AqME 2018 AqME 2018 Question obligatoire...
Charlotte : Non (rires)
Etienne : Laisse-moi deviner...
Vincent : Pourquoi on est parti de la Team Nowhere ? (rires)
Qu'est-ce qui a motivé la fin du groupe ?
V : Elle n'a pas été motivée. Elle a été réfléchie. Réfléchie à la fois de manière individuelle pour certains et collective parce qu'on est tous concernés. Etienne, prends la parole, c'est ton sujet...
En gros, c'est de ta faute...
V : Tu me l'avais dit avant, c'est vrai, il est chiant... (rires)
E : Non, j'avais dit "il est bon" mais ça va souvent avec chiant... (rires).
C'est un long cheminement, on s'était déjà dit que le précédent album pouvait être le dernier. Personnellement je sentais qu'on était moins uni tous autour du projet AqME, on avait envie de faire de la musique, de faire des concerts mais on ne se bougeait pas beaucoup pour tout le reste, si on n'est pas à 100%, ça ne vaut pas vraiment le coup. Julien avait clairement envie d'arrêter, moi j'avais mes doutes, on en a longuement discuté, ça a pris plusieurs semaines, plusieurs mois, j'ai fait part de mes doutes et on en est venu à la conclusion qu'il fallait qu'on s'arrête. On ne pouvait pas continuer avec le groupe tel qu'il est aujourd'hui, en n'étant pas à 100% dedans. Il valait mieux qu'on s'arrête dignement que de ne pas être bien ensemble.
V : On n'est pas le groupe qui allait continuer pour continuer. On aime ce qu'on fait du plus profond de notre cœur, on aime la musique qu'on fait mais on n'est plus en phase avec les autres demandes qui existent autour du groupe.

La famille a joué un rôle ?
E : Non, mais c'est forcément plus dur.
V : Moi je dis non parce que beaucoup de gens font le raccourci "ils ont des familles, c'est normal", non, on a des familles, on l'assume. On ne s'est jamais dit "on ne fait pas de gosse parce qu'on fait de la musique" et a contrario "on arrête la musique parce qu'on a des gosses", c'est différent, c'est parfois aussi compliqué pour nous que pour nos conjoint(e)s. C'est pas ce qui a motivé la fin du groupe. Leurs enfants ont presque 4 ans, moi, c'est tout récent mais il s'est passé plein de choses en 4 ans, on n'a pas arrêté à ce moment-là.
E : Et en plus, on va continuer à faire de la musique d'une manière ou d'une autre.
Y a-t-il eu un sentiment différent au moment d'enregistrer, de préparer la tournée, c'est un truc présent tout le temps ?
V : C'est marrant parce que c'est partagé, là, on est en tournée, c'est la tournée d'adieu, l'album, c'est l'ultime album, mais il y a des habitudes qui ne disparaissent pas ce qui fait qu'on fait tout ça naturellement. C'est juste dans les moments où on s'arrête un peu et qu'on se met à réfléchir où on s'en rend compte. Quand je suis sorti du studio après la dernière chanson, je dis à Etienne "A la semaine prochaine", deux secondes après, je bloque, je retourne le voir, "hey, c'est la dernière fois qu'on bossait ensemble pour AqME" et il me répond "Ah ouais, j'y avais pas pensé".
C : Et après on a mangé un bon couscous.
V : Si tu enregistres avec Etienne Sarthou à St-Ouen et que tu prends une semaine entière, le vendredi, c'est couscous et il est topissime ! En plus d'avoir un putain de son, t'auras un putain de couscous.
E : Moi j'y pense à chaque instant. Au moment d'enregistrer j'y pensais tout le temps mais je ne pouvais pas leur faire ressentir, j'étais là pour les enregistrer dans les meilleures conditions possibles, pour qu'ils soient à l'aise, pour qu'on fasse un bon disque. A chaque moment des concerts, à chaque interview, ça m'habite.
V : Je partage ce sentiment, plus on fait d'interviews, plus on en parle, on le ressasse depuis tout à l'heure, l'émotion monte, ça devient réel.
E : C'est pas facile de dire au revoir et de terminer un truc de manière assez longue, c'est plus facile d'arrêter net, de dire "stop" du jour au lendemain. On a fait ça par respect envers les gens qui nous écoutent depuis si longtemps et parce qu'on aime la musique, c'est pas facile de faire une vraie tournée d'adieu, de prendre le temps, de faire un dernier album alors qu'on sait qu'on va arrêter. Émotionnellement, c'est lourd à porter mais ça nous a permis d'accoucher d'un truc chouette.
V : On aurait pu dire "on se sépare, au revoir, c'est terminé". On a choisi d'accompagner ça pour tout le monde, pour nous et pour les gens, c'est un peu long, c'est compliqué à gérer, là on a une grosse période de concerts en mai, après il y en aura quelques-uns jusqu'au Trianon et après cette période de concerts, ça va être un peu triste.

