Iwrestledabearonce d'abord puis avec les grosses machines de guerre que sont Architects et Parkway Drive. Eté 2011, August Burns Red sort son quatrième album studio, toujours chez Solid State Records : Leveler.

August Burns Red / Chronique LP > Phantom anthem

august burns red - phantom anthem Année impaire ? Année August Burns Red ! Avec la régularité du métronome, les Pennsylvaniens sortent leurs albums avec toujours une identité visuelle qui passe par un titre repérable et un artwork soigné. Des permanences qu'on retrouve dans la signature musicale du combo qui ne fait pas beaucoup varier son heavy métalcore. August Burns Red est un bulldozer bien huilé qui sait détruire les tympans à coups de solos, de petites séquences de taping et de sonorités aiguës (voilà pour le côté heavy), de riffs puissants et de rythmiques assez appuyées contrastant avec des passages mélodieux et des refrains fédérateurs (voilà pour le côté métalcore). Faute d'avoir un chanteur dont le timbre est aisément identifiable (c'est en cela que 36 Crazyfists se démarque sur cette scène), les mecs compensent par une qualité d'écriture presque sans faille, se permettant même un "Coordinates" où ils balancent l'intégralité de leur talent en 5 minutes. Le reste de Phantom anthem est moins éclatant mais le groupe sait quand même toujours quand calmer ou éclairer le jeu et quand repasser en mode baston. Oui, le métalcore tourne parfois en rond mais lorsque ça lance des circle pits de ce calibre, on ne s'en plaint pas.

Publié dans le Mag #30

August Burns Red / Chronique LP > Rescue & restore

August Burns Red - Rescue & restore Les plus gros bosseurs de la scène metalcore nord-américaine sont déjà de retour avec un nouveau disque, deux ans après le prévisible mais redoutablement efficace Leveler et quelques mois seulement après August Burns Red Presents: Sleddin' Hill, un album de.. Noël paru à l'automne 2012. Et on les comprend parce que dans leur cas, productivité = succès = machine à cash. Car August Burns Red a la recette qui fait mâle pour cartoucher les charts US bien comme il faut et parcourir la planète pour propager un peu plus la cause métallique dite "chrétienne". Peu importe si leur musique tourne en rond. Ou pas.

Parce que lorsque l'on s'attaque à ce Rescue & restore, en commençant par le commencement, soit l'inaugural "Provision", force est de constater que le groupe américain se retrouve au bout de quelques minutes en fâcheuse posture : entre l'incapacité latente de proposer quelque chose de radicalement différent de ce qu'il fait en long, large et travers depuis dix ans et quelques vagues tentatives heavy particulièrement poussives. On se dit que cela sent quelque peu le roussi sauf que les piliers de l'écurie Solid State Records enchaînent avec un "Treatment" qui fracasse brutalement les enceintes, imposant de nouveaux son metalcore aussi rugueux que salvateur, mais avec une énergie créative un peu nouvelle. Et quelques plans d'une technicité très affirmée lorgnant du côté d'un prog-metal ultra-moderne à l'efficacité très nette et sans bavure.

L'album est cette fois sur les rails après un faux départ vite oublié et August Burns Red tartine la platine de coups de boutoirs bien coreux, mélodies sculptées dans le granit pour le live et textures heavy/progressives de premier choix, preuve que le groupe ne veut pas uniquement se contenter d'une recette trop aisément appliquée et qu'il a décider d'oser. Comme sur l'intro très réussie de "Spirit breaker", avant que la grosse mécanique métallique ne remette tout le monde dans le droit chemin. Les américains jouent l'ouverture d'esprit en termes d'écriture et le résultat se révèle plus rafraichissant et moins prévisible qu'attendu ("Sincerity", "Echoes"). Mais également d'une solidité béton ("Count it all as lost") quand il ne passe pas en mode demolition man (furieux "Animals"). Même si...

