Annihilator

Annihilator / Chronique LP > Ballistic, sadistic

Annihilator - Ballistic, sadistic 17ème album, les enfants ! Ballistic, sadistic est le 17ème album de Annihilator, groupe mené d'une main de fer par l'inégalable Jeff Waters. "L'homme qui a décliné l'invitation de Megadeth, préférant poursuivre l'aventure avec son groupe dont il est la tête pensante" (ça doit être une tradition canadienne, le guitariste-chanteur de Anvil, le bien nommé Lips, ayant quant à lui décliné le poste de porte flingue de Lemmy dans Motörhead) est en grande forme et, comme pour Fear chroniqué dans ces pages il y a quelques années, je te conseille d'avoir le cœur bien accroché pour supporter la secousse.

Car en 45 minutes sonnantes (voire bruyantes) et trébuchantes, Annihilator va proposer ce qu'il sait faire de mieux : délivrer des brûlots thrash en mode rouleau compresseur. Et dès "Armed to the teeth" ouvrant le disque, le groupe entre dans le vif du sujet avec une succession de riffs décoiffants, de soli de Waters reconnaissables entre mille, et d'une rythmique imparable. Et bonne surprise, le chant se révèle de bonne facture. "The attitude" enfonce le clou avec son introduction typée black qui pourrait faire office de musique de fond d'un combat dans Super Mario et les trois minutes punky thrash qui suivent. Et aucun temps mort ne sera accordé à l'auditeur qui pourra se délecter de morceaux "fun" et mélodiques ("Psycho ward", "Lip service" assez épique) et de missiles atomiques (l'intro de "I am warfare" est saisissante de technicité, et le pont sur fond de rafales de coups de feux est glaçant ; l'ultra rapide "The end of the lie").

Bien entendu, les guitares sont savoureuses (toutes proportions gardées, bien sûr) et que ce soit quand il bûcheronne à tout va des riffs puissants en mode power chords, ou quand il délivre des soli aussi rapides que percutants, Jeff Waters est au sommet de son art. La maîtrise de l'instrument n'est plus à justifier, et le bon boulot abattu pour les voix (car c'est lui qui gère le lead depuis trois albums) est à souligner. Les arrangements sont aussi complexes que subtils ("Dressed up for Evil") et parfois même surprenants (le pont clair de "One wrong move"). Le charismatique leader d'Annihilator n'en est pas à son coup d'essai et malgré des décennies vouées au thrash, on sent dans les coups de médiator du canadien cette passion pour ce style dont il est l'un des représentants les plus emblématiques. C'est presque parfait (la seule faute de goût, c'est ce son clair de guitare ici et là, vraiment cliché), si bien qu'on donne déjà rendez-vous au quatuor pour de nouvelles aventures et surtout un aussi bon disque !

Publié dans le Mag #42

Annihilator / Chronique LP > Feast

Annihilator - Feast Avant de te lancer dans la lecture de cette chronique (et surtout dans l'écoute de Feast, nouvel album d'Annihilator), je voudrais que tu me signes une décharge de responsabilité. Tu n'es pas cardiaque ? Pas de problème de hochement de tête ? Pas de trouble de tremblement au niveau des guiboles ? Non, parce que là, on n'est pas là pour rigoler. C'est du sérieux !!! Je t'aurais prévenu. Tu vas prendre une claque dont tu n'es pas prêt de te remettre.

Tout le monde connaît Annihilator. Enfin presque. Pour résumer rapidement, c'est le bébé thrash metal de Jeff Waters, guitariste canadien et seul membre d'origine de ce mastodonte. Niveau riffs et soli, Jeff n'est pas le dernier à en découdre. Et plutôt que de succomber aux offres alléchantes de groupes comme Megadeth pour rejoindre leurs rangs, notre bonhomme a toujours privilégié SON groupe de toute une vie. Grand bien lui en a pris. Si bien que le groupe canadien sort en cette fin d'été son 14 ème album. Contre vents et marées, Annihilator est toujours de la partie, pour mon plus grand plaisir.

Le menu est riche : en plus de l'album, Waters et sa bande ont mis les petits plats dans les grands en offrant en guise de bonus un skeud compilant quinze de ses meilleurs titres réenregistrés pour l'occasion. Idéal pour le novice ou le fin connaisseur de la discographie du groupe de découvrir ou redécouvrir les brûlots issus de la riche discographie d'Annihilator.

Mais je vais m'intéresser à la nouveauté si tu me le permets. Scotché par le précédent album éponyme (ça va faire hurler Nasty Samy mais c'est avec ce disque que je me suis intéressé à la carrière du groupe), je me demandais comment le groupe pouvait rebondir après un disque intense et riche en riffs et soli. Pas d'inquiétude, Jeff Waters et Dave Padden, son fidèle acolyte depuis plus de dix piges, ont en sous le médiator. Les amateurs de riffs aiguisés et de technicité guitaristique (car je ne parle que de la guitare, le basse batterie étant un tel rouleau compresseur) ont auront pour leur frais. On a véritablement affaire à de véritables techniciens virtuoses et complémentaires. La production est quant à elle puissante et précise. Et même si les gars s'aventurent dans d'hasardeuses contrées (funky/néo métal avec"No surrender", ballades incompréhensibles avec "Perfect angel eyes"), c'est toujours dans les chemins du thrash métal speed et riffmique (contraction de riff et de rythmique) qu'Annihilator est le plus fort : "Deadlock", ouvrant le disque, est imparable, "No way out" est phénoménal, "Demon code" est... démoniaque. Le chant de Dave Padden se fond parfaitement dans le décor sombre et excitant des compos thrash. Bon dieu, ça va vite, c'est ultra précis et parfaitement exécuté. Annihilator n'oublie toutefois pas de glisser quelques riffs mélodiques ultra puissants ("Demon code", "No way out", "Fun palace") laissant ainsi s'exprimer le talent vocal de Dave Padden. Dommage toutefois qu'il soit employé au détour de quelques titres différents effets de gratte démodés et clairement dispensables.

Il est évident que Feast peut paraître indigeste et difficile d'accès au vu de la richesse des guitares et de la rapidité d'exécution proposées par Waters & Co. Mais les amateurs de thrash et de soli à gogo se feront une joie de retrouver sur disque Annihilator, groupe authentique et clairement en forme olympique mené d'une main de maître par Jeff Waters, guitariste de génie au style parfaitement identifiable. J'adore !