Ils ne sont que trois à composer Astrosaur mais le voyage intersidéral vaut le détour ! Les Norvégiens proposent une course effrénée en mode instrumental et slaloment entre les planètes Prog, Rock et Metal en ayant bloqué le propulseur ! Quand la cadence se ralentit un peu, histoire d'éviter quelques débris interstellaires et de faire redescendre la température de la machine, on profite davantage des effets de guitares, cette saturation puisée dans les seventies qui apporte beaucoup de matière aux compositions et les teinte de couleur stoner.
Entre l'espace (le "Astro" de Astrosaur, l'artwork, un titre : "Black hole Earth" en clin d'œil à Soundgarden), le temps (Portals, "Eternal return") et la paléontologie (le "saur" de Astrosaur, "Reptile empire"), les thèmes abordés par le trio sont nombreux et évoquent, à travers cet album, l'idée d'un recommencement, d'une extinction possible pour bâtir un nouveau monde sur de meilleures bases ("The deluge"). Outre des éléments évidents (titres, illustrations), Erik, Steinar et Jonatan ont laissé des indices qui demandent un peu de recherches comme des coordonnées géographiques, on part d'un laboratoire de recherches sur l'environnement aux États-Unis pour arriver à la Maison Nietzsche (en Suisse où il écrit notamment Par-delà le bien et le mal même si la date de 1881 correspond à son premier été passé à Sils-Maria) en passant par l'accord de la COP21 signé à l'aéroport du Bourget en 2015, une information "rayée" comme si elle était, depuis, devenue futile tant l'espoir a vite été douché par la réalité et l'absence de mise en œuvre d'un véritable programme mondial pour sauver la planète. Un groupe qui a donc des idées et qui, s'il n'a pas besoin des textes pour les exposer, compte sur ses auditeurs pour les creuser. Ce fourmillement d'idées est bien plus évident à les écouter tant on ne s'ennuie pas durant ces cinq titres, y compris quand l'étape s'allonge sur plus de 20 minutes. On est même plutôt excité avec "Eternal return" qui ne lézarde pas au soleil et nous chahute à travers l'espace-temps.
Tu écoutes Lizzard, tu lis Pierre Boulle, tu cites Black Sabbath parmi les groupes les plus importants du siècle dernier, tu penses que Jurassic Park n'aurait jamais dû avoir de suite, tu fais confiance à Pelagic Records (The Ocean, Psychonaut, Lost in Kiev...) ? Alors, qu'est-ce que tu attends pour sauter sur le dos d'Astrosaur ?
Publié dans le Mag #54