Aqme - Epithete Epithète, dominion, épitaphe : à Pyramide en 3 briques, on ne serait pas dans la mouise avec ces trois mots... L'inséparable dépendance mortelle mène en fait à l'alcool si on écoute le titre éponyme sur ce nouvel album d'AqME... Mais à l'heure d'écrire ces quelques mots, le dernier du trio, "épitaphe", résonne différemment car cet opus est aussi la dernière trace sonore laissée par Thomas qui a fait son "Adieu !" au groupe...
Désormais il se consacre à l'écriture qui reste sur les corps plutôt qu'aux paroles qui s'envolent et qui sur ces onze titres sont hurlées avec une grande maîtrise, la fragilité qui faisait un peu le charme du chant a presque disparu au profit d'une forme de douceur assez agressive ("L'empire des jours semblables"). Quand la guitare se fait elle aussi plus douce, ce n'est que très temporaire car déboule alors un des refrains les plus violents d'AqME renforcé par les présences de Stéphane Buriez (Loudblast) et Junior Rodriguez (Darkness Dynamite) qui poussent la gueulante et la saturation sur "My english is pretty bad" (un clin d'oeil à "Words" ?). Une autre intro joue aussi sur les cordes sensibles, c'est celle de ""Plus tard" vs "Trop Tard"" mais là, le tempo reste plus calme plus longtemps et ça ne s'énerve que progressivement, c'est du AqME pur jus, le titre qui ressemble le plus au passé du groupe et qui du coup met en relief l'autre évolution majeure présente sur Epithète, dominion, épitaphe à savoir le jeu de Julien qui s'affirme davantage et prend définitivement ses distances avec l'héritage de Ben. Très incisifs, parfois heavy dans les sonorités et les enchaînements ("Marketing Armageddon"), les riffs de la guitare sont loins des lourds coups de butoir hachés des premiers albums, ils sont plus dans l'air du temps...
Sans le départ de Thomas, on aurait pu écrire que le groupe avait réussi sa mue, si elle reste "réussie", on sait qu'elle n'aura duré que le temps de la composition et l'enregistrement tant l'AqME qu'on découvrira sur scène sera fatalement différent...