Solide, plutôt inspiré et même parfois risqué, le groupe se loupant dans les grandes largeurs sur le morceau inaugural on l'a dit, mais également "Beauty in tragedy" ou un passage de "Creative captivity" aussi, Rescue & restore est l'album pour lequel August Burns Red s'affranchit le plus de son identité metalcore la plus primaire pour proposer quelque chose de neuf... qui certes ne fonctionne pas toujours, mais a le mérite d'exister. En sus d'une efficacité régulièrement aussi imparable qu'à l'accoutumée.

August Burns Red / Chronique LP > Leveler

August Burns Red - Leveler Au départ on se dit que c'est encore la même rengaine : du metalcore pur jus, biberonné à la testostérone et agrémenté d'une production maousse façon brontosaure. Clairement ce n'est ni léger, ni très fin dans l'écriture mais qu'est-ce que ça défouraille... Leveler, son nouvel effort, a beau commencer à la virgule près comme on s'y attendait, August Burns Red fait le job et autant dire que ça fait quand même du bien par où ça passe ("Empire"). Gros riffs taille patron, fougue hardcore punk, puissance de feu irréprochable et refrain taillé pour le live (dans un petit stade tout acquis à sa cause => boucherie garantie), c'est ultra-calibré et le pire c'est que ça fonctionne.
D'accord, ça ne peut pas tenir la route douze titres durant sur la même cadence et c'est d'ailleurs pour ça que dès la deuxième piste, les américains en remettent une couche en accélérant le rythme. Un démarrage outrageusement punk et une structure metal bien bourrin, "Internal cannon" sonne la (dé)charge de décibels et s'offre deux petits intermèdes flamenco(re) assez fun, avant que la bonne vieille mécanique metalcore ne se remette en branle. Pas mal, même si le solo de gratte "regarde un peu comme je me la raconte grave avec mon instrument", ce n'était pas forcément indispensable. N'en reste pas moins que c'est méchamment énergique, voire par instants carrément furibard, surtout quand le groupe s'oublie un peu et met tout ce qu'il a dans les chaussettes pour matraquer sauvagement l'auditeur à coups de "Divisions" et "Cutting the ties" en béton armé.
On dira ce que l'on veut, quand August Burns Red déploie tout son arsenal nucléaire, ça envoie quand même sérieusement quelques torpilles dans les écoutilles. Surtout que c'est exécuté avec ce qu'il faut de technicité pour rendre une "clean sheet" imparable et que le tout est balancé dans la face de l'auditeur avec l'appétit d'un T-Rex privé de petit dej' depuis trois jours ("Pangea", "Salt & light"). On en prend plein les tympans et le groupe n'en met pas une miette à côté. Niveau tartine histoire d'être raccord avec le reste, le groupe enfile un "Carpe diem" particulièrement inspiré et un "40 nights" tout feu tout flamme. Intense. Et bien plus varié qu'à l'ordinaire et encore plus chez 99% de la production étiquetée "metalcore" actuelle, Leveler se permettant quelques variations de rythme(s) et incursions voire digressions largement bienvenues. Plus aéré et varié dans ses approches artistiques, ce nouvel effort n'en reste pas moins un pur condensé de gros son qui fait mâl(e) aux cheveux, en clair le bon gros blockbuster metalcore de l'été ("Poor millionaire", "Boys of fall"). Prévisible certes, mais sévèrement burné et toujours efficace. Comme toujours...

August Burns Red / Chronique LP > Constellations

August Burns Red - Constellations 10 "bonnes" raisons d'écouter (ou pas...) Constellations par August Burns Red

