Akphaezya Fell down the veil En temps normal, il n'est déjà pas évident de suivre un groupe qui se définit comme prog/avant-garde, mais là, je prends le train Akphaezya en marche pour le tome qui clôt une histoire débutée en 2008 (avec le chapitre 2) et poursuivie en 2012 (avec le chapitre 4). De cette aventure, on a donc dans Fell down the veil le début (Anthologie I), le cœur (Anthologie III) et la fin (Anthologie V) qui nous sont révélés dans des textes et des images très soignés, le concept est poussé très loin (avec des titres "annexes" qui complètent l'univers comme des articles de journaux), l'ensemble est remarquablement présenté, mais s'adresse surtout aux connaisseurs du groupe ou à ceux qui voudront creuser une intrigue riche et complexe commencée il y a plus de 15 ans !

Le quatuor d'Orléans a pris son temps pour donner naissance à cette œuvre totale (le combo a prolongé l'expérience en vidéo avec le clip de "Dissociative identity disorder" pour être visible/audible sur tous les supports et utilisé tous les moyens d'expression pour toucher son public) et on peut imaginer que les 45 minutes de musique ont été plus que réfléchies tant certaines compositions sont riches. Entre rock et metal alternatif, Akphaezya progresse en aventurier sur des terrains qui n'assurent pas tous la sécurité de l'auditeur, on peut ainsi se faire emporter par une folie jazzy ou un break fusion slappé au détour d'une mesure qui semblait plutôt docile. Avec un thème général qui nous envoie à l'asile, on peut se dire que la petite bande souffre d'un trouble dissociatif de l'identité qui l'empêche de suivre une seule et même voie ("Nauseating blend"). En fonction des goûts de chacun, les morceaux trouveront donc plus ou moins leur public, en ce qui me concerne, j'ai été particulièrement accroché par "A mother last will" avec ses mélodies renforcées par le piano et la voix de Nehl Aëlin, par "Case 24-135" avec un son plus lourd, du double chant et un sacré groove, ou par "The other face" avec une jolie allure post-rock pour la lecture du dernier mot de l'auteur.

Il faut aimer prendre des risques pour se plonger dans Fell down the veil, d'abord le risque de ne pas tout comprendre immédiatement de ce qui se trame dans ce récit protéiforme, ensuite, celui de se confronter à une musique qui pourrait nous bousculer car elle ne suit aucun code, enfin le risque de devenir accro et de vouloir finalement tout comprendre et donc de poursuivre l'aventure en retournant à ses origines.