Metal Métal > Anorak

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"Anorak, c'est un mec qui hurle, deux gars qui grattent et un type qui frappe..." dit la page MySpace du groupe. Et bien vous savez quoi ? On a dit ça, on a tout dit. Sinon on peut ajouter qu'après avoir voulu se lancer dans le prêt-à-porter de luxe hivernal pour cosmonautes aigris (c'est tout un concept), un échec cuisant... le groupe a donc décidé de canaliser sa frustration en mettant leur rage brute en musique. Le résultat s'est donc naturellement appelé Anorak et après une démo 4 titres finalisée en 2006 et un EP composé de 7 morceaux paru en 2008 (Faces of cruel kids on rotten walls), voit les frenchies publier leur premier album long-format en 2009. Son titre : My own haze.

Anorak / Chronique LP > Go up in smoke

Anorak - Go up in smoke Sorti comme son prédécesseur, le sauvagement efficace Sick, via l'excellent Basement Apes Industries (Cortez, Death Engine, The Prestige...), le troisième album des discrets mais souvent imparables Anorak déboule sans crier gare en crevant la fumée ambiante pour découper les enceintes à coups de riffs tronçonneuse et désencrasser les amplis bien comme il faut avec son cocktail hardcore-rock-punk qui ne dépareillerait pas forcément du côté de l'écurie Deathwish Inc. (Converge, Loma Prieta, Modern Life Is War, Touché Amoré pour ne citer qu'eux). Malheureusement pour elle, l'entité picarde a vu le jour sur le vieux continent et en paie certainement le prix en termes de notoriété et d'attractivité médiatique. Musicalement par contre, ça gère toujours aussi bien.

Car sans se poser de question, le groupe met d'entrée une énorme pression sur l'auditeur avec une doublette "I've never been." / ". part of you" dont les deux parties se répondent mutuellement et agressent littéralement un auditeur venu se faire gueuler dessus pendant les quelques onze pièces de choix que compte ce Go up in smoke. Un disque produit par un Clément Decrock au cœur de son Boss Hog Studio (General Lee, The Gay Corporation...) parce que Kurt Ballou était trop loin et trop occupé à usiner les trois quarts des formations hardcore punk rock/metal qui comptent depuis bien dix ans (Converge et autres Kvelertak, Ken Mode Trap Them ou Code Orange Kids), mais mixé et masterisé par une grosse pointure de sa catégorie puisque ce n'est autre que Nick Zampiello qui s'y est collé. Le bonhomme est derrière les finitions de quelques bestioles signées Converge, Gaza, Knut ou encore Unsane.

Résultat : ça gueule (beaucoup), ça envoie les décibels (au moins autant que ça gueule) se fracasser contre les quatre murs du studio, ça s'offre quelques effusions hardcore de toute beauté, deux ou trois poussées de fièvre fleurant bon le vieux grindcore des familles et surtout une grosse rasade de groove rock'n'roll mis au service d'un "hargne-core" de premier choix. Pas très original (encore que) mais rudement bien troussé du début à la fin sans négliger le milieu (au hasard "Go up in smoke" ou "Deserve your meat"). Que ce soit en jouant la carte de la délicatesse toute relative ou de l'effusion de sang à la bestialité décharnée ("Damaged this day", "Empty bottle of a full life"), Anorak met du cœur à l'ouvrage et les tripes sur la consoles de mix afin de faire cracher le feu à ses instruments. En conjuguant férocité pure et maîtrise formelle implacable ("Horror for trance"), les Amiénois allient à la quasi perfection puissance comme vélocité, une certaine élégance dans la mise à mort auditive (le diptyque "Red cellar part I & II", "Blacklash") et une envie manifeste d'en mettre plein partout ("Vain"). Efficace.

Anorak / Chronique LP > Sick

Anorak - Sick Il faut être honnête : on a souvent tendance à aller jeter une oreille ou deux de l'autre côté de nos frontières histoire de bien voir que l'herbe est souvent plus verte ailleurs. Notamment en matière de hardcore metal qui dépouille. Oui, mais pas toujours. Parce que là, dès "Long black half hair", titre inaugural de Sick, sorti chez la crème des labels indie hardcore hexagonaux, Anorak fait parler la poudre d'entrée de jeu et réduit l'auditeur en chair à canon en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Un riffing qui concasse les neurones par pack de douze, rythmique infernale flirtant avec le grindcore des familles et hurlements corrosifs de rigueur, le groupe met d'entrée les c... sur la table de mixage, enlève le haut et annonce la couleur. En gros ça va chier... et pas qu'un peu.

