Another Moon | Sick Sad World [Split] Ruins of a forgotten world... Alors là, avant même d'aller plus loin, rendons hommage au graphiste, auteur d'un artwork de très grande classe, qui plus est parfaitement dans le ton de la matière audio que recèle ce split partagé entre Another Moon et Sick Sad World. La transition est du reste toute trouvée puisque le responsable de la création graphique n'est autre que Englar aka Seb aka... Another Moon (la logique est imparable).
Architecte de ce "one man band" (découvert sur la compilation Falling down), c'est donc lui qui ouvre d'ailleurs les hostilités de Ruins of a forgotten world avec "There will be no sunshine anymore", petite merveille d'alliage ambient/rock/postcore euphorisant et cathartique qui, quasiment 12 minutes durant, transporte son auditeur dans un autre monde. Une dimension parallèle, univers alternatif dans lequel les "Ruins of a forgotten world" sonneraient le glas d'une civilisation dont le temps serait désormais révolu. Des crescendo appuyés par la voix du chanteur de SSW venu le temps d'un titre, apporter sa contribution hurlée aux travaux d'Another Moon, des arrangements subtils et raffinés, pour un résultat qui nous projette en pleine figure des émotions brutes qui trouvent leur écho dans "The end of all things", magnifique épitaphe musicale de cet univers à haute densité passionnelle, enfanté de toutes pièces par Seb/Englar.
De son côté, Sick Sad World donne dans le metal à tendance hardcore/screamo/post-core sauvage (rayer la mention inutile), impétueux et subversif, en alternant les chants, mélodiques/écorchés, autant que les montées en pression qui parsèment un "White room" massif et chargé en riffs cautérisants à souhait. Les guitares bien saignantes, la rythmique lapidaire, le double chant à l'ambiguïté schizophrénique et paradoxalement, des éléments rock alternatifs dilués dans un mélange de metal alternatif et de hardcore effervescent ("Heads"), SSW est du genre volcanique, imprime sa marque et délivre un troisième titre en forme de manifeste presque nihiliste. L'ensemble étant d'une remarquable cohésion, une forme d'harmonie sombre et destructrice qui trouve son aboutissement dans le chaos ambiant, une oeuvre aux résonances terriblement contemporaines.