Aleska (2018) D'où vient le nom Aleska ?
Il faut qu'on avoue que ça a été une grande aventure de trouver un nom pour le groupe ! En écoutant de la musique depuis un ordinateur à cette époque, on parcourait les dossiers et on est tombé sur le Self titled de June Paik, un groupe de screamo allemand, paru en 2006. "Alesk" est le titre de la deuxième piste de cet album et on s'est dit au même moment que ça sonnerait très bien pour le nom du groupe.

Vous avez travaillé la production en interne, c'était important de pouvoir maîtriser cet aspect-là de l'enregistrement ?
Le but avec cet album était de proposer quelque chose de plus abouti au niveau de la production que le précédent. Nous avions eu plusieurs fois des remarques quant à la qualité de production du premier album et on voulait absolument avancer sur cet aspect. Le problème pour tous les groupes est le même : une bonne production ça coûte de l'argent et il faut avoir les capacités d'investir financièrement sur le projet. On s'est alors dit qu'on allait faire le maximum de choses par nous-mêmes pour pouvoir travailler dessus jusqu'à ce que l'on obtienne exactement ce que l'on avait en tête, et c'est ce qu'on a fait. Je pense que ça a été très important pour tout le monde de pouvoir prendre le temps d'enregistrer et de tenter plusieurs choses sans avoir à se soucier du temps que ça prenait.

Qu'est-ce qui a fait le plus de différences avec l'album précédent qui n'avait pas une production aussi propre ?
Comme je l'ai dit précédemment, ce qui a fait une grosse différente est le fait que nous n'avions pas à nous soucier du temps que nous mettions à travailler sur certaines choses, que ce soit pour l'enregistrement ou le mixage. Le premier album avait été enregistré en 4 jours sans pouvoir vraiment peaufiner le son ou travailler sur les arrangements. Le fait de ne pas subir cette pression du temps qui passe comme dans un studio, ça aide énormément à être détendu pour faire des prises et ça laisse surtout le champ libre de pouvoir tester tout ce qui nous passe par la tête.

Vous arrivez à écrire des titres rock et d'autres métal, des plages très longues et d'autres plutôt courtes, ces mélanges sont réfléchis ou simplement le résultat de vos séances de compositions ?
C'est 90% du temps le résultat de séances de compositions car on trouve la plupart de nos plans en faisant des bœufs pendant nos répètes. On aime varier les types de compositions, donc si on se retrouve avec plusieurs compos trop similaires, ça peut arriver qu'on se limite un peu plus dans le travail des suivantes. Mais ça reste assez rare tout de même et en général, on n'a pas vraiment à réfléchir à tout ça. On essaye au maximum de développer ce qui sort sur le moment et le mélange de nos influences fait le reste je pense.

Les titres de l'album racontent une histoire, là encore, l'agencement suit un canevas pré-écrit ou le hasard fait bien les choses ?
Les textes et le chant sont la dernière chose que nous travaillons sur une composition. Les thèmes peuvent être variés et on ne va pas forcément chercher un lien entre les différents titres. L'agencement des titres sur nos albums est avant tout décidé en fonction de la musique et non pas des textes. Donc je dirais que le hasard fait parfois bien les choses !

L'opposition Construire / détruire est un thème récurrent dans le post hardcore, ce n'est pas un peu trop bateau ?
C'est vrai que ça revient souvent, mais c'est probablement parce qu'on n'en a encore pas fait le tour. Nous voulons avant tout que ceux qui lisent nos textes puissent se les approprier et les interpréter en fonction de leur vécu et de leur vie. Je pense que beaucoup de groupes ont le même objectif et que c'est un thème qui se prête particulièrement bien à ce genre d'exercice.

"Quand la lumière disparaît" est un très bon titre, pourquoi ne l'avoir mis qu'en bonus sur certaines éditions ?
Au moment de décider l'agencement des titres, il a fallu faire avec les limitations imposées par le pressage vinyle au niveau du temps disponible par face. On a testé plusieurs agencements et dès que l'on essayait d'intégrer ce titre, on trouvait qu'il avait difficilement sa place au milieu des autres. Comme il fallait écarter une compo de la version vinyle, c'est pour cette raison qu'on a choisi d'en faire un bonus qui ne serait disponible que sur une version CD limitée vendue en pack avec le vinyle.

