aqme : sombres efforts L'album est tricolore : rouge, noir et blanc. Le rouge pour le sang, le noir pour la douleur et le blanc pour que les deux premières couleurs ressortent davantage, à moins que ce ne soit la couleur de la lumière. Ainsi la vie colorée des AqME n'est pas rose, elle tient plus du spleen baudelérien romantico-dépressif (ou à la cristallisation de Stendhal ?) qu'au ciel bleu, aux grosses cylindrées et aux poupées siliconées d'autres néo-métalleux. "Le rouge, c'est la couleur du sang, c'est la couleur des indiens, c'est la couleur de la violence" (Benoît Poelvoorde, C'est arrivé près de chez vous), le sang, la violence, la haine d'AqME passe par le rouge également, une violence contre soi-même mais aussi et surtout contre la société du paraître ("Superstar", "Une autre ligne"). Cette violence destructrice est utilisée et condamnée, éructée à la manière de KoRn ou Eths, c'est la couleur la plus brute et la moins bien maîtrisée par AqME qui ne la teinte pas assez. Leur douleur, noire, est issue de choix difficiles ("'Si' n'existe pas"), d'angoisses existentielles ("Instable"), du dégoût de sa personne ("In memoriam"), elle s'exprime par une voix traquée, écorchée, par des guitares lancinantes, tailladantes, par une basse saturée, malmenante, et par une batterie haletante, cassante. Le blanc, couleur de la douceur, celle qui pemet d'effacer, de s'éclaircir l'esprit, est la couleur la mieux utilisée sur la palette d'AqME, "Tout à un détail près", "Je suis", "Délicate et saine" sont autant d'aplats lumineux qui contrastent avec le sang et la douleur, qui les mettent en valeur, AqME sait peindre la nuit en sombre après nous avoir éclairés tout le jour, et c'est l'éclat de ce jour qui est phénoménal, ces titres calmes sont d'une douceur merveilleuse, nuançant le tout, ils donnent tout le relief à ce triptyque.