AmenRa : Mass IIII Qu'est-ce que tu croyais ? Qu'Amen Ra allait éclaircir sa musique pour faire comme beaucoup (Isis, Cult of Luna) ? Qu'ils allaient raccourcir les titres et leur donner des noms qui sonnent pour obtenir des passages en radio ? Qu'ils allaient mettre des couleurs pastel et jouer la surexposition pour nous éblouir ? Sérieusement, t'y croyais ? Non bien sûr, avec le quatrième épisode massif de leurs aventures sonores, Amen Ra s'enfonce encore plus loin dans le côté obscur du post-hard-core, va remuer les vases les plus turbides et continue de nous labourer les tripes sans ménagement. Certes on trouve toujours un peu de chant clair de temps à autres (quelques passages de "Silver needle, golden nail" ou "Razoreater") et tous les morceaux ne commencent pas avec les potards à fond mais ce Mass IIII est suffisament lourd, puissant et incisif pour être le nouvel étalon de l'armée américaine dans les prisons cubano-irakiennes pour ce qui est de la torture mentale à l'aide de musiques diaboliques. Sauf que pour le coup, MetallicA va passer pour un groupe de baltringues auprès des talibans. Avec son rythme infernal même s'il n'est pas franchement rapide, Amen Ra plaque des sols et nous plaque au sol, les riffs se suivent, se ressemblent, s'affrontent pour s'élever et trouver un peu d'air mais bien souvent retombent lourdement sur nos nuques.
Si les Flamands se jouent des chiffres romains, ils se servent du latin pour donner un titre à une de leurs compositions, "Thurifer et clamor ad te veniat", incisif puis envahi par les larsens, le morceau s'abandonne finalement au calme le plus complet, se meurt et la machine à riffs dévastateurs se remet en route, rugit une dernière fois et termine l'opus comme il recommence, par quelques mesures de tranquillité sourde et inquiétante. Et si les titres sont parfois donnés en anglais, néerlandais et français, les textes sont tous quasi impossibles à déchiffrer, braillé dans un anglais qui décape le gosier et qui est la marque de fabrique d'Amen Ra moins identifiable quand le chant s'évapore ("Terziele").
Dans la descente aux enfers, Mass IIII est la marche qui suit fort logiquement Mass III, attention à ne pas la rater...