La première vision du nouvel Artsonic c'est la bombe dans un fauteuil roulant, c'est juste une victime de la mode ou il y autre chose derrière ? Artsonic : Hénin Beaumont Artsonic : Hénin Beaumont Sylvain : C'est pour vendre des disques ! [rires]
Stéphane : On a mis une bonne meuf sur la pochette pour vendre des disques, comme ils font dans la mode ou les trucs pour les shampoings

Et ça marche ?St : Euh, ... non [rires]

C'est une photo ou un dessin ?
St : C'est une copine à nous
S : Tu veux son numéro ? [rires] C'est une copine, elle est danseuse, en fait, on répète en-dessous d'une école de danse, on lui a proposé et elle était d'accord, c'était très bien.

Et l'idée du fauteuil roulant ?
S : A la base, on voulait juste mettre un fauteuil roulant et garder Fashion victim comme titre, et puis on s'est dit que ce serait plus rigolo avec une super bonne meuf sur la pochette. Ce serait plus "double sens" et comme il y avait une nana prête à le faire gratuitement... parce qu'en général, ça se monnaye assez cher [rires]

Au niveau de la musique, les machines ont pris beaucoup d'importance dans la composition de certains titres, je pense à "Time", "Taste" ou "Educate the masses" mais il n'y a encore personne derrière un sampler, ça vous tenterait d'avoir un cinquième membre qui ne s'occupe que des machines ?
S : Non ! Pas moi...
St : Pas particulièrement, et en plus, pour ce qu'il y a à faire réellement, le mec se ferait chier, c'est souvent des boucles, des sons... Il n'y a pas d'intervention précise à tel moment, on n'a pas besoin d'avoir quelqu'un derrière qui s'en occupe.
S : On n'est pas "un groupe à DJ" non plus...
St : Je pense que le mec se ferait un peu chier surtout qu'il n'y en a pas sur tous les morceaux, il n'y en a que sur la moitié du set donc je ne pense pas que ça vale le coup de rajouter une personne.

De toute façon, je ne force personne ! [rires]
S : Ah, mais tu nous fais chier Oli ! [rires]
St : On ne veut pas de cinquième personne bordel !!! [rires]

Même au niveau du jeu de guitare, y'a des morceaux qui sonnent plus industriel et ils pourraient être plus travaillés, en admettant qu'il y ait un cinquième membre, ça pourrait plus partir dans cette direction là...
S : Mais ce n'est pas la direction qu'on est en train de prendre et celle qu'on prend pour la suite. C'est vrai qu'on est toujours partagé par ces deux côtés là, entre le côté groove que ça apporte d'avoir des machines et en même temps on a une culture très organique du rock, très instrumentale. Il y a même un peu un conflit presque philosophique à utiliser des machines. Moi, je trouve qu'un groupe, c'est d'abord des vrais musiciens, c'est bien d'en avoir sur certains morceaux, y'a des morceaux où ça apporte un vrai plus et y'a des morceaux où ce serait juste histoire d'en rajouter ou de cacher de la misère, à un moment donné, il faut qu'il y ait des instruments. Même sur ces morceaux-là, quand on les a composé, on ne les a pas composé avec les samples, à la base, le but du jeu, c'est que le morceau sonne même s'il n'y a pas les samples. Comme ça, si un soir, le sampler tombe en panne, on ne se retrouve pas comme certains groupes à devoir annuler le concert. Ca restreint énormément, et pour nous, ce ne sera jamais une base de composition.

Et c'est Stéphane qui s'en occupe ? Artsonic : Henin Beaumont Artsonic : Henin Beaumont
S : Non, c'est un peu moi et un peu Stephan Kraemer au moment de la prod'

Et donc en live tout est programmé ?
S : Oui, on a un MiniDisc multi-piste qui tourne

Ca limite quand même le jeu sur scène ...
S : Non, parcequ'on a adapté certains morceaux, on les a modifié pour le live, on a changé des tempos des choses comme ça et il y a quand même pas mal de morceaux sur l'album qui n'ont pas de samples ou alors on n'est pas obligé de les mettre

Sur les intros par exemple
S : Voilà, tu vas voir ce soir...
St : Et on s'adapte sur la scène, on peut rajouter des parties sans problème.

