Apocalyptica : Amplified - a decade of reinventing the cello C'est à la mode, après les KoRn, Placebo et Motörhead, Massive Attack, les plus grands noms de la musique rock/pop ou métal se mettent à compiler leurs meilleurs compos dans ce que l'on a coutume d'appeler un best of, parfois même, un peu prétentieusement un "greatest hits". Pas toujours best ni greatest du reste, selon les groupes. Pourtant ça fonctionne, ça marche tellement bien que d'autres formations d'envergure un peu moins importante s'y collent aussi. Et après Feeder il y a quelques semaines, voilà que ce sont les finnois d'Apocalyptica qui s'y collent, le temps d'un double CD, au titre pas du tout compliqué à retenir : Amplified : a decade of reinventing the cello. Traduction pour les non-anglophones : "une belle décennie à réinventer le métal à l'aide d'un instrument, en principe, pas forcément approprié : le violoncelle". Et en commençant par rien moins que Metallica (Plays Metallica by four cellos). Entre les mains de médiocres violoncellistes, ça aurait donné un résultat plus que douteux, mais quand on s'appelle Apocalyptica, ça en fout plein les mirettes. Voilà, c'est injuste mais c'est comme ça.
Deux disques donc pour cet Amplified, le premier exclusivement composé de titres instrumentaux, principe originel de la musique de la formation finnoise, le second, recelant les diverses et plus ou moins hasardeuses collaborations des violoncellistes avec des chanteurs venus, pour la plupart, du monde du rock et du métal. Pour le premier CD, rien de très suprenant, si ce n'est la relative petite place laissée à aux titres extraits de Cult, le meilleur album du groupe (et j'ai raison... point barre, sic). On commence par les très classiques "Enter sandman" et "Harmageddon", on ne se lasse pas de prendre, encore une fois, une belle baffe en pleine face à l'écoute de "Refuse/resist", l'énorme reprise du classique de Sepultura, on est encore scotché devant la démonstration de force du très massif "Betrayal", on s'inclune devant la maestria virtuose de "Hall of the mountain king" et on est évidemment emballé par l'intensité émotionnelle et la pureté mélodique qui se dégage d'un "Heat" ou "Kaamos". Last but not least, on a même droit à un petit inédit avec le brillant exercice de technique pure qu'"Angel of death". Jusque là, pas grand chose à redire, sinon (un bémol quand même), qu'il est inconcevable de ne pas avoir inclu "Hope", "Romance" et "Struggle" dans ce best of (enfin, pour faire plus court, les deux tiers de l'album Cult...). Quoiqu'il en soit, les membres d'Apocalyptica ont fait leur choix, et après mûre réflexion, se sont reservés la possibilité de donner une suite à cette compilation. Argument économique, quand tu nous tient...
Venons en maintenant au deuxième acte de cet Amplified : les collaborations. Entre grâce et puissance destructrice, on a droit au choix au sympathique mais pas inoubliable "Repressed" (avec le chanteur de Bullet for my Valentine et un certain Max Cavalera au micro) ou "En vie" avec Manu de Dolly. Malheureusement, il nous faut encore supporter les deux infâmes featuring de Lauri Ylönen (The Rasmus) sur "Bittersweet" et "Life burns"; où quand un grand groupe cède aux sirènes du mainstream calibré pour les masses radiophoniques. Triste. On n'a alors pas envie de terminer sur une fausse note et Apocalytica a encore dans sa manche suffisamment d'atouts maîtres pour rattraper le coup. En l'occurence un "Hope" un peu emphatique avec Matze Sayer au chant et surtout l'excellent "Path" dopé par la présence aux vocalises de l'étonnante Sandra Nasic (Guano Apes). On l'a compris, si Amplified : a decade reinventing the cello, a la charge de dresser un panorama honnête de l'oeuvre d'Apocalyptica, il rappelle que le groupe n'est jamais aussi bon que lorsqu'il se limite à briller avec ses violoncelles. Tout simplement.