Ahimsa : fight club Ahimsa : fight club
Allez c'est parti ! Pour faire suite à la chronique précédemment postée, je me demandais quand vous aviez formé le groupe, et à partir de quand vous aviez commencé à enregistrer ?
Thibaut : Ça date d'à peu près un an, donc juin dernier. La première c'était "Home". C'était un projet qu'on avait commencé à monter avec Yohann et on a commencé à maquetter, puis on a présenté ça à des amis. Il y avait Nico, Bruno qui ont rejoint par la suite le groupe. En Juillet on a composé, et en août on a été enregistré chez Bruno qui avait tout le matériel.


D'accord, donc ça ne vous a pas coûté un sou. Comment ça s'est passé ? c'était entre potes ?
Yohann : Oui, c'était entre potes. On a de la chance d'avoir des amis qui travaillent dans le milieu de la musique avec tout le matériel nécessaire.
T : ça nous a permis d'enregistrer avec une qualité correcte.

C'est ce que je me disais, pour un premier EP ils ont un bon son. C'est étonnant parce que les groupes font généralement appel à des studios qui rendent un son pas toujours net, un peu crachouille, et au final c'est un peu la déception.
Y : Heureusement on a eu la possibilité de le faire, et après on a fait le mixage en septembre et l'EP est sorti à la fin du mois en téléchargement gratuit parce que ça correspondait vraiment à notre démarche de distribuer librement notre musique. Ca nous intéressait de part la qualité de l'EP qui est correcte, mais qui n'est pas encore à la hauteur d'une sortie analogique.
T : On s'est dit qu'on ne pouvait pas se permettre de vendre notre premier EP, qu'il fallait d'abord se faire connaître, et le téléchargement permet de le faire plus facilement. Les gens n'ont pas de scrupules à télécharger notre musique qu'ils partagent sans problème et c'est comme ça que ça passe le plus vite.

Par rapport à la chronique j'ai sorti pas mal de références, donc des choses comme Cult of Luna, The Ocean, Envy..., mais quelles étaient vos groupes d'influences à la base quand vous avez commencé ? Vous écoutez beaucoup de métal, ça s'est sûr, et le côté samples donc alternatif du rock plus aérien, médiéval aussi un peu avec la guitare acoustique. C'est toi qui t'en occupe Thibaut si je m'en rappelle bien.
T : Oui, en fait. Tu citais Cult of Luna tout ça et en fait on a découvert tout ça après. En fait, on est tous issu chacun de milieux différents. J'écoute beaucoup de trip-hop, du classique, du piano, mais après en métal c'était surtout du post-hardcore. Après, il y a aussi Carpathian, la Klonosphère et tout ce qu'il y a dedans : The Alchemist Element... En fait on a essayé de mélanger le côté un peu death et post-hardcore, l' émotionnel en plus. Yohann a surtout apporté le côté death.
Y : Oui, j'écoutais du death, beaucoup de death mélodique à la base, un peu de black, du trash aussi, du thrash de la BRA, du hardcore aussi mais c'est plus Thibaut qui a apporté ce côté-là. Je ne connaissais pas trop la scène hardcore, moi j'aimais le doom dans le métal pour le côté émotionnel , le côté plaintif, le côté mélancolique. C'est vrai que c'est ce qui nous a rassemblé. Notre point commun avec Thibaut au niveau musical c'était Hacride, la Klono en général, surtout sur leur vision toujours novatrice pour mélanger des styles différents. Par exemple, on prend Trepalium qui mélange la musique un peu jazz avec du gros death, et pour nous c'était de la liberté musicale, de faire de la création quelque chose de pas commun. On ne voulait pas ressembler à un groupe. On avait nos influences et on essayait de se servir de celles-ci à travers notre musique.
Miko : Moi je suis plutôt ricain niveau musique. Parkway Drive, Killswitch Engage. Je suis très metalcore.

Ahimsa : Art work C : C'est bon ça ! D'ailleurs Parkway Drive va sortir un nouvel album le 28 juin.
M : Oui, ils ont mis en ligne de nouveaux morceaux. Après j'écoute du deathcore un peu plus violent comme All Shall Perish. Au début on m'a proposé de jouer Ahimsa et j'étais un peu surpris, mais bon j'ai essayé parce que j'aimais beaucoup le côté émotionnel, et que ça ressemble pas à ce qu'on entend d'habitude. Mais j'ai bien aimé parce qu'il y a des trucs très aériens, il y a une profondeur et c'est très intéressant.
Y : C'est qu'on a pas mal d'influences. Personnellement j'écoute beaucoup d'électro. Et puis, il y a toute l'influence artistique, tout ce qui est peinture, sculpture. On s'inspire pas mal du monde réel, des émotions, des rencontres humaines. Chaque émotion qu'on va ressentir on va essayer de les garder pour essayer de les retranscrire. C'est pas toujours facile mais en tout cas on essaye. C'est une façon de s'évader.
M : Tout le monde a déjà écouté une musique et ressenti quelque chose, et qu'en trouvant un riff on peut exprimer cette émotion.

Mais d'ailleurs dans vos textes, il y a certaines parties que je n'arrive pas à saisir du fait du chant hurlé. Est-ce que les textes sont toujours recherchés ou est-ce que c'est plutôt un exutoire avec des textes pas toujours approfondis ? Comment ça se passe à ce niveau là ?
T : Pour les textes, c'est relativement recherché. Ils racontent l'histoire d'un homme qui se retrouve seul, qui s'endort. Il est dans un rêve. Dans son rêve c'est la nature, et quand il se réveille dans un appartement pourri, il commence à péter un plomb. On voulait retranscrire ça. Il se pose beaucoup de questions. Il se demande où va l'homme parce qu'on parle beaucoup de psychologie humaine. C'est beaucoup de questions sur l'avenir, après pendant le sommeil c'est plutôt de la contemplation. Il contemple la nature, l'homme est à sa place, et quand le rêve est terminé il se retrouve dans le monde réel.

