AqME - Thomas AqME - Thomas Est-ce que vous vouliez faire ce métier quand vous étiez plus jeunes ?
Thomas : J'avais pas prévu ça moi
Etienne : Moi oui !
Tu voulais faire quoi ?
T : Je voulais faire du graphisme, du dessin...
Ca reste dans le milieu artistique...
T : Ouais, mais au départ je voulais faire autre chose par contre je hurlais tous les week-ends avec des potes.
E : Quand j'étais ado, je ne m'étais pas dit que je serais musicien mais j'en avais envie et je jouais de la musique tout le temps. Je continuais l'école et les cours mais la musique c'était vraiment très important, j'en avais besoin et quand je fais les choses, j'aime être bon donc je bossais.
Là, tu réalises que c'est une chance...
E : Oui, au début, on avait tous une double activité, moi j'étais encore étudiant, je terminais ma maîtrise, Thomas bossait dans une agence de graphisme, Charlotte est un peu plus jeune, elle terminait les cours, Ben bossait... On ne faisais pas forcément ce qu'on avait envie de faire, moi j'avais rien à foutre de mes études, j'étais en école de commerce et je voulais la terminer car après on partait enregistrer notre album, je voulais tenter ma chance comme musicien et advienne que pourra. Pour d'autres c'était une vraie prise de risque, Thomas et Ben avaient des boulots pas trop mal payés, Thomas était un graphiste d'avenir et il a saboté sa carrière pour peut-être finir clochard (rires). On a bossé et on a attendu que notre heure vienne. Faut avoir confiance en soi mais c'est pas ça qui fait que tu marches forcément, il faut aussi un petit coup de pouce du destin...
Maintenant que AqME est bien lancé, vous pensez à une carrière genre les Rolling Stones avec une carrière à vie ?
E : Non, les Rolling Stones c'est impensable. Le modèle, c'est plutôt Lofofora, ils sont là depuis bientôt 20 ans, ils ont eu des hauts et des bas mais ils sont toujours là. On a bientôt 10 ans d'existence et si dans 10 ans on est au même point qu'eux aujourd'hui, je serais content, je signe tout de suite !
Qu'est-ce qui pourrait vous arrêter ?
E : Qu'on s'engueule vraiment entre nous
T : A part la santé, je ne vois pas trop
E : Oui la santé ou une prise de gueule mais on se connaît assez pour savoir ce qu'on aime chez les uns et les autres et ce qui nourrit le groupe et on met de côté ce qui peut faire du mal au groupe. Y'a pas de raison que ça se termine mal. Il pourrait y avoir de la lassitude, peut-être que dans 10 ans on aura envie de faire autre chose, on ne sait pas.
Qu'est-ce qui a changé depuis vos débuts ? Vous êtes plus vieux...
E : C'est vrai....
T : On a grossi et on a plus d'expérience !
E : Pour certains d'entre nous, les convictions sont plus affirmées, surtout Thomas et moi qui sommes assez hardcore dans nos décisions, Charlotte et Ben sont plus bonne pâte et plus tolérants que nous... On s'endurcit un peu je pense...
T : Je ne crois pas qu'on ait beaucoup changé...
E : Je ne sais pas qu'est-ce que t'en penses ? (rires)

3 Majuscules et un petit "q", ça définit AqME ?
T : Ouais, mais qui fait le petit "q" ? Aujourd'hui, le petit "q", c'est plus Etienne que Charlotte ou moi ! (rires) C'est juste un petit truc graphique, il y a plus des trucs cachés dans les paroles et dans les titres que dans le logo.
E : Si ça amuse les gens pourquoi pas, c'est un peu comme les gens qui voyaient dans AC/DC des trucs comme "AntiChrist / Death Christ", des conneries ouais ! Ils étaient considéré comme un groupe sataniste...
T : Alors qu'ils le sont beaucoup moins que nous (rires)

