AqME (Lille 2019) AqME (Lille 2019) Ce sont les Lillois, qui sont un peu au Splendid comme chez eux, qui ouvrent donc les hostilités avec une petite particularité puisqu'exceptionnellement, ce n'est pas Bru (retenu au "boulot") qui est derrière les fûts, il est remplacé par Anthony que Out a bien voulu prêter pour l'occasion. Malgré un travail très avancé sur leur prochain album, on n'aura pas de nouveauté ce soir, le groupe se focalisant sur ses morceaux les plus connus ("La chute", "Paranoïaque", "Ma place", "Seul", "Sur la brèche") et ceux du dernier opus ("L'équilibre", "Dans le chaos", "De l'ombre à la lumière", "Si"). Le public met un peu de temps à se mettre dans l'ambiance mais Seb et ses mimiques l'électrisent tout comme la venue du vieil ami Arno (Black Bomb A mais qui côtoie les Unswabbed depuis ses années No Flag) qui envoie encore plus de gras sur un "Dans le chaos" qui n'en manque pourtant pas. Le set fut court mais intense même si la salle, blindée, gardait de l'énergie pour la suite.

C'est qu'il en faut de l'énergie pour faire un concert de Black Bomb Ä et suivre leur rythme ! Eux aussi sont un peu chez eux mais peu importe partout où ils passent, c'est le même dawa après quelques secondes. Ca blaste à tout va et les deux frontmen s'en donnent à cœur joie pour haranguer le public qui se défoule, hurle et se marre un peu aussi parfois. On sentait que leur album éponyme allait faire des ravages dans le pit, c'est désormais confirmé, "Kill yourself" / "Greed", "Bulletproof", "Civil war" / "Wake up" s'enchaînent (ou pas) et se fondent dans la masse de brûlots pour ne jamais faire redescendre la pression, quand bien même quelques passages plus doux parsèment le concert (la pause fraîcheur sur "Police stopped da way" et l'incontournable "Mary"). Les vieux tubes sont toujours aussi efficaces et le temps file là aussi très vite puisque résonnent déjà les riffs ultra violents de "Make your choice", cette petite bombe humaine historique convainc les derniers récalcitrants au pogo. On est fin avril mais il fait chaud.

J'adore ce titre mais ce soir, je l'entends avec un peu de tristesse, c'est "This is the end" des Doors qui amène les AqME sur scène pour ce qui est un de leurs derniers concerts et certainement le dernier que je verrais d'eux. Si c'est le dernier, je suis bien incapable de dire si c'est le vingtième ou le trentième tant j'ai assisté à de nombreux lives des Parisiens depuis 20 ans, parmi tous les souvenirs, un des meilleurs est d'ailleurs dans cette salle où le groupe était venu jouer déguisé pour achever la tournée de La fin des temps en 2006. Pas question de faire un concert "normal" où le dernier album aurait la vedette, ce soir, comme les prochains, le groupe fait plaisir à son public et balance un "best of" couvrant quasiment toute leur carrière (non, pas de "Encore une fois" au programme !). Seul "Entre les mains" est issu de Requiem, sa rage comme ses mélodies se marient parfaitement bien au reste du set qui ne fait pas trop dans la dentelle ("Tant d'années", "Le rouge et le noir", "Pornographie", "La réponse"...). A concert exceptionnel, moments d'exception, si on imagine qu'à Paris, Reuno viendra lui-même assurer ses lignes, ici le chanteur de Lofofora est remplacé au pied levé par Arno pour un "Rien ne nous arrêtera" ultra puissant. Si ce featuring était préparé, je ne suis pas certain que la venue de Poun pour ""Si" n'existe pas" était programmé, le feu follet des Black Bomb Ä chope un micro et reprend avec le public le refrain (et sa phrase culte "Le temps se perd "si" n'existe pas"). Plus habituels sont les slams, les murs de la mort, les partages avec le public, le solo d'Etienne et le hit absolu "Superstar" pour clore les ébats. Une larme au coin de l'œil, un câlin à Charlotte, c'est terminé, le groupe se retire, nous restent les albums, le Live(s) et des tonnes de bons souvenirs. La lumière se rallume mais le public ne bouge pas et continue d'applaudir et d'hurler son amour pour le quatuor. Et les quatre fantastiques reviennent, reprennent leurs instrus et délivrent un "Le culte du rien" pas vraiment prévu mais de circonstance ("Sans plus aucun lendemain... Si nous ne rêvons plus Quelle sera la fin ?"), on a l'impression qu'ils pourraient jouer toute la nuit pour éterniser ses moments de communion mais il faut bien revenir dans la réalité et leur dire Adieu.