Pourquoi avoir intégrer sur l'album la reprise de Pink Floyd que vous jouez en live depuis plusieurs années ?
S : Bah, pour ça ! Parce qu'on la joue depuis un moment et qu'on avait envie de la laisser enregistrée. On avait d'autres titres mais qui n'étaient peut-être pas aussi bien que ceux qu'on avait déjà choisi et plutôt que de mettre un titre bouche trou, on a préféré mettre ça parce que c'est un morceau qu'on joue depuis longtemps et que les gens qui nous aiment bien connaissaient, ça nous faisait plaisir.

Et au niveau des critiques ?
S : Y'en a qui aiment, d'autres qui détestent.
St : Certains disent que ce morceau sort du lot et qu'il n'a rien à faire là et d'autres que c'est super.
S : C'est comme tout... Y'a même des gens qui ont dit que c'était un album de death [rires] Dans les "Dernières nouvelles d'Alsace", il faudrait que tu le lises, c'est Mort De Rire ! [rires]
St : Le mec des "Dernières nouvelles d'Alsace" : "un album de death avec tous les attributs du death, beaucoup de double pédale, les voix hurlées..." Ah bon ? [rires]

Il faut lui envoyer un album de death...
St : Il a du écouté Digimortal avec la pochette d'Artsonic, ils ont confondu les CDs ! [rires]

Ou il a plusieurs disques dans la platine et il s'est trompé...
St : Ou alors 2-3 fois ça m'est arrivé d'acheter un album métal, une fois c'était un album de Kiss et ça n'avait rien à voir, c'était du Claude François
S : Nan, c'est pas possible !
St : Si, un truc genre Top 100 des années 70-80 ou chansons enfantines [rires]
S : Ouais mais là, le mec il a parlé de Pink Floyd donc il s'est pas trompé de groupe ! Il a vraiment trouvé que c'était du death, trés fort !

Là, Wea/Warner a signé l'album aprés son enregistrement, le fait qu'il soit plus "calme" que les précédents a joué dans la signature ou Wea avait déjà un oeil sur vous ?
S : Plus calme ?

Plus accessible en tout cas, c'est moins barré.
S : Mwouais, enfin, ça dépend, un morceau comme "Fake" par exemple, il était vachement plannant. C'est vrai que c'est moins barré, ça s'éparpille moins dans tous les sens. Avec Fake on expérimentait des choses, on ne savait pas encore bien où on allait, et puis il ne nous représentait pas tout à fait en live parce qu'il y avait plein de morceaux où on ne pouvait pas bouger comme on aime bouger... Celui-là, on l'a composé de façon plus spontané et en pensant plus à la scène. Et c'est vrai qu'on aime bien les morceaux où il y a un vrai refrain, et c'est une évolution qui était déjà commencée sur Fake mais moi, je n'avais pas encore la voix, je n'assumais pas encore le fait de chanter, je ne chantais pas depuis longtemps donc on n'osait pas trop faire de vraies chansons, je me cachais un peu derrière des [Bwoué bwouééé], j'osais pas trop les mélodies mais c'est vers ça qu'on va parce qu'une chanson ça se base sur une ligne mélodique, il faut des gros riffs pour mettre la patate mais il faut en même temps de la mélodie.

Vous avez toujours tout gérer, même via Wet Music, là, la maison de disque fait pas mal de boulot à votre place, vous controlez toujours suffisament les choses ? Qu'en est-il vraiment ?
Artsonic : Hénin Beaumont Artsonic : Hénin Beaumont S : Ce qu'il en est vraiment... T'aimerais bien savoir, hein ?... [rires] La plus grosse chose que Warner nous a apporté, c'est la crédibilité par rapport à des gens qui n'auraient pas écouté ce qu'on faisait s'il n'y avait pas eu le logo Warner sur le disque. Des gens de la presse, des gens à la télé, des gens comme ça. Après, au niveau marketing, ce qu'on avait fait chez Wet, c'était kif-kif, parce que ce qu'il se passe, c'est qu'une major paye beaucoup plus cher tout ce qui est marketing, donc on avait presqu'autant de choses chez Wet. Ce qui se passe, c'est qu'on continue de faire le travail de terrain parce que les majors ne savent pas vraiment le faire et n'ont surtout pas le temps de le faire. Là, on est en contact avec un site comme le vôtre, c'est nous qui le faisons, ce n'est pas quelqu'un chez Warner qui va écumer toute la France, tous les contacts, tous les fanzines et tout, ils ne le font pas ça. C'est à double tranchant, il ne faut pas s'endormir et laisser faire en se disant : "c'est bon, y'a une maison de disque qui gère" parce qu'il y a d'autres choses à gérer, ils ont Madonna...

