Cyrille fait manger Etienne et Koma pendant que Sheepo et Ben sont en interview et on inverse les places, Etienne étant le plus prompt à avaler son repas, c'est en tête à tête que débute cette interview "à la Fogiel"... Comprendre des questions un peu connes, directes mais qui permettent aux interviewés de montrer leur intelligence...
Aqme live au Splendid (2006)
La fin des temps ? C'est votre dernier album ?
Non ! C'est juste une période de notre vie, c'est ce dont on avait envie de parler cette année 2005, on avait envie d'aborder ces sujets-là. Non, ce n'est pas notre dernier album, enfin, on ne sait pas, on verra bien au jour le jour, on n'est pas là pour tirer des plans sur la comète. Si on considère qu'on sort des bons disques dans 10 ans, on continuera, le jour où ne le sentira plus, on arrêtera...
La fin des temps, c'est donc surtout la faute de la société, qu'est-ce que vous faîtes pour la changer ?
C'est surtout la planète, à notre petit niveau, on essaye d'apporter un moment de bonheur aux gens, c'est déjà pas mal, ça leur permet de penser à autre chose qu'à leurs soucis quotidiens, pendant une heure et demie de concert, ils vont s'éclater, je crois que c'est le rôle avant tout des musiciens et des artistes en général, même si quand on creuse un peu plus dans AqME on peut rentrer dans les paroles et s'identifier à différentes choses mais le but de tout ça, c'est avant tout de se faire plaisir et faire plaisir aux gens qui viennent te voir et qui écoutent tes disques.
Tu as honte de University of Nowhere ?
Absolument pas ! Je crois que Koma en a un peu honte mais moi pas du tout, j'en suis même très fier car ce sont les débuts de notre histoire à tous au sein d'AqME. Même si Charlotte n'était pas encore là, donc c'était pas vraiment le début du AqME tel qu'on le connaît aujourd'hui, c'était pas le AqME abouti qu'on a vu apparaître avec Sombres efforts. On avait les morceaux, là on a rencontré quelqu'un avec qui ça collait bien et avec qui on a fait un disque qui nous a marqué parce que c'est le vrai début de notre histoire, en plus les gens ont aimé, c'est magique ! Aucune honte de University of Nowhere même si je ne suis pas un grand fan des morceaux... Sur la réédition, il y a "Sainte" qui figure sur Sombres efforts, c'est le titre qui fait le lien entre le AqME des touts débuts et le premier album, et de cette époque là il y a aussi "Tout à un détail prés" qu'on avait déjà enregistré mais sous une forme plus courte et qui n'est pas sorti. Il n'était pas fini, c'était pas très beau à l'époque mais on savait que la chanson était bien, on l'a rebossée, on a ajouté toute la deuxième partie du morceau, au début ça nous a fait bizarre à cause du copié/collé mais à la base ça s'arrêtait à couplet/refrain/couplet/refrain... De cette période-là, on n'a pas tout effacé, c'est avec Sombres efforts qu'on s'est retrouvé bien dans nos baskets avec ce qu'on avait enregistré. C'est pas facile quand tu es musicien, que tu démarres et que tu cherches encore ta personnalité en enregistrant la meilleure musique possible... Quelques mois plus tard, tu te dis "c'est pas à ça qu'on a envie de ressembler", on ne se sent pas à l'aise avec ça et il y avait plein d'éléments qu'on aimait beaucoup dans University of Nowhere mais l'éxécution des morceaux nous posait un réel problème, on ne jouait pas bien, le son n'était pas comme on voulait, Koma n'était pas content de son chant... La période démo pour un groupe, c'est soit complètement magique, soit une période un petit peu de remise en question, nous c'était plutôt remise en question, et heureusement car ça nous a permis de faire un premier album abouti.
Aqme live au Splendid (2006)
Travailler avec un vieux, ça ne t'as pas posé de probleme ?
