All Pigs Must Die - Nothing violates this nature Deux grosses années après le parpaing en pleine face que constituait God is war, le premier album du quartet américain, voici que les garçons bouchers de la scène crust/hardcore/punk sauvagement burnée remettent le couvert avec un Nothing violates this nature qui, dès son titre et le morceau d'ouverture des hostilités, annonce la couleur : ça va tronçonner et pas qu'un peu. On vient de le sous-entendre, ce "Chaos arise" chargé de re-mettre les compteurs dans le rouge et rappeler à quel point All Pigs Must Die a la rage chevillée au corps (à corps... ou hardcore) et ne fait pas les choses à moitié. Et ça s'entend d'entrée avec ces quelques 2'47'' d'une première chevauchée guerrière qui n'est pas sans rappeler le meilleur de Cavalera Conspiracy avec un zeste d'Entombed.

On passe les détails inutiles et on va à l'essentiel, soit là où le groupe donne dans le gros son qui tamponne sec. Le rush en format coup de poing fracassant et d'ailleurs la suite, "Silencer" en tête, n'en démord pas : APMD a faim et ne peut combler son appétit féroce qu'en dévorant goulument des montagnes d'amplis de manière à faire saigner les tympans et carboniser les enceintes (un "Bloodlines" de cogneurs). Le groupe a le goût du sang et son riffing carnassier s'en ressent, tout comme l'usage de la double-pédale, habitée par une frénésie décharnée, qu'il en fait ("Primitive fear") ; entre accélérations sulfuriques dynamitant des lignes de grattes explosives et un groove teigneux collant littéralement l'auditeur au fond du siège (en témoigne notamment "Holy plague" et sa décharge de décibels particulièrement haineuse).

La formule utilisée est connue, largement usitée par ailleurs mais la bande emmenée par Ben Koller ne compte pas la souiller en faisant n'importe-quoi. Au contraire, si le groupe a calibré son album à la demi-mesure près, c'est pour faire de son rendu final quelque chose d'extrêmement compact et rugueux ("Of suffering", "Aqim siege"). Parfois misanthrope aussi, sans le moindre temps mort, au bord du nihilisme forcené mais également souvent avec un certain esprit rock'n'roll qui lui sied parfaitement ("Sacred nothing"), All Pigs Must Die, toujours hébergé par la mini-major du Hard extrême qu'est Southern Lord, rend ici une copie parfaitement implacable ("Faith eater", "Articles of human weakness"). Un album de crust/hardcore/punk noir à la Discharge, Negative Approach ou Integrity, sale, puissant et charbonneux, un cocktail aussi ravageur que primitif, pour un placage auditif en bonne et due forme. Brûlant.