Surtout que maintenant, ils n'ont plus de responsable métal
S : Ouais, il n'y a plus Fred [Frédérique Burlet], ça nous a foutu les boules, à peine 3 mois après la sortie du disque, Fred qui se fait virer, c'était notre chef de produit, on n'a donc plus d'interlocuteur direct, ça fait un peu drôle... Mais c'est pas pour ça qu'ils nous ont laissé tombé, là, ils sont en train de faire des trucs pour la rentrée. Il y a quand même un travail complémentaire qui a manqué et c'est aussi du fait qu'on n'a pas de manager. On n'a pas une équipe comme Sriracha qui soit derrière pour être en contact avec le vrai réseau pour l'alimenter, ça c'est ce qu'on aimerait bien avoir.

Et le futur, ce sera toujours avec Warner ?
S : A priori oui, eux, ils veulent refaire un album mais on a d'autres contacts aussi en ce moment à l'étranger qui serait éventuellement peut-être susceptible de nous proposer une sortie européenne ce que ne peut pas faire Warner. Pour l'instant on est sorti en Espagne, au Portugal mais dans des conditions... De toute manière, pour nous, l'objectif c'est de signer un meilleur contrat sur le prochain album, un truc où on a plus de garanties marketing sur l'étranger. Parce que là, on est sorti en Espagne mais avec 0F de marketing, rien, pas 1F de budget, c'est catastrophique, à la limite, il aurait mieux fallu avoir une distrib' en directe gérée par Wet parce que là il n'y a pas eu une chronique, pas un envoi de fait aux magazines espagnoles alors que le RockSound Espagne voulait faire une interview... C'est des trucs abhérrants...

Il y a eu une tournée en Espagne ?
S : On a été obligé de l'annuler à cause de ça... On avait 5 dates, on en n'a fait qu'une parce que Warner n'a rien fait ! Et quand je te dis "rien", c'est même pas envoyer 1 disque à 1 magazine et même pas envoyer un disque à RockSound qui l'avait demandé pour faire un 2 pages ! C'est débile...

C'est Warner France qui pilotait tout ça ? =
S : En fait, chaque Warner est indépendant sauf si Warner Europe décide que tel groupe est prioritaire, dans ce cas-là, ils doivent le sortir tous. Comme chaque Warner est indépendant, ils s'envoient tous régulièrement leurs produits et chaque Warner décide de les sortir ou pas selon différents arguments. Là, Warner Espagne l'a sorti, Warner Portugal aussi mais ce sont des sorties politiques, c'est juste histoire que ce ne soit pas quelqu'un d'autre qui le sorte.

Pour pas se faire piquer l'album 6 mois aprés quand il est libre de droits...
S : Voilà, donc il faut pas croire que c'est un petit monde magique où parce que y'a le logo Warner tu te mets à vendre des disques. C'est vrai que c'est un plus, en France, ils ont quand même relativement travaillé...

C'est pas parce que c'est Warner que ça ouvre l'Europe ou le monde...
S : Non, il y a même des labels indé qui se battent plus pour leur groupe que des majors. Nous chez Warner en France, on a un contact privilégié parce que les gens nous aiment bien, parce qu'il nous ont signé et qu'ils aiment bien ce qu'on fait. Ils ne nous ont pas signé pour faire un score, ce n'est pas une signature stratégique. "On" s'en fout du métal en France.

Ils seront pas riches avec ça...
S : Ils sont riches avec "Wazzzzaa" et Madonna, en France, je pense qu'on est un peu les chouchous donc ça va !

