Quand six musiciens d'horizons différents décident de former un groupe, le projet semble un peu fou mais reste excitant, avec toujours le léger doute du passage des idées à la réalisation concrète d'un truc qui tient la route. En agglomérant des amateurs de folk, de rock et de métal, The Ascending était un véritable "risque", ça pouvait totalement foirer car il fallait laisser de la place à tous, autant à Jessica (qui a joué avec Alan Stivell qu'à Thomas (Tsar), à Maxime (de 20 Seconds Falling Man), à Clair (Stinky), à Alex (No Jogging For Today) ou Eddy (qui a mis de côté son Kaiser).
Le résultat est tout simplement bluffant ! Les chants (ils sont trois à se partager le micro) comme les instruments se fondent les uns avec les autres et proposent un ensemble où les adjectifs qualitatifs sont formés de quatre lettres dont un "o" (folk, prog, post et rock). Les six titres de ce premier album éponyme semblent avoir maturé pendant plusieurs années tant ils sont précis, délicats et enivrants. On ressent une harmonie plutôt rare que l'on retrouve plus aisément chez les groupes avec une grande expérience de jeu en commun. Si le violon tient une belle part dans les compositions et leur donne un goût particulier qui permet d'identifier rapidement The Ascending, quelques distorsions et frappes plus lourdes ("Overture"), quelques screams ("Oblivion") viennent charger les atmosphères et élargir le potentiel créatif des Nantais. Ces deux démonstrations de force se placent entre "Circles in the same sky" et "Herons" où "douceur" est le maître mot, une ambiance ouatée garnie d'une chaleur amenée par les cordes et le timbre d'Eddy qui peut alors évoquer Nick Cave (si tu aimes le titre qu'il a partagé avec P.J Harvey, tu vas adorer ce disque).
Alliage inattendu, The Ascending étonne par la qualité de sa première production, et outre la beauté de ces morceaux très bien réfléchis, il faut noter le côté "inédit" ou "nouveau" de cette proposition musicale, alors qu'on pensait avoir déjà tout entendu, le groupe amène du frais en mixant ses références et ses talents, alors peut-être que ma culture n'est pas assez étendue pour avoir un élément de comparaison mais je suis heureux d'entendre du son frais et bluffé par une telle cohésion.
Publié dans le Mag #57