AqME - Etienne AqME - Etienne En 2007, vous avez fait une pause, en tout cas vu de l'extérieur, ça se passe comment quand AqME ne travaille pas ?
T : On a pris un peu de vacances...
E : Décembre et janvier, on a pris des vacances mais à partir de février on a recommencé à répéter...
T : On a composé au rythme qu'il fallait, sans se mettre de pression...
Vous vous êtes battus quand pour savoir si vous retourniez chez Bergstrand ?
T : On s'est embrouillé quand ...
E : Jamais ! J'ai fait mon travail de lobbying pendant un an et ça a payé ! Moi j'étais à fond pour et si à un moment, il y en a un ou une qui ne l'avait pas senti, on ne l'aurait pas fait.
T : On en a discuté ensemble et ensuite, c'est surtout avec lui qu'on a discuté. Quand il est passé à Paris, on a beaucoup discuté, moi j'avais quelques réserves à retravailler avec lui et au final, ça s'est super bien passé, il a retrouvé une fraîcheur et une envie de travailler avec nous. Son assistant ne bossait plus avec lui alors il a bossé sur tout, il a compris ce qu'on voulait, il m'a peut-être un peu mieux cerné et du coup on s'est super bien entendu, ça s'est super bien passé.
E : On a retrouvé le Daniel du premier album où lui et nous, ça marchait parfaitement, c'était génial. Sur le deuxième on s'était un peu pris la tête même si ça reste un pote, là, on était vraiment tous dans de bonnes dispositions.
T : On fait attention à l'humain aussi...
E : On voulait aller en Suède et passer 6 bonnes semaines en Suède à s'amuser...
T : Les gens auxquels on a pensé sont tous suédois...
E : L'autre producteur auquel on a pensé sérieusement, c'est Magnus Lindberg qu'on a rencontré et avec qui on a tchatché... Et si les gens du Nord en France sont un peu rudes, les gens du Nord de la Suède, t'imagines pas ! (rires) Il est un peu bourru, il est très sympa et j'aimerais bosser avec lui un jour mais le voir une après-midi, c'était un peu long, déjà pour briser la glace...
On parle souvent de l'apport d'un producteur, que l'album soit plus dur, plus abrasif, c'est Dan ou dès les répètes, c'était dans cet esprit-là ?
T : Il a rajouté quelques petits cris à gauche à droite mais l'album était déjà comme ça.
C'est vous qui êtes revenus à quelque chose de plus brut...
E : Non, on est allé de l'avant, aucun de nos disques n'est aussi violent que celui-là
Oui, mais La fin des temps était beaucoup moins agressif...
T : Au niveau de la prod, oui
E : On manquait de recul à cette époque-là, je pense qu'on a fait des mauvais choix dans la manière d'aborder les compos, on savait qu'on faisait un album progressif avec des longs morceaux et des ambiances mais il y avait aussi des morceaux péchus qu'on n'a pas su mettre sur album comme ils sont sur scène où ils sont très puissants. Encore une fois on avait fait l'erreur d'être plus cool sur disque que sur scène, après 3 albums, on n'arrivait toujours pas à avoir la puissance du live sur CD, les gens nous disent tous "AqME c'est plus puissant en concert que sur album", là, on a pris le temps de faire l'album et de se demander est-ce qu'on arrive à être dans la peau d'AqME en concert ? C'est ce qu'on a essayé de faire et je pense qu'on a réussi, on arrive enfin à retranscrire l'énergie du live... On aurait peut-être pu le faire avec l'album d'avant mais c'est de notre faute dans la composition des morceaux, du tempo, dans la puissance du chant, dans le son de Ben qu'on aurait pu épaissir... Là, on voulait vraiment revenir avec un truc plus puissant, Daniel n'a eu aucune influence là-dessus, il a eu une influence sur les arrangements, sur le son qui se rapproche du live, d'ailleurs, ça ça le motivait. Il a une influence considérable sur le disque mais pas sur les morceaux en eux-mêmes, juste sur des détails ... et on peut dire que ce sont les détails qui font les morceaux et un grand disque ou un disque un peu moins bien.

Aqme - Hérésie Hérésie, c'est un titre lourd de sens...
T : Vu la situation du rock aujourd'hui en France, on est un peu hérétique, on n'arrive pas avec l'album qu'il faut, pas avec les morceaux qu'il faut, pas avec le discours qu'il faut, pas pas avec le graphisme qu'il faut... Oui, on est hérétique.

Pourquoi être aussi pessimiste ?
T : Je te retourne la question, pourquoi être optimiste ? Comment on peut être optimiste aujourd'hui ?
Entre être optimiste et voir la mort toutes les 20 phrases... C'est pas si terrible que ça la vie de chanteur d'AqME ?
T : C'est la vie de tout le monde, je ne suis pas différent des gens, je regarde la télé, ma vie ne se passe pas trop mal mais y'a des fois où c'est assez sombre et pour plein de gens c'est assez sombre... Plus ça va, plus le monde est sombre, plus je suis pessimiste.
E : Thomas est assez perméable à ce qui l'entoure... Son pessimisme vient sans doute de là... Moi je suis plus fataliste voire nihiliste... (rires) Thomas a une propension naturelle à se pencher sur les aspects noirs de la vie... Depuis que je te connais t'es comme ça, tu vois toujours le verre à moitié vide...
Et le pessimisme nourrit le pessimisme, tes inspirations sont elles aussi assez sombres...
T : Les trucs drôles m'emmerdent un peu. En musique, j'écoute pas trop de trucs festifs...
E : Ca ne nous empêche pas de nous marrer... Et c'est pas parce que tu fais du métal que tu es forcément sombre, y'a des mecs qui font de la pop qui sont super sombres et des satanistes qui sont super bons vivants... (rires)