Et du côté du public en France dés qu'on signe sur une major, quelque soit le groupe, on devient un "vendu" au grand capital, vous avez entendu des réflexions comme ça ?
S : Non, déjà : non. Et moi, mes convictions politiques, je les ai exprimées dans le premier album et je pense qu'on peut les comprendre au travers de mes textes, je crois que "le grand capital", tout le monde sait ce que j'en pense ! Mais ceci dit, je pense que pour combattre un système, il faut aussi être à l'intérieur pour comprendre ses forces et ses faiblesses. Un groupe comme nous qui signe chez Warner, ça permettra probablement à d'autres groupes de signer derrière nous, pas forcément dans des majors, mais aussi dans des labels indé qui voient que la route a été ouverte, il y a un phénomène d'entraînement. Je pense que rien que pour ça, ça valait le coup de le faire. En ce moment, il y a une dynamique, je ne sais pas si tu te rappelles mais il y a 2 ans et demi quand on a monté Wet, le territoire français c'était dans le genre morne plaine avec aucun débouché pour les groupes, c'était terrible. Quand on a monté Wet, tout le monde s'est foutu de notre gueule et a fait "Ahah ! bon courage", maintenant, ils se battent tous pour signer nos groupes et des labels signent des groupes...

Et les groupes se battent pour rentrer chez Wet
S : Aussi, il y a un peu de tout quoi [rires]. Il faut dire que les groupes qui ne sont encore signés nulle part et qui galèrent, ils se battent pour entrer chez nous et une fois qu'on a fait le boulot et que ça a bien marché, ils se disent "ah, on aimerait bien être ailleurs", c'est la vie ! Mais je pense que les choses avancent, à force les portes s'ouvrent. Et puis les groupes sont supers forts en ce moment en France, ce n'est pas comme il y a quelques années où vraiment c'était nul, il y avait 4-5 groupes qui tenaient la route et le reste... Là, on a fait notre jeu pour gagner une première partie, on a reçu genre 150 démos et sur les 150, y'en a bien un tiers qui est franchement très bien.

C'est clair il y a des démos ou des albums autoproduits avec des supers productions et beau packaging...
S : Les mecs ont compris qu'il fallait se prendre en charge et ça c'est bien.

Quand on écoute les Sherkan, les Backstab, c'est vraiment énorme ce qu'ils sortent.
S : Ouais, je connais bien les Backstab... Et puis y'a plein de groupes pas connus, là, en Provence, j'ai vu le truc débarquer, tu vois la bio, la photo, tu te dis "ouh lala !". Genre des mecs peints en clown, je ne sais pas si t'as écouté Cirkus, moi j'ai pris une grosse claque. Les mecs sur la photo, tu crois qu'ils sont mongoliens, ils sont peints en clown, tu te dis, c'est des mecs qui font ça pour rigoler, et quand t'écoutes, ça rigole pas !

Sur Nice, y'a aussi Mal d'Aurore, on n'en a jamais entendu parler et la production est énorme, y'a des supers compos...
S : Y'a aussi les Psykup sur Toulouse... Ce qui se passe, c'est que j'ai l'impression que tous les mecs qui écoutent cette musique ont un groupe, pratiquement... Tous les mecs qui viennent nous voir aprés les concerts, c'est "moi dans mon groupe..." Y'en a plus d'un sur deux ! Et je pense que y'a que dans cette musique là que c'est comme ça, tu vas dans un concert de U2 ou de Depeche Mode, les mecs ne jouent pas dans un groupe, ils sont juste auditeurs...

Et il y a un gagnant à ce concours ?
S : Bah, là on galère pour trouver une date qui accepte de faire ça, théoriquement ça serait le 13 juillet à La Rochelle et si on ne peut pas le faire là, on le fera à la rentrée sur une grosse date.

Et vous n'avez pas encore choisi qui…
S : Non, on n'a pas encore choisi, il y en a une dizaine de préselectionnés qui tiennent vraiment bien la route... Mais on ne veut pas non plus un groupe qui ai fait déjà beaucoup de concerts, on veut un groupe pour qui ce sera une chance.
St : Un groupe à qui cela apporte quelque chose
S : On ne veut pas un groupe qui tourne déjà, il faut trouver le juste milieu entre un groupe qui joue quand même bien sinon il risque de se faire jeter, et un groupe qui n'ait pas encore fait trop de concerts....

L'album dénonce les Fashion victim, ceux qui ne l'ont pas compris peuvent repasser, mais vous acceptez de jouer avec Linkin Park en janvier alors que leurs fans sont plutôt des Fashion victimes du néo métal ...
S : Mais on leur a mis une grosse branlée donc ça va ! [rires]

C'est pas un peu contradictoire entre le discours et les actes ?
S : Non, ce n'est pas contradictoire, justement les gens ont pu vraiment voir la différence. Ceux qui sont venus ont vu que voilà : dans les mêmes conditions que nous, un groupe américain qui a vendu 1.200.000 albums aux Etats-Unis, tout le monde en parle ceci-celà, mais ils ont joué avec nous et ...

