Les cinq années qui nous séparent du dernier opus studio d'Apocalyptica n'ont pas été de tout repos pour les Finlandais qui après la tournée Shadowmaker ont enchaîné avec une autre pour célébrer les 20 ans de la sortie du cultissime Plays Metallica by four cellos. Ils ont du aussi faire face au nouveau départ de Antero Manninen, un des membres d'origine qui écrit son histoire avec le groupe en pointillés. Ils ont pris le temps en 2019 de composer un album qui sort au tout début de l'année 2020 et qui porte le nom judicieux de Cell-0. C'est un zéro qui signifie le retour aux origines (ou presque) mais on peut également le lire comme un "o" pour faire "cello" (violoncelle en anglais pour ceux qui ne le sauraient pas). C'est donc presque un retour aux fondamentaux car l'album est totalement instrumental, exit les prestigieux guests, exit aussi Franky Perez (chanteur attitré sur l'album précédent aussi guitariste chez Scars on Broadway), on revient à la base : les violoncelles. Presque car les Scandinaves n'ont pas pu se défaire de la batterie (et de quelques samples), instrument que l'on ne trouvait pas il y a 20 ans (elle apparaît sur leur quatrième LP Reflections), mais coupons court à un éventuel suspens, Cell-0 est l'album qui se rapproche le plus de Cult !
Apocalyptica a retrouvé toute sa verve, toute son énergie et n'a plus besoin de laisser de la place pour le chant, travaillant sans cesse ses cordes pour faire vivre ses compositions, ultra dynamiques, très chargées en émotions et qui touchent régulièrement au sublime. Comment ne pas succomber à la beauté cinématographique de "Rise" ? Comment ne pas se faire bouger par la vitesse de "En route to mayhem" ? Comment ne pas se faire chahuter par "Fire & ice" (qui pourrait être repris à la guitare par MetallicA) ? Comment ne pas être ému par " Catharsis" ? La bande de Perttu Kivilaakso et Eicca Toppinen (qui signent quasi tous les titres, ne laissant que "Scream for the silent" à leur clavier/batteur Mikko Sirén) est clairement au sommet de son art. Le titre "Cell-0" est un des morceaux qu'il faut avoir écouté en ce début de décennie, alors si tu ne le connais pas encore, prends 10 minutes et pose-toi pour profiter de ce "Cell-0" magistral : à son introduction "classique", le combo ajoute rapidement de la nervosité et lance plusieurs pistes qui se croisent et se recroisent pour aboutir au thème principal qui est une cascade de "riffs" clairement jouissifs (tu te souviens du kiff "Hail of the mountain king" en live, et bien, on est sur ce niveau-là d'excitation...), accalmies et nouvelles accélérations se succèdent avec une variété de tons et de sons qui font de ce morceau la pièce maîtresse d'un album qu'on peut qualifier de chef d'œuvre.
En plus, les clips sont aussi exceptionnels, le packaging ressemble à un petit livre (avec une brochure) avec de très belles photos. Non vraiment, le groupe prévoit de tourner au moins deux ans (et de passer par chez nous) et oui, l'année 2020 commence très bien.
Publié dans le Mag #41