L'adieu était annoncé, la tournée d'adieu était annoncée, pas l'album qui a été composé et enregistré en secret...
V : C'est la première fois qu'on arrive à tenir autant un truc, on n'a pas teasé un gramme et on est trop content de la surprise.
Pourquoi ?
V : Ça nous appartient, on voulait contrôler toutes les infos pour donner le plus beau cadeau, dire "tiens, voilà, on a ça" et t'as pas entendu un truc là, un morceau là, on a ça pour toi, c'est notre dernier cadeau.
E : C'est aussi une des particularités d'AqME, on fait les choses selon nos propres termes. On arrête mais notre musique reste sacrée à nos yeux, la musique est placée au cœur de nos préoccupations, ça passe avant tout le reste. C'est aussi un pied de nez parce que tous les groupes n'arrêtent pas en faisant un dernier disque.
Est-ce qu'on peut lire cet album autrement qu'en pensant à la fin d'AqME ?
V : Globalement on est autour du sujet du titre de l'album : Requiem.
C : Je n'ai pas pu l'écouter, Étienne nous envoyait les mix et j'arrivais pas écouter, je leur disais "je vous fais confiance".
C'est pas un cadeau super joyeux...
E : C'est l'essence même du groupe, c'est dans ce genre de moments difficiles qu'on accouche de trucs un peu magiques.
Quand on réécoute les autres albums, on a la pêche...
E : Je ne suis pas d'accord, Sombres efforts était un album désespéré, c'est peut-être pas comme ça que les gens l'ont ressenti mais nous, c'était clairement ce qui nous habitait et Thomas en particulier. On avait l'impression que personne ne voulait de nous, qu'on était à part complètement dans la scène musicale, on se sentait différent, bizarre, on avait l'impression que les gens ne nous écoutaient pas, c'est pas un hasard s'il s'appelle Sombres efforts ! Que les gens projettent telle ou telle chose dans notre musique, c'est normal, chacun vient avec son propre bagage, cet album est un concentré de l'ADN d'AqME toutes époques confondues, ça correspond exactement à la raison d'être d'AqME à la base : expier nos difficultés dans la vie, nos ressentiments, nos tristesses, notre mélancolie... Dans cet album, il y a aussi une forme d'apaisement, dans toute fin, il n'y a pas que du tumulte, il y aussi de la paix.

Y'a des trucs sur l'album qui sont plus mélodieux, plus harmoniques que ce que vous faisiez avant...
E : C'est pas réfléchi, c'est la suite logique des trois derniers albums.
C'est beaucoup plus poussé, il y a des titres très calmes, très épurés
E : C'est vraiment la suite logique du précédent, c'est sur le précédent qu'on a trouvé ce qu'on voulait faire avec Vincent, la manière d'aborder les émotions, les siennes et pas celles du AqME d'avant, respecter ce qu'on a été, mais être nous-mêmes. C'est dans la continuité, dans la musique, qu'on arrête ou pas, on aurait fait cet album tel qu'il est là, ça n'aurait pas changé. Dans les textes, clairement, beaucoup sont basés sur le fait qu'on arrête.
Le chant est beaucoup plus mélodieux, qu'est-ce qui s'est passé ? T'as plus confiance en toi ?
V : Oui, y'avait une part de peur, de manque d'assurance, des choses avec lesquelles je n'étais pas à l'aise, le temps a fait son effet, j'ai décidé de passer au-dessus de ça, j'ai proposé des choses que moi-même en enregistrant les pré-prods j'assumais pas ! Je me suis dit "je m'en fous, j'y vais", sur des titres comme "Paradis", j'ai pris du bonheur à le faire et quand je réécoute, je suis content d'avoir pu assurer ce genre de chant.
E : On a lâché prise.
Et le producteur joue un rôle là-dessus, tu l'as poussé ?
E : Oui, on bosse vachement ensemble sur les textes, sur l'interprétation, sur le sens, sur placer les mots sur la bonne mélodie ou inversement. Ça fait plusieurs années que je lui dis "tu passeras plus d'émotions en chantant qu'en hurlant et tu peux placer autant de rage en chantant". Si tu trouves une bonne mélodie, tu peux la gueuler par-dessus, ça donne de la puissance mais le plus important, c'est de trouver la bonne mélodie qui accroche l'oreille des gens et qui tire le morceau vers le haut.
V : C'est des échanges qu'on a au quotidien en fonction de ce qu'on écoute, des sensations qu'on ressent... C'est un long cheminement, sur Requiem, ce n'est pas un hasard, c'est une compilation de plein d'émotions, de plein d'idées, de plein d'échanges, des années d'évolution.

