Metal Métal > Aro Ora

Aro Ora / Chronique LP > The twelfth hour

Aro Ora - The twelfth hour Même si le groupe proposait de très bonnes idées, on pouvait ne voir en Aro Ora qu'un disciple un peu trop zélé de Gojira. Si ce n'est plus vraiment le cas avec ce nouvel EP enrichi, c'est que le chant de Quentin (qui a remplacé Baptiste en 2020) s'éloigne de celui de Joe tout en alternant des parties bien death et d'autres très claires, mais sans les touches émo qu'on avait entrevues quand il était dans Holding Sand. Et ce n'est pas le seul changement qu'a connu le groupe puisque Clément (ex-Chevalien) tient la basse depuis 2021. Ces modifications ont amené le combo à enregistrer deux titres assez vite pour les offrir à leurs suiveurs ("Unsung heroes" a même eu droit à un clip), n'étant pas dans le même trip, et avec la même ambiance sonore que le reste des compositions de The twelfth hour, ils ne sont présents qu'en "bonus" sur cet album, tout comme une (excellente) version live de "Running on the Möbius strip" présent sur Wairua.

Un sacré rab car ce qui le précède est assez costaud, entre passages où sévit une brutalité qui sature l'air de sonorités et moments d'accalmie où breaks, syncopes et mélodies apportent un contraste et provoquent des putains de frissons ("To die a pacifist", "Equal in the sequel"). C'est donc un death toujours très ouvert qui nous est servi, du lourd avec des fioritures soignées, le tout sur un plateau solide (quelles rythmiques !). De quoi se dépenser en live une fois emporté par la puissance des Tourangeaux, mais aussi être particulièrement attentif aux détails quand on écoute chez soi ou qu'on reste un peu à l'écart des mouvements de foule. Les deux "bonus" sont produits avec d'autres choix d'accordage et de distorsion, mais ne pas graver "Unsung heroes" aurait été une erreur car le titre doit être particulièrement efficace en concert.

Pour terminer, un petit mot sur le très bel artwork : non ce n'est pas le plan d'attaque sur Carthag des Fremen à la fin de Dune, mais une œuvre de Vaderetro (qui a aussi travaillé pour Brutus, Psychonaut, Parlor, les festivals Post in Paris ou Motocultor...) qui met en scène d'éventuelles cymatiques, des dessins formés par les vibrations du son. C'est beau, mais dommage... il en manque 2 pour en faire une horloge !

[fr] Vaderetro studio: site officiel   External  ]

Publié dans le Mag #61

Aro Ora / Chronique LP > Wairua

Aro Ora - Wairua Pas évident de savoir comment lire le nom du groupe qui se présente parfois sous la dénomination "AO" et semble très marqué par la culture maori, outre leur nom qui évoque l'univers, leur premier EP s'intitule (2015) Mahara ("La pensée") et ce premier opus Wairua ("L'esprit", rien à avoir avec Pascal encore qu'il ait terminé sa carrière à Tours d'où sont originaires les cinq métalleux amateurs de linguistique et de palindrome). Les textes sont en anglais et traitent de notre condition d'humain sur une terre qu'on malmène et comme musicalement, je ne suis pas certain que la musique folklorique océanienne ait grand-chose à voir avec ce qu'ils nous proposent à savoir un métal résolument moderne qui mêle death et prog, l'attrait vers la culture de Te Fiti s'arrête là. Les autres sources d'inspiration sont plus locales avec au premier plan Gojira (mêmes thèmes, même science du rythme et de l'accroche), c'est parfois un peu trop flagrant (fais écouter "Seducing venom" en blind test à tes potes) mais quand le groupe se sert d'un tel modèle pour réfléchir à son album dans son ensemble, on ne peut que les féliciter de tout aussi bien ficeler (on attaque avec "Inhale", on termine par "Exhale" et on passe par différents moments de récupération...). Même s'ils aiment certainement le titre, l'adjectif "Clone" ne leur va pas puisqu'ils explorent d'autres pistes, n'hésitant pas à élaborer des structures plus prog' agrémentées de choix osées (des parties claires et des variations bienvenues comme sur le superbe "Flight of the red ibis" qui est parfaitement bien imagé sur la pochette). Et pour citer d'autres groupes proches géographiquement comme musicalement, pourquoi ne pas les mettre dans le même panier que Hypno5e, Pitbulls in the Nursery ou Hacride.

Publié dans le Mag #40