Non, c'était cool, ça changeait ! C'est vrai que Daniel à nos âges à nous, il a à peine la trentaine alors que Steve à 50 ans passés... Et on ne l'a pas choisi pour son âge, on l'a choisi pour son expérience, il a bossé avec plein de gens différents, un mec qui a bossé avec Johnny Halliday est forcément très fort psychologiquement et il arrive à te mettre dans les meilleures conditions possibles pour que tu donnes le meilleur de toi-même. L'aspect psychologique cette fois-ci était très important, on avait envie que le producteur de notre troisième album arrive à tirer de Koma ce que Bergstrand n'avait pas réussi à tirer, à savoir l'essence même de ses émotions, à le mettre à l'aise, à ce qu'il sorte ses trippes comme sur scène. Quand on a rencontré Steve, d'ailleurs, on n'a pas rencontré d'autres producteurs pour cet album, c'est le premier et le dernier qu'on ait rencontré, en un quart d'heure, on était tous amoureux de lui, il est hyper gentil, hyper sympa, ouvert, il aime plein de styles de musique différents, pas du tout à la rue concernant les scènes rock et métal, très au courant ce qu'il se passe et de ce qu'il se fait comme son... On s'est retrouvé dans une position où on ne savait pas comment notre album allait sonner, il n'a pas rebossé les morceaux, de toute manière, on n'avait pas le temps, on a eu que 30 jours de studio, même si on a gagné du temps en enregistrant de manière live. C'est rien en comparaison de la chirurgie que fait Daniel, ce mec a un ordinateur dans la tête, il recale tout tout tout, là il fallait ressentir, le groove et le feeling de la chanson et Steve était capable de nous faire faire 4 fois le titre et de nous dire "c'était la deuxième qui était bien, on garde la deuxième". Quand t'as bossé avec quelqu'un qui a un style bien précis comme Bergstrand, c'est génial de se retrouver avec quelqu'un de complètement à l'opposé, tu enrichis ton spectre. Nous-mêmes on était surpris, si nous on ne se surprend pas, on va se faire chier...
Qui a eu l'idée d'aller le chercher ?
C'est Rom, notre ingé son, il en avait parlé aux Vegastar qui ne se sentaient pas de partir avec ce producteur-là, Rom' nous a dit "c'est un vieil Anglais, il a bossé avec untel, ce serait bien que vous le rencontriez", pourquoi pas... On n'a pas d'idée préconçues, on a des convictions et comme on marche à l'humain on aime rencontrer les gens... Quand on a rencontré ce type-là, ça a fait tilt ! On tente le tout pour le tout, à dieu vat ! Ce mec a fait De Palmas, Black Sabbath, Peter Gabriel, Johnny, Céline Dion ... il est où le dénominateur commun ? Au moins on allait avoir un truc qui sonnerait différent, une aventure assez couillue pour un groupe qui arrive à son troisième disque, un album qui est attendu, on aime bien chambouler un peu tout.
En écrivant "Une vie pour rien", vous pensiez à Vegastar ?
Non, c'est trop réducteur ! C'est plus une réflexion sur nous-mêmes que sur les autres. Quand t'es sur la route, des fois tu te dis "est-ce que je zappe pas un peu ma gonzesse ? Est-ce que j'oublie pas mes potes ? Et ma famille ?" C'est plus profond que juste critiquer les autres. On en a parlé avec eux, on n'est pas d'accord sur certains trucs, il n'y a pas d'ambigüités là-dessus, même si aujourd'hui on peut s'apprécier et on peut tchatcher tranquille, on est assez différents. On traite plus de la peur de ne penser qu'à la musique et donc à notre carrière. Perso, j'ai pas envie d'oublier le reste, on n'oublie pas nos racines, la musique ça vient ça va, les amis intimes et les proches, ça doit rester, sinon tu perds tout.
Un truc qui va rester mais qui n'est plus là, c'est la team Nowhere, c'est un boulet que vous avez lâché ?
Non, c'était pas un boulet, on ne le sentait plus, il n'y avait plus l'osmose qu'on appréciait auparavant, tout le monde avait des envies et des objectifs différents... On ne participait plus à la vie du collectif depuis un moment... à cause de l'éloignement géographique, Cergy-Pontoise / Paris, c'est peut-être la région parisienne mais ce n'est pas la même chose. Une certaine lassitude s'est installé vis à vis de la Nowhere et je considère qu'il vaut mieux quitter les choses quand elles sont à leur top qu'attendre que ça décline et que ça n'intéresse plus personne, la Nowhere c'était magique, mieux vaut arrêter là, les autres font ce qu'ils veulent mais nous, on trace notre route, peut-être qu'on avait envie de crier encore plus fort notre indépendance... Au fond, on est peut-être des sales punks !