AqME 2018 AqME 2018 La disto est aussi assez claire parfois, presque heavy...
E : On a testé plein d'idées pour ouvrir, pour créer différents ambiances, pour accentuer certains trucs, on a pu être hyper créatif à tous points de vue parce qu'on n'avait pas le temps de calculer. Ça fait un moment qu'on joue ensemble, on est assez créatif en studio donc les choses se font assez naturellement et quand t'as pas le temps de calculer, tu te lâches plus. Surtout pour Julien qui est quelqu'un d'assez inhibé et qui a du mal à se lâcher dans la création, ça lui a fait du bien de ne pas avoir le temps de trop réfléchir, on a testé des choses, "c'est cool ? On garde". On ne s'est pas posé de questions, c'est comme ça que je conçois la musique.

La pochette est signée Carlos Olmo, quelle était la demande de base pour illustrer le Requiem ?
V : On avait envie de bosser avec Carlos, le nom de l'album, c'est Etienne qui l'a soufflé et on retrouve cette image de la mort dans l'imagerie.
Le côté zombie, c'était une demande précise ou il a eu carte blanche ?
E : On avait adoré la pochette précédente, la photographie de nous quatre faite par Yann Orhan et ça nous paraissait logique de faire à nouveau nos 4 tronches en morts-vivants ou presque décédés. Carlos Olmo a demandé à Yann Orhan des photos non utilisées lors la session, il a fait un autre montage et a redessiné par-dessus à sa manière, c'est donc un mélange des talents de photographe de Yann Orhan et de dessinateurs de Carlos Olmo.
Demain, un clip sort, le titre est encore secret, c'est lequel...
V : Ce sera "Enfer"
E : C'est Yann Orhan qui l'a réalisé.
V : On avait suggéré de faire un clip avec lui parce qu'il a un côté assez "arty" qui nous intéresse, on voulait sortir du clip "performance" où t'as le groupe qui joue et tout le tralala, on lui a demandé s'il avait envie de le faire. Je crois qu'il a assez apprécié l'album, c'est important parce que c'est quelqu'un qui bosse quand il apprécie, s'il n'aime pas, il fait pas. On a pu faire un truc sur "Enfer" avec lui, on n'était pas tous d'accord sur le clip mais on l'a fait quand même.
(A Etienne) C'est toi qui n'était pas d'accord...
E : Je suis toujours d'accord avec moi-même (rires).

