Avec AqME ou ses autres projets (Grÿmt, Karras, Deliverance...), Étienne ne prend pas de gants et a toujours répondu avec beaucoup de franchise à nos questions, c'est donc un réel plaisir de le voir participer à ce retour dans le temps et de discuter de son actualité...
Il y a 25 ans, c'était la fin de Neurosyndrom, AqME allait bientôt apparaître, quels souvenirs as-tu de cette époque ?
Pleins de souvenirs bien entendu ! Je me souviens surtout d'une période de grande insouciance, de volonté pure, simple et passionnée de faire de la musique. 25 ans plus tard, cette passion ne m'a toujours pas quitté !
Tu avais accès à Internet ?
Non, je ne crois pas avoir eu un accès personnel à Internet avant les années 2000.
Tu évoques cette période "préhistorique" avec tes enfants ?
Je ne suis pas certain de savoir si tu parles de mes débuts de musicien ou des débuts d'Internet ;) Je suis plutôt quelqu'un tourné vers l'avenir que vers le passé. Je parle très très souvent de musique avec mes enfants, mais plus d'un point de vue découverte. J'écoute tout le temps de la musique à la maison donc spontanément ils me posent des questions. Ils me posent aussi des questions sur mon parcours de musicien mais rien de très précis, et je leur réponds évidemment avec plaisir. En revanche, leur soif d'apprendre et de comprendre les différents groupes et époques de la musique rock (entre autres) est énorme ! Ils sont super intéressés et ont déjà une immense culture musicale. Je peux te dire qu'ils connaissent leur classiques !
Vous tournez beaucoup et on s'est souvent croisé sur les routes, tu as un souvenir particulier partagé avec le W-Fenec ?
Je ne sais pas si je peux citer un souvenir en particulier mais j'ai surtout la sensation que le Fenec a toujours été à nos côtés, à nous accompagner dans notre parcours musical. Et finalement, vous est toujours là, et je suis également toujours aussi impliqué dans la musique. Comme quoi, c'est une passion tenace !
Il y a 25 ans, lire une chronique était une évidence, aujourd'hui, ça a encore du sens quand tout est "streamable" ?
Je pense que oui, ça a toujours du sens. Même s'il est probable qu'ayant grandi avec la presse classique, les chroniques etc, cela paraisse plus normal à moi qu'à un gamin de 20 ans aujourd'hui. Récemment, j'ai acheté un magazine qui fait une rétrospective sur Pink Floyd en retraçant l'ensemble des albums studios du groupe. Certains commentaires sur des albums ou morceaux m'ont donné une irrésistible envie de me replonger dans leur musique car je n'avais pas forcément la même vision que le gars qui a écrit. Ça m'a bousculé et m'a donné envie de redécouvrir certains trucs que je n'aimais pas ou à l'inverse, de comprendre pourquoi un album que j'aime pouvait avoir reçu des critiques négatives à l'époque. Cela peut faire évoluer la vision qu'on a de certains disques. Mais encore faut-il que la parole de celui qui écrit soit vraiment solide et crédible évidemment, sinon aucune raison de se sentir interpellé.
Pour AqME, il y a désormais prescription, tu as une anecdote qui peut être enfin déclassifiée ?
On a pas beaucoup de dossiers croustillants à dévoiler, et puis cela resterait secret si c'était vraiment croustillant (rires).
Ton actu, c'est la sortie d'un nouvel album de Deliverance, j'ai l'impression que vous êtes allé encore plus loin dans les "expérimentations". Comment qualifier votre musique ? Un truc comme "avant-garde", c'est pas un peu pédant ?
Au contraire, ça me plait bien "avant-garde" ! Je sais pas si ça s'applique à nous mais en tout cas je le prends directement comme un compliment. Après, chacun pourra mettre les mots qu'il veut pour décrire notre musique. Je constate que pour certains, c'est pas toujours facile de nous décrire, ce qui est plutôt bon signe à mon sens. En effet, on a beaucoup expérimenté sur ce disque, tout en se basant sur des morceaux aux structures et aux idées principales très fortes. Ce mélange nous a permis il me semble à la fois de tester plein de choses tout en ne se perdant pas. La chanson doit rester au cœur du sujet, même quand on explore des territoires nouveaux voir incertains.
Le fait d'être aussi ingénieur du son te facilite ces "explorations" ?
Oui c'est clair, avoir mon studio à disposition fait qu'on peut prendre un peu de temps pour fouiller, tester, développer, changer, recommencer, etc... Mais il ne faut pas non plus tomber dans le piège de rester éternellement dans la recherche, il faut se donner des limites pour ne pas se perdre dans cette quête. C'est d'ailleurs pour ça que nous restons super spontanés et instinctifs.
A bientôt sur un concert ?
On vient de signer avec Metallian Booking pour les futurs concerts, donc oui on va se revoir sur scène c'est certain ! On a hâte de se remettre en selle et de montrer encore une fois ce que Deliverance a dans le ventre !
Merci Étienne, merci aussi à Romain et Elo (Agence Singularités).
Publié dans le Mag #54