C'est la réalité triviale, banale du réel.
T : C'est ça.
Y : Après, les paroles sur "Unanswered" contiennent beaucoup de métaphores. Quand on a construit l'EP on est parti sur un concept, l'histoire qu'on t'a racontée, et les paroles sont venues après.

C'était plus par rapport à l'ambiance.
Y : Oui, surtout par rapport à ça. Il y avait des scènes, des moments clés dans la vie de notre personnage, et on a construit cette musique par rapport à cette histoire.

D'ailleurs, il y a une vidéo assez énigmatique sur votre MySpace où l'on voit un homme dans un hôpital psychiatrique si j'ai bien compris. C'était ça l'idée ?
Y : Oui c'était ça, parce normalement ce sont des plans vidéos d'arrière-plan sur scène, et on a construit cette vidéo par rapport à l'histoire. C'est juste un trailer qui présente les différentes phases de l'histoire.

Ahimsa : clair/obscur Ahimsa : clair/obscur Je voulais aussi vous questionner sur des groupes de la scène métal dans la région, au niveau des potes et des gens que vous connaissez en général. Qui sont ceux que vous soutenez et qui sont dans la même optique que vous en matière de promotion, de téléchargement gratuit.
T : Au niveau du téléchargement gratuit, on est pas nombreux.
Y : Il y a Mindslaved qui se sont mis au téléchargement gratuit. On a fait un concert avec eux, on a bien sympathisé. C'est du mathcore.

Du mathcore ? Ah faut tester, à voir.
Y : Il y aussi des samples derrière. Et flyingdeadman qu'on aime beaucoup aussi. Ils nous ont invité sur deux dates, dont Le Ferrailleur à Nantes. Hacride, aussi qu'on suit. Je connais le chanteur depuis quinze ans, et il nous a permis de découvrir Mistaken Element.
M : Sinon du happycore aussi.
Qu'est-ce que c'est ?
Y : Tu vois Blink 182 ?
Oui.
Y : Eh bien ça, mais en plus bourrin.

C'est bien ! J'ai plein de références d'un coup. Et au niveau de l'album, j'ai vu qu'il y avait un album en préparation est-ce que c'est vrai ?
T et Y : Oui c'est vrai mais on prend le temps.
Vous pensez en tirer quelques exemplaires pour les envoyer à la presse ?
Y : On ne sait pas encore. On veut d'abord le composer. On se concentre dessus.
M : On est dans le délire dans la composition pour l'instant, et on a pas encore penser à la distribution. On verra sur le moment.
T : Selon les opportunités et selon le marché de la musique, car si ça se casse encore la figure, le téléchargement reste la meilleure solution.
Y : Personnellement j'ai un rêve. J'aimerais qu'on fonde un label pour regrouper des groupes qui mettent leur musique en téléchargement gratuit, faire leur promotion, les faire tourner. Il faudrait que les scènes soient réceptives, que les bookers jouent le jeu, que la culture soit accessible à tous. Pourquoi ne pas retourner à un système plus underground ? Un retour à la scène là où l'artiste s'exprime le plus.

Ahimsa dans la lumière Ahimsa dans la lumière Je suis totalement d'accord parce qu'un artiste à la base est fait pour gagner sa vie sur scène. Le CD est un moyen de se faire connaître et ensuite les gens se déplacent vers les scènes pour voir les groupes. Avant tout ce ne sont pas les CDs qui font gagner son salaire à l'artiste, alors qu'un concert on gagne 150/200 euros sur la soirée. Il faudrait en faire un maximum et pouvoir en vivre. Je suis d'accord avec ça, ça permet de faire la promotion.
Y : Les gens ont toujours un peu peur du hardcore. Ils ont peur de retrouver des cadavres dans les salles (rire général).

Les programmateurs n'ont pas forcément le même âge que nous, ils ne connaissent pas bien le hardcore.
Y : De toute façon la France a jamais été rock'n'roll. Tu vois l'Angleterre, les Etats-Unis, les pays nordiques, c'est autre chose.

C'est vrai que la musique extrême passe mieux là-bas, ça fait partie de leur culture.
Y : Les gens sont trop frileux ici. Les musiques underground ont du mal à se développer. Pour moi le métal, le Jazz et l'électro sont les seules musiques qui restent libres de s'exprimer sans contraintes.
T : Voilà, je pense que soit tu fais de la musique soit tu fais de l'argent mais tu ne peux pas faire les deux.

Faut malheureusement avoir une vie professionnelle et à côté faire de la musique.
M : On ne veut pas faire de la musique pour que les gens aient un air dans la tête. On veut qu'ils aient une émotion dans le cœur plutôt.
Y : C'est complètement utopique de dire "moi je veux vivre de ma musique, je veux être une grande star".
T : On a des trucs à dire et on veut les gueuler, et ça me fait un bien fou.

Oui ça s'entend (rire collectif). Et pour l'album vous n'avez pas une idée de quand vous l'aurez terminé ?
Y : Je pense que ça n'est anodin pour personne dans le groupe. On veut prendre le temps, ça fait déjà un an qu'on compose l'album. C'est un an tous les jours. J'ai pas envie d'avoir honte. On ne va pas sortir un riff pour un riff. Faut prendre le temps, chaque événement de notre vie nous affecte et s'en servir. Ce sont des émotions, une part de nous-mêmes.
M : Pour l'instant, on va continuer à faire ce qu'on fait, peu importe que les gens aiment ou non.

On espère ! Je vous fais confiance. A très bientôt pour la suite !