Metal Métal > 20 Seconds Falling Man

Interview : 20 Seconds Falling Man, 20 Seconds Interviewing Man (avril 2024)

Interview : 20 Seconds Falling Man, 20 Seconds Falling Man : un an après le Hellfest

20 Seconds Falling Man / Chronique LP > Resilience

20 Seconds Falling Man-Resilience On pouvait se dire qu'il ne serait pas évident de donner une suite à un Void particulièrement remarquable d'efficacité... Mais c'était sous-estimer 20 Seconds Falling Man qui sort un nouvel album tout simplement magistral. Pas moins.

Ce que j'aime dans le post hardcore, c'est le mélange, plus ou moins subtil, des atmosphères, des idées, des sonorités, l'amalgame entre les temps calmes, la tempête et la progressivité qui peut lier le tout. Riche en sentiments et provoquant de vives émotions, ce style peut paraître assez "codé", et c'est en respectant les règles de ce jeu que les Nantais avaient publié un très bon Void. Avec Resilience, ils s'affranchissent davantage des figures imposées, apportent de la complexité, davantage de nuances et poussent bien plus loin le curseur des sensations et ne commettent aucune erreur tout au long des 7 plages, tant tout finit par sembler intuitif et cohérent. Si "In the gloom" semble attaquer "simplement" le sujet, rapidement, on se prend à séparer les couches de guitare et se demander comment ils ont pu avoir l'idée de mêler ces sons, varier ces rythmes et oser ce passage éthéré, aussi poignant que le suivant est destructeur. La plupart des combos du genre étirent leurs morceaux pour y caser toutes leurs envies, pas de ça ici, tout est, en général, condensé en 4-5 minutes, tout doit fonctionner immédiatement, comme si le temps était compté. Attention, des frissons me parcourent l'échine, "Resilience" et son riff principal, sourd, serpentant sous la peau, vient d'entrer en résonance avec des sonorités plus claires et un chant aérien qui finit par s'écorcher. Tu sais déjà que tu écoutes une masterclass quand le break laisse de la place à quelques accords qui remobilisent tout ce petit monde pour un final dantesque.
C'est ultra impressionnant, mais que dire de "Shadow of the past" dont la puissance énergétique monte crescendo ? Quelle folie ! Qu'est-ce que ça doit être en live ?! L'air est saturé, la couleur passe du black au gris clair en un clin d'œil, c'est magique. "Crossroads" gronde, déchire la partition, alourdit un tempo qui subit les changements de direction d'un "Fear of the unknown" aussi difficile à canaliser qu'à terminer. Dynamisme rageur et clartés inquiétantes sont les maîtres mots de l'explosif "Our life is now", tandis que "New moon" panse nos plaies avec un très joli riff en sonorités peu distordues et renvoie à Void.

Dans un style où les groupes sont nombreux à s'exprimer et à maîtriser les codes, 20 Seconds Falling Man fait le break avec un album abouti et spectaculaire. Ils sont désormais dans la cour des grands, des très grands même. La résilience est la capacité à faire face à un choc, il va en falloir à ceux qui vont écouter cet album sans y être préparé. Même toi qui finit la lecture de cet article, tu ne l'es pas assez...

Publié dans le Mag #60

20 Seconds Falling Man / Chronique LP > Void

20 Seconds Falling Man - Void Si tu penses qu'il suffit d'être Nantais pour ouvrir une journée au Hellfest sur la Valley, tu te trompes, les 20 Seconds Falling Man méritent amplement leur place aux côté de Regarde Les Hommes Tomber vs Hangman's Chair, Year of No Light, Ufomammut ou EyeHateGod (pour ne citer que quelques groupes qui joueront sur cette scène ce jour-là) et on te conseille d'être d'attaque à 10h30 ce dernier jour du festival si tu ne veux pas te prendre une trop grosse claque et avoir du mal à t'en remettre.

Pour anticiper la souffrance, rien de mieux que de s'y habituer ! Alors plonge dans le Void que le groupe vient de faire paraître, un premier long format après 10 années d'existence, deux EPs et une cover de The Cure. 6 titres assez homogènes (tous font pas loin de 6 minutes) où le post-hard-core règne en maître, influencés par Cult of Luna (qui ne l'est pas dans ce registre ?), les cinq Mariligériens ne prennent pas beaucoup de risques misant beaucoup sur l'efficacité et l'implacable lourdeur de leurs atmosphères. Les alternances sont soignées, les parties claires très légères se fracassent sur le mur de plomb des moments chaotiques, l'ensemble sonne très bien (bravo à Christophe Hogommat, batteur des Dust Lovers) et ce qui m'impressionne le plus, c'est cette qualité de son du côté des guitares. Même saturées, elles ont l'air assez "pures", 20 Seconds Falling Man arrive à envoyer des parpaings sans forcer dans les graves, entre les écorchures vocales et les riffs, la tension monte très vite et quand ça pète, le rouleau compresseur ne passe pas que par les basses fréquences. Et quand les guitares ne suffisent pas à calmer le jeu, le groupe appelle en renfort la chanteuse Jyl Rats pour un "Sleeping beauty" plus planant et moins conventionnel.

Void est donc une énième preuve de bonne santé du post-HxC tricolore qui voit ses anciens confirmer leurs forces et de petits "nouveaux" pointer le bout de leur nez sans avoir à rougir de la comparaison avec leurs aînés.

Publié dans le Mag #51