Je n'y étais pas...
S : Bah, les gens qui y étaient savent ce qui s'est passé ! [rires] C'était bien leur concert mais honnêtement, ça a super bien réagi sur nous, ça a normalement réagi sur eux et voilà, il n'y avait pas un monde entre les deux groupes ! Dans la salle, au niveau de l'ambiance... Il ne faut pas ghettoiser le truc, il faut aller au conflit pour montrer que c'est bon "moi, j'ai pas peur", il faut y aller ! C'est vrai que Linkin Park, c'est un produit, un produit très bien fait mais ça n'a pas la profondeur artistique du dernier Deftones...

De très très loin... Mais ils en vendent trois fois plus... Parce qu'il y a peut-être trois fois plus de promo
S : Non, je ne pense pas que ce soit la promo. Je pense que malheureusement, les gens préfèrent du facile à consommer.

Les américains surtout...
S : Ouais, je pense qu'ils préfèrent ça, c'est ce qui est dommage.

Et les gens ne se sentent pas visé justement avec l'album Fashion victim en se disant "merde, j'ai acheté Linkin Park la semaine dernière, c'est pour ma gueule !" [rires]
S : En plus, c'est pas vraiment qu'on dénonce les Fashion victim, on l'est tous un peu, nous on aime les fringues et tout, il ne faut pas se leurrer, c'est plutôt ironique. Tu regardes notre premier album, c'est du thrash, maintenant ce qu'on fait, c'est plus moderne.
St : Fashion victim tu peux l'adapter à n'importe quel style musical, aussi bien dans le death que dans le thrash, le heavy... et toutes les autres musiques
S : Et puis, c'est pas forcément hyper négatif. Ce qu'il faut, c'est savoir les influences que les gens, les choses ont sur toi, après il faut essayer d'avoir ta personnalité, c'est juste ça.

On va parler du clip qui est superbe, qui l'a réalisé, qui a eu l'idée du scenario ?
S : Tu te rappelles de l'époque Lolita Music ?

Euh, j'étais à peine né ! ARtsonic : Hénin Beaumont ARtsonic : Hénin Beaumont
S + St : AAAAAAAAAh Ahah [éclats de rires]
S : Bon, Lolita, c'était une boîte de Multimédia qui nous avait filé un coup de main pour sortir le premier album et c'est un des mecs qui est à l'origine de Lolita Music qui est vachement branché cinéma, il est toujours resté en contact avec nous, il avait fait celui de "Fake" avec beaucoup moins de moyen. Et là, il a passé beaucoup de temps sur l'ordinateur en post-prod... C'est lui qui a eu l'idée, on a trouvé ça sympa parce que ça montrait le côté auto-dérision de Fashion victim, c'était surtout ça qu'on voulait montrer pour pas que les gens croient qu'on se posait en grand dénonciateur. Il fallait que les gens voient qu'on ne se prennait pas la tête et qu'on était des déconneurs parce que ça n'a pas toujours été clair dans l'histoire du groupe. Surtout avec « Fake », on avait joué à fond le jeu du côté froid... Les gens pensaient qu'on était méchant, qu'on n'aimait pas rigoler... Donc quand il nous a parlé de cette idée-là, on a trouvé ça chouette d'être avec des couche-culotte...

Justement, les fausses pub, c'est suite au clip ou l'idée était déjà là avant ?
S : C'est le concept du clip, de nous faire jouer dans des panneaux publiciaires, de faire des fausses pub avec nous genre le groupe qui est prêt à tout pour se faire remarquer ! Poser pour des marques de couche-culotte ou des strings... Et au niveau qualité, je pense que c'est un clip qui aurait dû coûter plusieurs centaines de milliers de francs s'il avait été facturé par une boîte. Ils ont passé du temps dessus, à peu prés un mois et demi à trois et quasiment jour et nuit ! C'est super long parce qu'il y a beaucoup de calculs d'ordinateurs, les décors sont en temps réel, tous les panneaux publicitaires...