Vous éditez un superbe vinyle, vous êtes collectionneur ?
Déjà, merci pour le qualificatif de "superbe" ! Je ne peux pas dire que l'un d'entre nous soit particulièrement collectionneur. On écoute tous la plupart du temps notre musique en numérique et personnellement, j'achète principalement des versions CD la plupart du temps. Ça ne nous empêche tout de même pas de nous offrir quelques vinyles de temps en temps. On voulait vraiment sortir une version vinyle et on en avait souvent la demande donc les choses sont arrivées naturellement.

Aleska - Construire ou détruire Vous sortez aussi une split K7 avec Yarostan, comment s'est monté ce projet ?
Au moment où nous étions prêts à faire presser l'album, nous avons décidé de contacter des labels et de mener en parallèle une campagne de financement participatif qui ferait office de précommande. Pas la campagne où on demande 50 € aux participants pour juste citer leur nom sur une page Facebook comme on le voit malheureusement très souvent. Mais une campagne qui expliquait clairement que les gens pouvaient pré-commander l'album et les T-Shirts pour nous permettre de réunir les fonds nécessaires à toute la production. Je tenais quand même à le préciser. Après avoir contacté un grand nombre de labels, le seul avec qui nous avons pu mettre quelque chose en place est Zegema Beach Records d'Amérique du Nord. N'ayant pas de gros moyens pour nous aider au pressage des vinyles, il nous a proposé de nous produire une split K7 avec le groupe Yarostan qui sortait également un LP. On a été enchantés par l'idée et on a accepté immédiatement. On remercie au passage Dave qui gère ZBR pour son soutien et sa gentillesse !

Vous êtes familiers des splits, si vous pouviez choisir avec qui partager le prochain, ce serait qui ?
Je pense que pour rêver on répondrait tous sans hésitation Envy ! Mais ça restera un rêve !

Côté concerts, ça joue surtout par chez vous, quelqu'un s'occupe de vous trouver des dates ailleurs en France ?
Non, nous n'avons personne qui s'occupe de ça pour nous. On cherche nos concerts de nous-mêmes et on essaye d'organiser le plus de choses possibles. Mais c'est très souvent beaucoup d'efforts et de temps et on ne peut pas tout faire en même temps. Il faut aussi faire avec le fait qu'il y a de moins en moins d'endroits pour jouer et que ce style de musique n'enchante pas vraiment les organisateurs car ça n'attire pas particulièrement les foules !

La scène post-hardcore française est très riche, c'est un avantage ou un handicap ?
Le post-hardcore est aussi un style très riche avec beaucoup de mélanges. Plus on avance dans le temps, plus il devient difficile de coller des étiquettes sur les groupes qui sont souvent de gros mélanges de plein de genres. Je pense que ce sera toujours un avantage qu'il y ait plein de groupes pour faire vivre la scène. Je trouve ça plutôt rassurant de voir qu'il y a toujours plein de groupes qui se forment alors qu'il est très difficile d'organiser des concerts, de trouver des lieux pour jouer et de faire déplacer le public. Ça montre que l'envie est plus forte que tout et que les groupes ne se laissent pas décourager par le climat actuel sur cette scène en France !

Et la proximité avec l'Allemagne n'offre pas des facilités pour aller jouer hors de nos frontières ?
On compte justement sur la sortie de ce nouvel album pour nous faire connaître un peu plus en dehors des frontières et pouvoir voyager un peu quand l'occasion se présentera. L'Allemagne revient effectivement très souvent quand on parle de scène qui bouge, alors c'est un objectif pour nous !

C'est quoi le planning de l'été ?
Pour le moment, nous avons une date avec State Faults et Shirokuma qui nous font l'immense honneur de partager l'affiche avec eux le mardi 16 juillet à Metz. On est très fiers de pouvoir rencontrer ces deux groupes hallucinants qui sont des pointures dans le genre il faut dire. On attend également de nombreuses chroniques et reviews avec impatience pour savoir comment est accueilli ce nouvel album. Pour le reste, on devrait rapidement se remettre à composer pour préparer la suite tout en continuant à chercher des dates et à développer des contacts.