Les attaques de guitares semblent ne jamais pouvoir cesser, pas plus que les soubresauts métalliques discontinus d'un groupe qui carbonise les amplis en bucheronnant ses instruments avec un "Wood philosophy" sous haute tension punkoïde. Lancés à plein volume, les Anorak lâchent les chevaux et distillent alors un "Covered with mud" hardcore'n'roll taille XXL aussi dantesque que subversif, bientôt suivi d'un "The mirror building" bien velu techniquement parlant et sur lequel ils montent en pression à une vitesse pas possible pour en mettre plein partout dans les enceintes. Saignant et salvateur, le groupe butine les conduits auditifs et n'en perd pas une miette, surtout que ça continue encore comme ça jusqu'au terme de l'album, avec notamment un "Crowded sunny streets" qui tranche dans le gras à la scie-sauteuse et balance du parpaing façon café-crème dans la face de l'auditeur.

Sick est un brûlot HxC punk métallique à lui tout seul, un condensé de rage brute et rock'n'roll biberonnée à la testostérone depuis le premier âge. On le sait : Anorak, ça joue vite et ça frappe fort, à tel point que l'on a l'impression de passer l'album à se faire gueuler dessus par un "Guru" qui se serait levé du mauvais pied, avant en plus de se prendre un dernier double coup de rein avec "Sticky sand" et enfin le compresseur "Demonstrating my slime". Là autant dire que la répétition des uppercuts commence sérieusement à se faire ressentir, le groupe flirtant parfois avec une légère redondance qu'annihile rapidement son implacable force de frappe... et les décharges de haine qui l'accompagnent. Parfois un brin facile mais invariablement efficace. Redoutable même. Compactant les membranes comme personne, l'album empile les riffs les plus carnassiers qu'il a à sa disposition et dévore la bande son comme un chien enragé, conséquence logique de l'appétit féroce avec lequel il pilonne les tympans depuis la première seconde, une frénésie maladive qui contamine l'auditeur à une vitesse folle et met tout le monde d'accord. Ce Sick-là est certainement la branlée hardcore du moment.

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Anorak / Chronique LP > My own haze

Anorak - My Own Haze Alors celui-là, pour réchauffer les corps au cours des hivers les plus rudes, c'est efficace. Comme palliatif à la gueule de bois de la veille, c'est pas mal aussi. Faut dire qu'en l'état, ça débroussaille bien les tympans, ça enfonce les cloisons auditives et ça percute à tout va : "ça", c'est Anorak, un combo bien de chez nous dont le gros son fait brutalement du bien par où ça passe. Un mec qui gueule, deux autres qui ferraillent leurs guitares comme des furieux, un dernier qui cogne sur ses fûts comme un forcené, forcément, quand c'est bien fait et que ça envoie du lourd à la sauvage, difficile de ne pas se laisser tenter par cette petite séance de concassage de tympans.
Sur des fondamentaux hardcore surpuissants, ceux qui se définissent aussi comme des "sons of Botch" (forcément tout un programme donc), mettent tout ce qu'ils dont dans les entrailles pour faire un maximum de bruit. Et c'est le cas. Plans massifs qui nous arrivent en pleine tronche et en frontal façon Converge, segments destructurés à la Dillinger Escape Plan, largage métallique kärcherisant qui n'est pas sans évoquer les très cultes Coalesce, Anorak veille à en mettre plein les conduits. Autant dire qu'on en prend pour notre matricule. Mais là, où le groupe se distingue, c'est dans son approche très rock'n roll de la chose. Il brutalise et a-"mosh" oui, mais place également au beau milieu de tout ça quelques lignes de gratte bien senties.
Metal hardcore rock foudroyant, le groupe se plaît à mélanger les genres et rendre sa musique la plus furieuse possible en oeuvrant autant sur la puissance du metal et la hargne du HxC que sur le feeling d'un rock corrosif et burné à souhait. Le résultat est là, on ne sait jamais exactement à quoi s'attendre, tant sur des titres de la trempe d'un "On a plate" ou "Human sponge story" que sur l'éponyme "My own haze". Certes, la musique d'Anorak s'adresse foncièrement aux metalheads furieux mais la capacité dont fait preuve le groupe à savoir s'ouvrir à autre chose lui offre le privilège rare mais mérité de s'extraire aisément de la masse de ses contemporains ("Kids of God"). En clair, le groupe sort du lot et envoie du gros son à travers les enceintes. Sanguin, furieux et efficace. Pouce en l'air.