Dix ans après ses premiers émois, Anna Sage sort un premier opus sans titre et sans trop de fioriture, il s'agit surtout pour les Parisiens de tout défoncer en 11 pistes plutôt qu'en 6 comme sur leurs deux précédentes productions. Je n'avais cité que The Dillinger Escape Plan pour les comparer il y a quelques années, à cette référence, j'en ajoute trois autres du même tonneau : Botch, Converge et Norma Jean. Tu vois le genre ?
Celui qui ne prend pas de pincettes pour régler les amplis et les pédales, ça doit être distordu et fort, ça doit s'égosiller pour te transpercer les tympans, ça doit te foutre les neurones en l'air et ne pas te laisser le temps de comprendre d'où est venue la torgnole. Anna Sage continue donc de nous servir un chaos à l'américaine comme si c'était facile (alors qu'en fait, non) avec en plus du flux tendu de grosses baffes, des séquences glaçantes de maîtrise où ça ne fait pas que blaster juste pour te foutre la chair de poule, à ce titre "Lost in a frame" est certainement mon titre préféré. Parce que oui, si ça concasse à peu à près à tous les étages, les mecs arrivent à donner des particularités à leurs morceaux si on s'en approche d'un peu plus près, ainsi "Walls of hate" est la plage screamo à l'excès avec quelques voix claires, "V" se repère avec sa montée en puissance carrément saturée, "Sinner ablaze" bénéficie de superbes sons de grattes plus clairs qui surnagent, "Hostile cage" est un peu la version métal du "cri" d'Edvard Munch...
Les idées s'enquillent, se suivent et ne ressemblent pas forcément chez Anna Sage qui réussit à toutes les amalgamer dans leur HxC chaotique ciselé et ô combien efficace malgré une évidente complexité d'écriture. Bravo.
Publié dans le Mag #51