Sur ces premiers concerts, vous jouez peu de nouveaux titres...
V : Le premier concert, l'album n'était pas encore sorti, on ne voulait pas dévoiler trop de titres et ça reste une setlist assez live.
E : C'est une tournée d'adieux. On a envie de défendre ce nouvel album, on joue deux titres sur la plupart des soirs, les gens ont envie d'écouter pas mal de classiques, on arrive presque à jouer des titres de chaque album, il n'y a que deux albums qui n'en ont pas, on va essayer d'en rajouter, au moins pour le Trianon. C'est pas facile de faire des setlists d'aujourd'hui. Si on joue 5 titres du nouvel album et moins de classiques, les gens vont nous en vouloir... Par ailleurs, c'est aussi des titres qu'on a peu joué ensemble, c'est pas des titres sur lesquels on est très à l'aise, faudrait qu'on bosse beaucoup pour les maîtriser, "Entre les mains", ça nous a pris un petit moment", "Enfer", c'est plus facile...
V : Est-ce que la magie qu'il y a sur le CD, on va la retrouver en live ? Est-ce qu'on ne va pas nous-mêmes nous décevoir en jouant des titres qu'on considère comme émotionnellement forts ? Pourquoi pas les garder sur le CD...
E : On ne néglige pas pour autant l'émotion dans le set actuel, on a des moments de respiration, de partage, pour faire la fête ensemble, je pense à des morceaux de notre avant-dernier album comme "Se souvenir" qui est toujours un moment émouvant, c'est un morceau rock assez puissant où on véhicule des émotions hyper fortes, pareil pour "Si loin", on ne manque pas de moments un peu intimes dans nos concerts. Pour le dernier concert, on va en jouer quelques-uns, c'est sûr.

Il y a peu de dates, vous ne serez pas partout, certains se plaignent...
E : On voulait être exclusif. Au départ, on ne voulait même pas faire 10 dates, on voulait en faire 5 ou 6 Trianon compris. Le tourneur a trouvé une douzaine de belles dates, on n'allait pas lui dire non. A la base, on voulait faire une poignée de concerts et terminer au Trianon. T'as l'impression que c'est pas beaucoup mais il y en a plus que prévues. On en a refusé quelques uns.
V : On a refusé le Hellfest (rires)
Si Coachella vous appelle pour 2020, c'est non ?
E : On leur propose nos autres groupes ! (rires) Je veux bien faire le Coachella mais avec le light show de Tame Impala !
Ah mais tu joues à 14h...
E : Non, je veux les conditions de Tame Impala ! (rires)
Le 5 octobre, vous jouez au Trianon où vous retrouverez Thomas et Ben, ce sera juste des apparitions où il y aura un vrai set avec eux ?
E : Il y aura un vrai set, après, ils ne joueront pas tous les titres parce qu'ils ne les connaissent pas tous, ça va bouger, ce sera un concert très ludique... ou bordélique ! (rires) Ça va être le bordel.
V : Ce sera pareil que sur Le Bal des Enragés ! Je vais faire un morceau à la batterie (rires)
(A Etienne) : Tu peux jouer de la guitare, toi...
E : Oui mais j'ai pas envie (rires). Si on me demande gentiment seulement. Ça va être un sacré bazar. On n'a pas encore organisé le truc. On met ces premières dates de côté et on se mettra dedans après, j'espère que ça va être simple. Ça va aller et venir pendant le concert, il y aura d'autres invités, ce sera très actif comme concert.

Étrangement, c'est pas un peu loin cette dernière date ?
V : Pour être honnête avec toi, on voulait assurer et avoir assez de temps pour remplir la salle. Il se trouve que ça se remplit hyper vite et que c'est déjà presque complet mais on avait prévu large.
E : Annoncer un Trianon 11 mois avant, c'est normal pour un groupe comme nous, c'est ce qui se fait pour la plupart des groupes.
Vous auriez pu finir plus tôt et faire une autre salle...
E : On voulait vraiment faire une belle salle du type Le Trianon et il n'y en a pas d'autres aussi jolies, on avait hésité avec La Cigale mais on a gardé un super souvenir de la date qu'on a fait avec Eths, on a adoré cette salle, s'y prendre un peu moins d'un an à l'avance, c'est logique.
Pour vous, ça peut paraître long
E : Ouais, c'est pas facile...
V : Mais ça passera vite, il va falloir le préparer.
E : On n'avait pas prévu de faire un disque, on a donc rajouté ça en plus, on a été très très occupé ces 6 derniers mois, on n'aurait pas pu tout assumer en même temps émotionnellement. Là, on va laisser passer les vacances d'été, reprendre un peu d'air frais et terminer quelques semaines plus tard. Mais c'est pas facile d'attendre, je suis d'accord.

