Abysse - I am the wolf On s'en doutait un peu mais I am the wolf est un chef d'oeuvre. Abysse n'est pas le genre de groupe à composer les albums à la chaîne et à garder toutes les idées pour envoyer une dizaine de nouveaux titres tous les deux ans, non, ils sont plutôt du genre à prendre leur temps pour écrire le plus bel album possible. Et c'est ce qu'ils ont (encore) fait. J'ai beau écouter et réécouter cet opus et je ne lui trouve pas le moindre défaut. Tout est simplement parfait.

Si tu trouves que l'artwork qui sert de pochette est excellent (et pas uniquement parce qu'il rappelle Ghost, le loup de Jon Snow), ouvre le digipak et prends une deuxième claque, celle qui t'invite à ouvrir les portes de l'esprit ("Animi limina") avant de te faire découper par la troisième lame, un tombeau inquiétant et son pas tout à fait squelette pas tout à fait humain, pour paraphraser la locution latine, toutes les pages blessent, la dernière tue. Même si, "ça tue" à tous les niveaux. Bluffant. C'est qu'on n'a pas l'habitude de se foutre de la gueule du monde chez Abysse...

Musicalement, c'est une démonstration de ce que doit être un album de métal instrumental moderne, avec ce qu'il faut de progressif, de tranchant, de technique, de mélodie, de dynamique, de créativité, d'expérimentations pour plaire à chacun tout en restant cohérent du début à la fin. Des sons dantesques (celui de la basse est - aaaargh - un délice, succulent quand il est couplé au voyage aventureux des guitares de "Frozen flesh"), des rythmiques infernales (le break très post hard core de "Architecture of bones"), des envies de headbang et de danse porte-nawakesque ("Reality & secret"), on trouve de tout dans cet album millimétré d'une richesse infinie et ultra captivant bien que dénué de chant (à part les quelques mots samplés qui donnent son titre à l'album I am the wolf), preuve s'il en fallait encore que certains groupes feraient bien de passer plus de temps sur leurs riffs que sur leurs vocalises.

Après un très classe En(d)grave, Abysse enchaîne donc avec une nouvelle pièce maîtresse qui pourrait même séduire ceux qui détournent leur chemin quand ils entendent les adjectifs "prog" ou "instrumental". Ne perds pas davantage de temps avec cette lecture et file les écouter, on ne t'en voudra pas.