Tellement punks que vous avez choisi le moins bon titre de l'album comme single ?
Non, je ne suis pas d'accord ! C'est un titre qu'on aime vraiment énormément, c'est un des titres qui nous a ouvert des portes artistiqument, on a trouvé un truc dans ce titre-là... C'est assez étrange, les gens ont un rapport un peu étrange vis-à-vis des singles d'AqME (rire), on ne compose jamais des singles, la plupart de nos titres sont accrocheurs sans forcément rentrer dans les cases... A partir du moment où tel titre est proposé en single, les gens disent "ils ont mis le titre le plus cool en single", bon... A chaque fois on a fait des singles avec des grosses guitares et au final on se fait jeter par les grosses radios parce que c'est trop lourd et encore une fois, il y a trop de guitares dans le morceau et le mix et pas assez de chant, on ne déroge pas à la règle. Il n'y a que Le Mouv' qui nous soutienne à fond, c'est le seul réseau national... "Pas assez loin", c'est un titre qui nous a fait flasher, Benny et moi on l'a écrit en 3 minutes dans les loges fin 2004, c'était lors du dernier concert qu'on a fait en 2004 à Rennes, on a échangé des idées, on avait 2 plans, un couplet et un refrain et pouf pouf, on est parti en vacances pendant 3 semaines, on est revenu, le titre était fait. C'est un titre qu'on adore et c'est un moment sur scène absolument énorme, tu va voir tout à l'heure, c'est un des titres qui passent le mieux en concert, c'est une grosse grosse boucherie...
Aqme live au Splendid (2006)
Pour le clip, vous n'aviez pas d'idée de scénario ?
Plutôt le manque de moyens... C'est toujours difficile les scénars quand tu n'as pas les acteurs qu'il faut... Koma n'est pas mauvais en acteur, il nous a surpris, les trois autres, je ne suis pas sûr qu'on soit interviewé pour l'Actor Studio (rire). Y'a un semblant de scénar, y'avait une idée... A la base le clip devait être tourné dans un autre endroit qui n'a pas pu être disponible et qui aurait influencé dans un autre sens le clip... On voulait juste exprimer l'idée de dépassement de soi, ce n'est pas facile quand t'as pas les moyens de faire un clip bien chargé, avec le réalisateur on était dans l'optique de faire un clip esthétiquement très joli avec de belles images et de beaux plans plutôt que de se focaliser sur une histoire et que ça fasse cheap et foiré... Et "Pas assez loin", ce n'est pas vraiment une histoire, c'est se dépasser soi-même, toujours faire mieux. On s'est vaguement mis en scène en temps qu'employés de bureau qui s'emmerdent et qui décident que finalement, c'est la musique... C'est un peu notre vie à tous, on travaillait ou on était étudiant, on faisait autre chose et du jour au lendemain, on a décidé de faire de la musique, d'enregistrer un album avec nos propres moyens, de faire tout ça comme des grands... La boucle est bouclée, ce clip nous représente bien il y a 5-6 ans quand on a vraiment démarré...
C'est toi qui a imposé Lazy sur la tournée ?
Non... Oui un peu (rires)
Koma (qui a terminé de manger et est venu discrètement s'installé sur le canapé) : On était tous d'accord ! On n'a pas fait "ah non, pas Lazy !"
Personne dans AqME n'aime pas Lazy, bien au contraire... Et il n'y a pas que Lazy sur la tournée, il y a aussi Fis(ch)er, évidemment Lazy moi je suis leur supporter N°1, c'est pour ça que je suis devenu leur manager et j'en profite pour les faire venir sur quelques grosses dates comme celle-ci pour leur donner un coup de boost avant l'album. Avec Fis(ch)er qui ouvrira sur d'autres dates, c'est les deux groupes qui nous ont vraiment plu ces deux dernières années. Les Lazy ça remonte à tellement loin, ça dépasse le cadre de la musique...
C'est Athome qui a choisi Houston Swing Engine pour ouvrir à l'Elysée, vous auriez préféré placer des potes ?
