Abysse - End(d)grave Beaucoup avaient découvert Abysse, véritable phénomène ambient-(post)metal instrumental frenchy, par le biais d'un EP inaugural assez épatant pour un premier effort : revoici le groupe passant cette fois l'épreuve du long-format avec un album finement baptisé En(d)grave. Lequel fait oublier Le vide est forme en même pas deux titres à la maestria formelle étonnante comme aux qualités artistiques ébouriffantes. "Eagle of Haast" et ses presque neuf minutes de virtuosité sensorielle et de puissance déflagratrice mâtinée d'esquisses mélodiques aux vibrations telluriques, plonge dès les premières secondes de l'album l'auditeur dans les abîmes de l'oeuvre du groupe. Techniquement irréprochable, celui-ci érige des murailles sonores, accélère ou ralenti le rythme selon ses désirs et conserve de bout en bout cette maîtrise étourdissante ("Ten thousand changes", "Mastodon").
Un bulldozer ambient/death-métallique/progressif instrumental à la lourdeur obsédante, des formats régulièrement étendus (Abysse s'exprime bien mieux sur six à huit minutes que sur 3'30''), des soli qui en mettent plein la vue (voire un poil trop cf: "The forest monument" ou "Light for wheke" sur lesquels le groupe joue au Dream Theater- like alors qu'il n'y était pas vraiment obligé), et un psychédélisme massif doublé d'une intensité palpable ("Sharp & chrome", "Golden life"), quelques plans Gojiresques assez déments, les Choletais sont régulièrement très impressionnants d'aisance. Et surtout, sur quelques quarante-cinq minutes que compte l'album, parviennent à ne jamais faire sombre l'auditeur dans les affres de l'ennui. Malgré quelques petites absences de prise de risques notables, sinon quelques facilités, les frenchies donnant parfois l'impression de ne savoir faire que cela (mais dans le même temps d'exceller dans ce domaine), En(d)grave est un excellent exercice de style et même un peu plus dès lors qu'il immerge son auditeur dans des profondeurs émotionnelles prégnantes. On regrettera juste que ces musiciens soient peut-être un peu trop de brillants techniciens se reposant sur ce bagage au point d'en oublier parfois le reste.