AqME 2018 AqME 2018 D'un point de vue contractuel, est-ce que At(h)ome peut encore sortir des albums d'AqME "post mortem" ?
E : Elle est chiante ta question (rires).
Certains groupes n'ont pas terminé leur contrat...
E : Ils ont trop de respect pour nous, ils le feraient avec notre accord.
On peut donc avoir un live, un tribute, une compilation de raretés...
E : Oui... C'est possible.
V : Du moment qu'on touche du fric, on s'en fout ! (rires)
E : Tu veux qu'on balance sur eux, c'est ça ! (rires)
Ça pourrait déjà être calé...
E : Contractuellement, honnêtement, je ne sais plus...
V : Le dernier truc qu'on ait signé c'était pour un album plus un autre en option, un truc comme ça...
E : Faudrait que j'appelle mon avocat (rires). Entre At(h)ome et nous, tout se fait d'une manière tellement naturelle et simple que s'ils veulent sortir un truc, ils nous appellent, on en discute, si on dit "non", ils ne le font pas, si on dit "oui", on réfléchit tous ensemble pour savoir comment le faire bien. Ils nous ont toujours tellement bien accompagné et été bienveillants avec nous. T'imagines, pour se lancer dans le projet d'un disque de dernière minute alors que le groupe arrête...
C'était moins risqué que de vous signer au moment de Sombres efforts...
E : Je ne suis pas d'accord. Ils auraient pu dire qu'on n'allait pas le défendre avec beaucoup dates, qu'on n'allait pas en vendre et auraient pu refuser de nous le financer. Au moment de Sombres efforts, ils savaient qu'il y avait un engouement de toute une génération qui voulait écouter du métal, ils sentaient bien le truc venir. Au moment où AqME a signé, on faisait envie à d'autres maisons de disques, on a refusé un vrai contrat avec Universal pour signer avec At(h)ome, c'était pas une grosse prise de risques à l'époque. On aurait pu moins bien marcher mais ça semblait être un pari gagnant. Je vais réécrire l'histoire ! (rires) Non, c'est vrai. Même les grosses maisons de disques voulaient leur groupe de néo-métal...
Pleymo, Enhancer étaient signés...
E : Par exemples, mais eux, c'était normal, c'étaient déjà des gros groupes quand ils ont signé sur des majors, ils avaient sorti un premier disque qui marchait bien, c'était la suite logique qu'ils signent sur un gros label. Par contre, Island avec qui on n'a pas signé à l'époque a signé un autre groupe qui n'a jamais marché, Karma Sutra, tout le monde avait sa chance à l'époque.
Si l'histoire ne devait retenir qu'un seul album d'AqME ?
E : C'est pas possible.
Non, pas de joker !
C : On va se faire engueuler ! (rires)
E : Pour moi y'en a 3. Il y a trois pierres angulaires de notre cheminement artistique, pas forcément de notre carrière car c'est deux choses différentes. Sombres efforts, c'est le plus important, c'est l'acte fondateur, il définit notre son, il définit notre manière de faire, il définit notre orientation artistique, ça nous a accompli. Ensuite, il y a Hérésie, c'est un vrai tournant artistique, il n'a pas super bien marché, mais c'est un des albums qu'on a le mieux vécu, l'enregistrement était magique, c'était le summum avec ce line-up. Ensuite, je mets le dernier album à part parce qu'on manque de recul même si je pense que c'est l'un des meilleurs, donc je garde le deuxième qu'on a fait avec Vincent, l'éponyme, on a vraiment brisé des barrières, on a touché des émotions qui nous ont ouvert la porte à ce dernier album. Ce sont les trois pierres angulaires artistiques de notre développement de groupe et personnel. Après chacun voit midi à sa porte. Si t'en veux qu'un, le premier c'est le plus important, sans le premier, on n'existe pas, on ne fait pas tout le reste.
V : Moi c'est l'album éponyme. C'est hyper personnel. Quand on l'a enregistré, c'était hyper compliqué pour moi. Ça reste un moment où j'ai commencé à m'assumer, à dire "voilà, moi je chante comme ça". Le dernier c'est aussi un de mes préférés même si c'est aussi compliqué.
C : Moi, c'est Hérésie même si je rejoins les garçons sur l'éponyme qui représente ce qu'on est aujourd'hui, ça reflète vraiment ce qu'on voulait faire ressortir, Vince a réussi à démontrer à tout le monde qu'il est arrivé dans le groupe et qu'il a tout déchiré. C'est le reflet de l'état d'esprit dans lequel on était au moment de l'enregistrement.
E : J'ai toujours beaucoup de plaisir à l'écouter, y'a tout dans l'éponyme. Dans le nouveau aussi mais on n'a pas beaucoup de recul, il est trop récent. En plus il est habité de quelque chose de très fort qu'on vit en ce moment avec la fin du groupe. A mon avis, il fait partie du top 3 ou du top 5 de nos albums.