Parce qu'il y a des mixages avec des vues de Paris
S : A chaque mouvement d'images, c'est un calcul pour que l'image qui a été créée bouge en même temps... Ce qui est chouette aussi, c'est que quand on passe au milieu de pleins de clips, ça ne fait pas tâche. Ca c'est bien ! Le clip de Linkin Park est bien aussi... Si tu le connais... Mais je pense qu'il n'a pas couté le même prix [rires]

Et au niveau de la créativité, c'est peut-être pas aussi bien
S : Ah oui, c'est ciblé, ça se prend beaucoup plus au sérieux ! T'aimes pas Linkin Park hein ? [rires]

Hé, j'ai rien dit encore sur Linkin Park ! [rires] En fait, je suis connu pour être un pourfendeur de Linkin Park !
S : T'aimes pas

Pas trop non... J'écoute pas surtout ! Là, je vais le dire et donc ça va être marqué aprés : c'est très efficace mais niveau créativité il n'y a rien du tout !
S : Moi, je trouve que la personne qui est le plus à féliciter dans Linkin Park, c'est le producteur, le mec qui fait le son et surtout le mec qui a fait les arrangements. Je pense qu'il y a un énorme atout, c'est le chanteur, il a une vraie voix, il sait bien chanter, le reste, ce n'est pas super original mais c'est super bien arrangé. Y'a pas un temps mort, tu ne te fais jamais chier, c'est une machine à vendre !
C'est comme Mission Impossible II
S : Ouais, pareil ! [rires]

Une belle super production américaine
S : Exact, mais je ne sais pas si on va encore en parler dans 5 ans.

J'espère pas ! [rires] Je préfère qu'on parle encore de Deftones ou qu'on reparle d'Helmet ou Quicksand !
S : Je pense que ça va revenir les groupes un peu plus authentiques parce que là, les gens consomment à donf du néo-métal et on les abreuve de produits, mais ils vont mûrir, ils vont devenir exigeants

Et se poser la question, qu'y avait-il avant ?
S : Oui, et les groupes authentiques vont revenir...

Et l'album, on peut parler de chiffres 6 mois après sa sortie ?
S : On est à un peu plus de 6.000

A peu prés autant que faisait un bon Wet...
S : Non, nous on faisait 1.700

Oui, mais je parle des groupes phares de Wet, comme Watcha, Pleymo.
S : Mais il n'y a qu'eux qui ont vendu ça... Donc ça montre bien que le marché n'est pas grand.

Et ce sont les mêmes gens qui achètent, ce n'est pas parce que c'est une major que ça vend plus automatiquement
S : Non...

Comme on aurait pu le penser avec Lofo quand ils étaient sur une major ou aujourd'hui Mass Hysteria avec Yelen et la promo derrière.
S : Ca, ça vend plus mais ce n'est pas grâce à la promo. La promo pour nous, on l'a eu aux mêmes endroits que quand on était chez Wet, on a pas commencé à parler de nous dans Télé 7 Jours ! Le public c'est le même, major ou pas le mec il éoute le disque et il achète si ça lui plaît. Mais on en vend quand même trois fois plus qu'avant, peut-être que le disque est mieux... Ce qui fait que Mass Hysteria vend des disques, c'est qu'il touche un public qui n'est pas métal à la base. Quand il tourne avec La Ruda Salska par exemple, dans le public de La Ruda, y'a des gens qui kiffent le concert de Mass et qui vont acheter le disque, le buzz doit se propager à ceux qui ne lisent pas forcément RockSound et Hard'N'Heavy. Je pense que c'est là que se fait la différence.

Je voulais parler de la distribution à l'étranger mais on ne va peut-être pas en parler !
S : C'est le sujet qui fâche !

En admettant que ça sorte, par exemple aux Pays-Bas, Fake y était sorti...
S : Celui là, il n'y sort pas

Il ne sort pas via Warner Pays-Bas mais il peut sortir en licence
S : Là, on va voir si on peut négocier directement des licences mais ça ne va pas être facile. Parce que le mec qui va nous signer en licence sur cet album là, parce qu'on est libre d'aller le proposer, enfin c'est pour le compte de Warner qu'il signera la licence. Donc si un mec nous signe en licence sur cet album là, en admettant qu'il fasse un bon boulot, c'est Warner qui récupérera le prochain album.

