On va calmer tout de suite les excités du détonateur ayant raté deux/trois visites chez leur barbier syndicaliste préféré (donc comme chacun sait gréviste invétéré), ce n'est pas parce qu'il est fait mention d'un prophète et d'une prostituée dans le titre et dans le contenu du deuxième album d'Abraham (putain on avait oublié le nom du groupe en plus...) que cela doit embraser les deux tiers d'une région du monde. En plus, il n'y a pas dessin d'illustration faisant polémique. Non mais on dit ça parce qu'en plus, les suisses n'y sont pour rien. Ils cherchaient un titre et un concept pour leur album, flânaient sur un marché ou une brocante quelconque et sont tombés un peu par hasard sur un bouquin d'un certain J.G Rawls leur inspirant ce The serpent, the prophet and the whore. Oui le titre on sait.
Le papelard en question a pour titre The chronoception (tu ne sais pas ce que c'est ? tant mieux nous non plus à vrai dire) et parle d'un type sans nom tombé un beau jour du ciel pour se retrouver à devoir ramper à travers les plus bas recoins et tréfonds inhospitaliers de ce monde. S'il n'est pas à proprement parler une réelle adaptation musicale du roman, l'album en est une sorte de métaphore, lui offrant d'explorer ainsi l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus sombre, violent, désespéré et en même temps mystique. Le tout en usant à loisir d'un cocktail sonore particulièrement robuste et bien détonnant que l'on qualifiera de post-hardcore speedé, mâtiné de relents grind/punk bien charnus (en témoigne le salement violent et néanmoins épileptique "Start with a heartbeat"). En matière de hard qui déracine un chêne centenaire, les suisses savent y faire et le prouvent ("Man the serpent" trempé dans un noisecore acide) avant de partir en vrille sur un "The great dismemberment" dément de par sa folie décharnée comme sa frénésie rythmique acharnée.
Si l'on parlait plus haut de l'hyper-susceptibilité de certains dès que l'on aborde la thématique d'un prophète, Abraham met les pieds et les cojones dans le plat sur des titres comme "New king, dark prophet" ou "This is not a dead man, yet" pour lesquels il tranche franchement dans le lard avant de jouer la carte de la lapidation rythmique de premier choix et de balancer les restes aux cochons (oui on a osé...) sur le très cru et sanguinaire "Carcasses". On arrête là les analogies douteuses avant de se prendre une Fatwa sur la tête et on repart s'offrir une petite descente aux enfers, le regard brouillé par des vapeurs d'acide et l'atmosphère littéralement asphyxiante d'un "The chymical fiancé" vicieux et erratique, mais étrangement hypnotisant avec son climax final à la férocité barbare équarrissant les tympans au cran d'arrêt. Un ultime assaut ? Le groupe prépare le terrain avant de se lâcher une dernière fois avec "Dawn"... et ainsi faire définitivement succomber l'auditeur aux charmes vénéneux d'un disque redoutable, au titre génialement polémique par les temps qui courent. Abraham est grand.
Chronique LP / The serpent, the prophet & the whore
Abraham
LP : The Serpent, the Prophet & the Whore
Label : Pelagic Records
Date de sortie : 01/10/2012
LP : The Serpent, the Prophet & the Whore
Label : Pelagic Records
Pelagic Records (835 hits)
Date de sortie : 01/10/2012
Start with a heartbeat
Man the serpent
The great dismemberment
New king, dark prophet
This is not a dead man, yet
Carcasses
The chymical fiancé
Dawn
Man the serpent
The great dismemberment
New king, dark prophet
This is not a dead man, yet
Carcasses
The chymical fiancé
Dawn
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