Qu'est-ce qui va vous manquer le plus dans la vie d'AqME ?
E : Les moments qu'on passe tous ensemble, dans le camion, à rigoler, ce sont des moments trop rares ces dernières années, c'est aussi pour ça qu'on arrête. On aura tous envie de se retrouver juste pour vivre ces moments-là.
Mais vous n'allez pas partir à 4 en camion en vacances sur les routes de France !
E : Non, mais ça peut se vivre autrement.
V : Ce qui va me manquer, c'est le public d'AqME, vraiment. J'en reverrais sûrement avec The Butcher's Rodeo mais pendant les concerts d'AqME, c'était fort, c'est ce qui va me manquer le plus, c'est pour ça que j'ai écrit "Un adieu".

AqME - Requiem Les projets pour après, y'a The Butcher's Rodeo, pourquoi pas relancer NoSwad ?
V : Parce que le batteur s'en bat les couilles et les autres aussi ! (rires) C'était déjà assez compliqué avant qu'on arrête... The Butcher's Rodeo continue, on a un nouveau line-up, on veut faire les choses bien alors ça prend du temps, je vais être franc, parfois, c'est assez désespérant mais ça va être un super album.
Y'a Karras aussi qui est déjà dans les tuyaux...
E : C'est un projet avec Diego, Yann de Mass Hysteria et moi-même, on est en train de réfléchir à la signature avec une maison de disques, on a plusieurs propositions, donc c'est agréable. On est programmé au Sylak cette année. Je joue aussi avec Freitot, on sera au Hellfest, et pour mon troisième projet, Deliverance, où je suis guitariste, on va sortir un nouvel album à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine. Je suis fort occupé et en plus, il y a le studio d'enregistrement qui me prend le plus clair de mon temps. Il ne s'agit pas d'arrêter de faire de la musique.
Tu faisais du management aussi pendant un temps...
E : J'en ai fait un peu avec Lazy mais j'ai clairement plus envie de faire de la zik que du business.
Et si un jeune groupe qui vient enregistrer cherche une sorte de coach...
E : Pour du coaching éventuellement mais je suis vraiment plus dans la musique. Ça m'intéresse moins d'aller frapper aux portes...
Y aura-t-il une reformation dans 10 ans pour les 30 ans du groupe ?
E : On verra dans 10 ans ! C'est terminé mais on n'a pas une boule de cristal...
Oui mais c'est définitif ou en cas de bonne occasion, ce serait possible ?
V : On ne s'interdit rien.
C : Faut demande à Patrick Bruel (rires).
Vincent chantonne "on s'était dit rendez-vous dans 10 ans..."
C'est con de finir l'interview là-dessus après 20 ans de carrière !

V : On va se voir en tant qu'amis, on fera autre chose que de la musique quand on sera ensemble mais on ne s'interdit rien, on fera ce qu'on veut, on sera les seuls décideurs.
E : Mais faut pas que les gens s'imaginent qu'on s'arrête pour faire un come-back dans 5 ans... Contrairement à certains groupes, on n'a rien prévu. On n'a pas un business-plan ! (rires) Y'a plein de groupes qui passent leur temps à dire qu'ils arrêtent et ils reviennent. Nine Inch Nails, Judas Priest, Scorpions, Ozzy Osbourne... Ils ont tous dit 50 fois qu'ils arrêtaient et ils reviennent toujours. C'est hyper malhonnête, ça leur fait une actu et ça donne envie d'un seul coup aux gens d'aller les voir. Ça m'exaspère. Si on revient, ce sera juste qu'on aura envie de refaire de la musique ensemble. Ce ne sera pas du marketing. C'est dingue que des gens imaginent des trucs comme ça, certains sont tellement dans la stratégie. A part les plans de ma cuisine, j'ai aucun plan dans la tête aujourd'hui ! (rires)