AqME_Dévisager-Dieu Ce siamois écorché qui se confronte à sa foi reflète parfaitement ce nouvel album d'AqME. Parce que si le groupe est habitué au changement de personnel (seul Etn est un membre originel), il a fallu cette fois-ci y croire ou en tout cas, voir si c'était possible car Thomas était en grande partie responsable de l'identité si particulière d'AqME. Par son timbre, son chant, ses textes, son attitude, il a fait du combo une entité unique, identifiable en quelques secondes. Bien qu'irremplaçable, Vincent (impliqué dans Noswad et The Butcher's Rodeo) a pris sa place et si, sur scène, son talent a donné le change, au moment de l'écriture, on se retrouve avec un AqME dual. Une partie (celle au sang bleu ?) représente l'héritage, le passé, le AqME qui a vécu, l'autre partie, c'est le AqME de demain, ce corps qui se sera affranchi de son premier esprit en conservant son âme. Cet AqME plus chaud n'existe pas encore vraiment, pour l'heure, j'ai la sensation que Vincent "imite" un peu Thomas, comme pour assurer une transition plus aisée, comme pour prendre de l'assurance pour confronter son chant à celui, si typique, d'AqME. Le thème de l'ésotérisme, de la foi intérieure qui brûle, c'est une vaste source d'inspiration, peut-être là encore pour ne pas se démasquer et ne pas écrire des textes "trop" personnels, comme s'il fallait marquer un temps de respect avant de voler de ses propres ailes.

Toutes ces considérations quasi métaphysiques n'engagent que moi et quand tu mettras le disque en mode lecture, tu te prendras directement une droite. Pas de blabla, c'est la baston d'entrée avec "Avant le jour" et le chant clair qui déboule pour calmer le jeu est d'une grande précision, si on ne prend en compte que le chant, le jeu de batterie et la basse, c'est du AqME classique, mais la guitare, très rock par moments, s'essaye à quelques fioritures avec des effets qui passent bien, les fans du passé seront certainement rassurés avec ce premier morceau qui sonne déjà comme un "hit". On gagne ensuite en intensité avec "Enfants de Dieu" et son superbe final qui promet de sacrés frissons lors des prochains lives... Même topo pour "Au-delà de l'ombre", dés les trois premières plages, on sait qu'AqME a fait le bon choix en faisant confiance à Vincent s'ils ne voulaient pas bouleverser leurs habitudes et évoluer, comme d'habitude, par petites touches, histoire d'écrire une histoire linéaire et solide. On sait alors aussi que Dévisager Dieu est un bon album, sacrément charpenté et qui s'imprime avec une efficacité redoutable. Ce n'est qu'avec "Un appel" que l'on souffle un peu (et autre part que sur les braises), alors qu'on est tout prêt d'emballer notre partenaire sur ce qui semble être un slow langoureux, les choses se gâtent et les distorsions bien grasses déboulent pour tout détruire sans forcément réfléchir, "Entre louanges et regrets" qui suit est construit en miroir avec un début chaotique et une fin ultra posée (mais angoissante). Servi par un gros riff bien rock dans l'esprit, "L'homme et le sablier" varie lui aussi les rythmiques avec un certain charme sans pour autant que l'album ne perde en homogénéité. Encore un bon gros coup de blast pour la route ("Les abysses") et on se retrouve très impatient de connaître la suite...