Pareil pour l'Angleterre ?
S : Pareil pour l'Angleterre ! En plus on a déjà de la presse en Angleterre, y'a Terroriser, y'a RockSound qui ont parlé de nous. Et on a même des meilleurs échos d'une presse qui ne nous connaît pas, qui n'est pas influencé par le marketing parce qu'il n'y en a pas eu là-bas, on a des meilleurs échos là-bas que ce qu'on a eu en France et ça fout un peu les boules ! C'est énervant !

Donc rien de prévu...
S : Le seul truc, c'est que moi j'essaye de me battre pour le prochain album. Ce serait débile de se battre pour Fashion victim, même si on en a envie, pour se faire niquer après et pas pouvoir signer ailleurs parce que Warner se rendra compte que finalement ça marche. Tant pis on va attendre le prochain...

Et ce sera quand ?
S : Ce sera avant l'été !

Mais il y a la deuxième partie de la tournée à la rentrée ?
S : Pas trop justement, c'est super de tourner, on adore ça mais tu prends Watcha, ils font 150 concerts par an, c'est super mais en même temps, il faut que les choses dépassent ce noyau de fans purs et durs sinon les groupes meurent. Concrètement si Watcha arrête de tourner, ils ne gagnent plus d'argent, ils sont obligés d'aller travailler et ne peuvent plus faire de musique, c'est un peu un cercle vicieux. Si on vend 5.000 disques en France, ce n'est pas assez, si t'en vends 5.000 dans 12 pays, et bien, ça paye suffisament pour qu'on soit tous intermittents.

Là, vous ne l'êtes pas tous ?
S : Y'en a aucun grâce au groupe ! La major paye le disque, pas ton intermittence

St : Ce qui rapporte dans la musique, c'est le fait de faire des concerts, d'avoir des cachets suffisament importants pour mettre de côté, c'est les droits que tu vas toucher sur tes morceaux, SACEM et autres mais le reste en royalties, tu touches que dalle !

S : C'est 4 à 6 F par disques. 5.000 disques, tu fais le calcul...

St : C'est pour ça, d'un côté, t'es poussé à tourner parce que t'as envie de gagner ta vie et de pouvoir faire que ça, d'un autre côté, tu ne dois pas trop tourner et t'enfermer là-dedans. Il faut trouver le juste milieu...

S : La grande erreur qu'on a faite, c'est parce qu'on n'a pas de manager mais on n'a pas assez démarché tout ce qui subvention et tout ça. Enhancer par exemple, ils ont eu de l'argent grâce à ça, tu peux voir la vie différement. Nous, on commence à avoir de vrais problèmes personnels à cause de la thune. On fait de la musique à un niveau qui exige beaucoup d'investissement en temps ... et le temps qu'on passe à faire de la musique, c'est le temps qu'on ne passe pas à travailler pour manger. Moi, je fais des musiques de pub, donc je m'en sors en étant intermittent, Boris cette année, il a 70 heures, on lui demande d'en faire 507 et il doit les faire avant décembre.
St : Et moi, je touche le RMI...
S : Ca commence à être un peu tendu... C'est pour ça aussi qu'il faut qu'on signe un bon contrat pour vite avoir des avances et un petit peu d'argent qui rentre.

Et les grosses dates qui payent comme les gros festivals d'été, vous en faîtes aucun... c'est un problème de management ?
S : Je pense qu'il y a plusieurs trucs, on n'est pas à la mode dans le sens des groupes qui peuvent l'être comme Pleymo, on n'est pas sur cette vague-là et en plus, on n'a pas un management qui aurait les connexions pour nous placer, on a Laurent qui nous fait tourner, c'est cool, mais on n'a pas les connexions, on a n'a pas un groupe de pression derrière nous pour nous mettre sur tous les coups et nous, si on le fait, on est épuisé, tu peux pas être au four et au moulin, c'est pas possible. Moi je l'ai fait longtemps, tu deviens insupportable à la fin ! Tu deviens insupportable avec les autres et le groupe part en sucette. C'est ce qui nous manque... Et je ne vois pas de raison, on n'a pas de grosses lacunes particulières, chacun aime ou pas ce qu'on fait mais on a fait suffisament de choses pour être présent. Mais les bons plans, on ne les a pas.
St : Mais ça ira...