Non, c'est des potes ! On connaît Danek depuis l'époque Unfold, on jouait avec eux y'a plusieurs années et c'est un super chic type. On aime beaucoup ce qu'ils font, on avait déjà fait Lazy, Fis(ch)er on apprenait à les découvrir sur scène, quand Athome nous a proposé Houston Swing Engine et que c'est des potes, on a fait ni une ni deux, on y va ! C'est complètement cohérent vis-à-vis des autres groupes qu'on a invité...
AqME demande combien pour un concert ?
K : Demande à Garance !
Aucune idée, en tout cas nous on est payé 150 euros par date individuellement, avec tous les frais techniques c'est variable selon les concerts. Quand on fait 10 concerts par mois, tu vois ce qu'on gagne
Plus les albums, plus le merchandising...
Plus les albums mais ça ne tombe que tous les 6 mois
K : Tout ce qui est merchandising, ça ne va pas dans notre poche...
E : Le merchandising permet de payer des frais comme le local, le matos, plein de choses importantes. On n'est pas à plaindre mais je crois que les gens pensent qu'on gagne 3.000 euros chacun par concert (rire). J'ai aucun souci à dire combien je gagne, pas de problème, c'est un tabou en France mais aucun souci...
Aqme live au Splendid (2006)
Ouais, je pensais devoir me battre avec la question et ça tombe à plat... Plus dure maintenant... Détruire un billard, balancer de la bouffe sur les murs d'un centre jeunesse, c'est rock'n' roll ?
Non. Pas trop. Ca dépend de l'euphorie du moment...
K : A partir du moment où tu laisses des yahourts à côté d'un billard avec des Lofo et 20 mecs bourrés, faut pas s'étonner qu'à un moment y'a du yahourt sur le billard... Ca n'a rien à voir avec le rock, on est tous des grands enfants et quand on commence à faire les cons, ça dégénère jusqu'à faire des conneries...
E : On est comme tout le monde, on est bête, et pas que quand on boit ! (rires)
Papa Prestage vous a supporté pendant un mois ?
Ouais, il en redemande !
K : Il nous a épaté car on lui a laissé aucun répit...
E : Ce mec est d'un calme inimaginable ! Il te met dans des supers conditions studio, l'ambiance est super agréable, rien ne peut le déstabiliser, c'est le flegme à l'anglais poussée à son paroxysme ! C'est hallucinant...
Quelle question t'as fait le plus chier ? Et pourquoi ?
Je ne sais plus, fais voir (Etienne récupère ma feuille de questions) ... Ah oui, choisir le moins bon titre de l'album comme single, ça ça me fait chier parce qu'on a composé que des titres qu'on aime et à chaque fois qu'on choisit un single on a le droit à ça... Ecoutez pas les singles, écoutez l'album ! (rires)
Y'aura un autre single ?
On ne sort pas de single "2 titres" mais oui, la maison de disques va bosser un autre titre en radio, je crois qu'il se murmurait "Une dernière fois" ou "Une vie pour rien" ou "Ténèbres"... Tout est invisageable, on aimerait "La belle inconnue"
K : Nous on voudrait "La belle inconnue" mais ce n'est pas possible (rires)
Il faut faire une version édit !
K : On pouvait mais elle ne durait que 23 secondes, il y a juste le refrain (rires)
E : Et sur une guitare folk !
S'ensuivent des remerciements et quelques commentaires off sur un des sujets brièvement abordés dans l'interview et il est déjà l'heure d'aller en découdre avec les Lazy sur scène...
Merci aux AqME, merci à Athome, merci au Splendid
Photos : Oli, Splendid de Lille (21.01.06)
Acme & Oli Faux-Giel
maintenant Oli, tu nous fait la meme chose avec Reuno ou K-Shoo de Noxious Enjoyment ? (Qu'on rigole ;-)
Tellement punks que vous avez choisi le moins bon titre de l'album comme single ?
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Re: Acme & Oli Faux-Giel
Terrier : Lille
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you think i ain't worth a dollar but i feel like a millionaire
Re: Acme & Oli Faux-Giel
comment ils peuvent ne plus aimer "number 26, this is the dark side !!!"
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C'est si simple de rendre la vie compliquée...
Re: AqME / Etn vs (Marc)Oli Fauxgiel (janv. 06)
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