Avec quel artiste aimeriez-vous faire un featuring ?
T : Ce serait un scandinave !
E : J'aimerais bien que Kyle fasse un featuring un jour...
T : Ce serait énorme !
E : C'est un pote de Daniel Bergstrand qui est très connu sur la scène black locale, il a joué dans un groupe culte appelé SportLove, apparement c'est un piètre chanteur et un piètre guitariste mais c'est un pur gars et ce serait drôle de lui faire faire des voix black derrière... On pourrait faire plein de gens...
T : J'aimerais bien avoir Johan de Nine parce qu'on a bien déliré ensemble et qu'on aime bien leurs disques, y'en a plein mais pas des ricains ou des grosses vedettes... En règle général, on n'est pas très featuring...
A part pour participer avec un autre...
T : C'est beaucoup plus facile que d'intégrer quelqu'un dans AqME, on a un univers qui nous appartient et faire rentrer quelqu'un dedans, c'est pas facile.
E : On a un équilibre très fragile musicalement, on élimine facilement toutes les choses qui ne sont pas AqME c'est difficile d'incorporer d'autres gens et ça demande aussi du travail et c'est plus facile de bosser à 4 tranquillou...

La tournée vient de commencer, les grosses dates sur l'agenda, c'est quoi ?
T : Les 28 et 29 mars à l'Elysée à Paris avec Dysfunctional by Choice, Sna-fu et Headcharger, Ed-äke, puis l'AB à Bruxelles et puis y'aura des festivals...
Le Durbuy Rock...
T : Ouais, le Durbuy Rock et on croise les doigts pour qu'il y ait Solidays, on croise les doigts pour les Vieilles Charrues, on croise les doigts pour tous les festivals mais on est un peu la bête noire des festivals, on nous aime pas trop...
E : On n'est pas assez festif (rires), on n'est pas du genre à sucer les boules des programmateurs et ils aiment bien ça, tant pis pour eux donc ils garderont leurs boules sales et on ne les nettoiera pas.
T : T'inquiètes pas que certains s'en chargent...
E : Si ils nous programment, on sera très content, on ira boire un verre avec eux
T : On se fera payer à boire ! (rires)
On me demande à quand une tournée en Corse ?
T : Ce serait carrément cool mais on ne nous demande jamais là-bas, personne ne veut qu'on joue en Corse ! On adorerait jouer en Corse, on veut jouer partout...
E : Si on nous plastique pas le camion et qu'en plus on peut y passer 2 semaines pépères en mai/juin, des vacances et 2/3 concerts, ce serait génial ! Si il y a des programmateurs corses, on peut te sucer les boules ... (rires)

Est-ce que vous avez le temps de visiter les villes où vous passez ?
E : Pas assez !
T : Rarement malheureusement... L'après-midi, on a les balances, après des interviews, puis on doit manger, se préparer, jouer... On n'est pas là pour faire du tourisme...
E : C'est dommage car on a un très beau pays et il y a des trucs à voir partout, c'est pas "Uniformes", t'as vu, j'ai pu le placer (rires)
T : Maintenant essaye avec "Romance mathématique"...

AqME - Thomas AqME - Thomas Si on a encore un peu de temps, j'ai d'autres questions mais attention...
T : Vas-y...
Est-ce que le réel est réel ?
T : Il paraît mais on aura peut-être la réponse plus tard...
E : C'est un élève de terminal qui pose la question ? (rires) Il a peur pour le bac ? Je n'ai aucune citation d'auteur pour lui, qu'il se débrouille avec son sujet, j'ai eu 8 en philo au bac alors ne me faites pas chier !

Vous faites une reprise d'Alice In Chains, laquelle ?
E : "Them bones"
C'est un peu facile "Them bones"
E : Cite-moi un groupe qui a repris du Alice In Chains ?
Leto !
T : Ils avaient pas fait "Them bones"...
E : Alors "Damn that river", ça serait super, d'ailleurs on a bien charqlé le riff sur "312" mais ça faut pas le dire !

Vous savez parler ch'ti ?
T : Ca va biloute ?
E : L'accent lensois est génial stade Bollaert ! Il est merveilleux l'accent...
T : Ben est le seul à avoir vu le film pour l'instant donc on a le droit à Ben qui sort des répliques et qui rigole tout seul ...
E : J'ai vu un reportage sur le Carnaval de Dunkerque, c'était excellent... Il durait 1h et demi, j'avais vraiment rien à foutre...

Le mot de la fin ? Avant "bon appétit" ?
T : Merci mais plutôt que de bouffer, vous feriez mieux de soutenir les groupes français !
E : Depuis 5 ans, y'a pas un seul groupe français qui arrive à s'en sortir, à tourner correctement. Ces 5 dernières années, pas un groupe français nouveau fonctionne bien, il faut les soutenir, on va en prendre quelques uns en première partie et ces nouveaux groupes sont très bons, ils méritent autant l'attention que nous alors bougez-vous !