Vous avez un trés beau site mais il est peu actif et encore moins réactif, interactif...
S : Je ne te le fais pas dire ! Pourquoi ? Je vais te l'expliquer tout de suite, c'est trés rigolo... Le site internet appartient à Warner et avec Warner France y'a pas de souci, on peut l'actualiser. Enfin maitenant parce qu'on a mis du temps à avoir le droit d'accéder à la base de données etc... mais c'est Warner USA qui valide.
St : Les serveurs sont aux Etats-Unis
S : Chaque truc qu'on fait, chaque nouvelle photo qu'on veut mettre, c'est Warner USA qui doit la valider et tu penses bien qu'ils ont d'autres choses à faire que de valider nos trucs donc ça met un certain temps... Le problème du guestbook c'est qu'on est hébergé par Warner qui est chez AOL, ils ont mis super longtemps à mettre en place leur site à eux donc on attend, et par contrat, on n'a pas le droit de gérer ça nous-mêmes.
St : D'où prise de tête !
S : C'est vrai que c'est relou. Là, ça va commencer à aller un peu mieux, on va mettre des trucs un peu plus régulièrement. Tu vois le clip, il est sur notre site, mais il est mis d'une façon... même moi avec l'ADSL, ça rame !

Si ça doit passer par AOL et un serveur américain, c'est pas étonnant
St : Bah oui, le truc il traverse l'Atlantique ! Et encore, c'est bon ce qu'on a, tu prends un modem, tu ne regardes même pas !
S : Alors que j'ai des potes qui ont un site de surf qui s'appelle Agoride sur lequel t'as plein de vidéos à télécharger, t'as Real Player ou Quicktime, les deux formats à chaque fois, tu choisis la taille que tu veux, tu télécharges en 2 minutes et tu vois le truc nickel ! C'est mortel et nous on se bat pour avoir un truc comme ça, on va l'obtenir, à la rentrée... Notre clip, c'est un putain de cheval de bataille !

Moi j'ai terminé...
S : Bah, c'est bien, tu as souligné tous les points qui nous énervent ! [éclats de rires]

Si y'a des trucs qui vous font plaisir, allez-y !
S : Arrêtez de parler de tout ça ! Ca nous fera plaisir [éclats de rires]

Il faut parler de quoi alors ?
S : Nan, on déconne, on est super content d'avoir signé chez Warner parce qu'il faut pas oublier qu'il y a un peu plus d'un an, on était prêt à arrêter, c'est ça qui a relancé le groupe.
St : Dans l'ensemble on est satisfait, on est motivé pour en faire un autre, pour faire avancer la machine.

S : A l'époque de Fake, si on avait fait la tournée qu'on vient de faire, c'est-à-dire une tournée pas hyper soutenue avec des affiches super intéressantes, ce soir il y a les Sleeppers mais en règle générale on est tout seul avec un groupe local. Il y a 2 ans, je pense qu'on aurait pris un bide monstrueux. On aurait fait des dates à 50 personnes par soir alors que sur notre nom, on fait en moyenne 250, c'est une belle moyenne pour nous ! On a fait des dates comme Lyon, c'était phénoménal ...
St : Compiègne, c'était chan-mé ! [éclats de rires]
S : On a fait une date assez épique à Compiègne, je ne sais pas si t'en as entendu parler...

Il y avait un festival...
S : Oui, mais on n'a pas joué, on s'est barré !

Ah bon, il y avait aussi Oversoul ...
St : C'était la veille Oversoul, c'était sur 2 jours.

C'était mi-mai ...
St : C'était y'a quinze jours et c'était un peu l'apocalypse !
S : Et le mec qui "organise" est persuadé d'avoir Slayer au mois de juillet ! Là, il y avait 8 groupes et personne ne gérait rien, aucune promo, c'était hallucinant ! Et le mec est complètement mythomane, il veut faire un truc genre "la nuit du métal" avec 3 scènes, 40 groupes... [rires]
St : Ca va être chan-mé ! [rires]
S : Là, il va se faire taper dessus parce que s'il fait venir des groupes et qu'il gère comme il a géré l'autre fois, y'a des mecs qui vont mal le prendre ! Nous, on a été gentil, on s'est juste barré. On devait jouer à 18h et la salle fermait à 20h, c'était un dimanche... et à 18h30, il y avait encore 2 groupes à jouer. On a dit soit on dit à l'autre groupe de ne pas jouer et on est des enculés, soit ils jouent et nous on joue 5 minutes, alors on est parti. On a offert des T-Shirts aux gens et puis voilà.
St : C'était un grand moment !