1 > August Burns Red fait du August Burns Red : tu aimes un jour... tu aimes pour toujours (c'est joli hein ? ouais, ben en plus c'est raccord avec le délire chrétien).
2 > Production léchée, riffs qui pulsent dans les éprouvettes, section rythmique aux petits oignons et blast session de rigueur, "Existence" ou "White washed" (qui lave plus blanc que blanc), ça déracine un arbre à cent mètres...
3 > Du metal chrétien certes, ça la fout moyen sur le papier, mais si on se dit ça aurait aussi pu être l'église de Scientologie... ça calme... et ça, les ricains en sont capables. Si si.
4 > Parce qu'en termes de ventes, ça marche bientôt autant que Calogero chez nous... presque une bonne raison pour aller à la messe le dimanche.
5 > Techniquement, c'est réglé comme du papier à musique ("Thirty and seven", "Rationalist"...), tellement d'ailleurs qu'on pourrait aller boire une bière au bar et revenir sans que ça n'ait bougé d'une demi-virgule.
6 > August Burns Red, ça reste du metal pour les kids branchés "sensations auditives fortes" ("Indonesia", "Crusades"). Soit. Mais si ça leur évite d'écouter les BB Brunes, c'est déjà ça de pris.
7 > Si on oublie l'abominable "Ocean of apathy" et le soupesque "Mariana's trench", "Paradox" et "Meridian" sont quand même de sacrées mandales metalcore. Bon faut arriver jusque là sans desserrer les dents par contre.
8 > Constellations, c'est comme Messengers, mais avec deux ans de plus dans la pogne et quelques breaks accrocheurs de plus dans le réservoir. Donc c'est une bonne raison.
9 > Au rayon metalcore de ton disquaire préféré : c'est quand même parmi ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle. Et puis de toutes les façons, c'est ça ou Betraying the Martyrs. En plus ton disquaire ne connaît rien d'autre, il y a six mois, il vendait des betteraves. Maintenant, il kiffe Paramore.
10 > Parce que ça fera tellement plaisir à Christine B. et son parti chrétien démocrate (intégriste)...

August Burns Red / Chronique LP > Messengers

August Burns Red - Messengers Metalcore "chrétien"... sérieusement, il fallait la sortir celle-là. Surtout que maintenant que quarante groupes se sont engouffrés dans ce filon marketing typiquement US et surtout bien juteux, on n'est pas prêt d'arrêter de se farcir des combo de joyeux gueulards bien énervés revendiquant d'aller à la messe tous les 36 du mois. August Burns Red est, au même titre que les Haste the Day et autres The Chariot, ce qui se fait de mieux (ou de moins mauvais c'est selon) dans ce genre par ailleurs ultra-hyper-mega balisé : le metalcore (chrétien). Et avec un Messengers au titre déjà... prophétique mais qui fait presque peur, les ricains font le boulot. Et plus que convenablement.
Une attaque à gorge déployée ("The truth of a liar"), de la profondeur dans les riffs (hum...), de la percussion dans le pilonnage rythmique, la mise à feu est plutôt pas dégueu, d'autant que la suite est elle aussi d'un calibre plutôt honorable ("Up against the ropes"). Mais c'est surtout avec "Back burner" que les August Burns Red balancent leur première ogive sur la platine. Là, autant dire que ça retourne quand même les cervicales. Et quand le groupe récidive l'instant d'après avec "The blinding light", surpuissant, propre, net et sans bavure (Zahia D. si tu nous lis...), forcément, on ne décroche pas tout de suite. Si ça reste trop clean et policé tant ça sonne un peu trop... bah comme tout le monde, il n'en reste pas moins que quand les gaziers décident de cogner ("Composure", "The eleventh hour"), ça martèle quand même bien comme il faut.
Façon Caliban vs Unearth vs "toute une tripotée de formations similaires même qu'on ne se souvient jamais les noms", le groupe rentre dans le gras en y allant gaiement, délivre quelques passages mélodiques pas trop moches ("Black sheep"), eux-mêmes entrecoupés de quelques séquences de grosse marave métallique. Lourd, à tous points de vue ("An american dream", "Redemption" avec une dose de recul frisant le zéro absolu), mais garnie d'une bonne plâtrée de titres rentre-dedans et couillus, malgré quelques clichés un peu niais ("The balance"), August Burns Red, ça a beau être toujours un peu la même chose (en même temps on cause metalcore donc bon), le rendu final est quand même des plus efficaces. Bref, il n'y a plus qu'à arrêter les frais avec le délire chrétien et on est (presque) bon.