20 seconds falling man Les artworks semblent lier les deux albums, sont-ils connectés ?
Maxime : Tout à fait, nous avions pensé à la dualité vide/acceptation dès le début de la conception du premier album Void, et les dernières notes de Resilience sont un rappel à l'intro du premier. Les deux albums forment ainsi un diptyque. Les deux artworks ont été créés par Jeff Grimal. Nous sommes tous fans de son travail dans le groupe, nous lui avons laissé beaucoup de liberté, mais nous voulions effectivement deux artworks qui se complètent et se répondent.

S'il ne fallait en écouter qu'un, ce serait lequel ?
Maxime : Pour se pencher sur l'univers du groupe, je préconiserais de commencer par le deuxième Resilience qui est plus nuancé, avec plus de mélodies et d'espoir. Je pense que c'est une bonne porte d'entrée pour s'intéresser à Void qui a un côté plus radical au niveau des émotions.

Resilience semble davantage porté sur l'humain et les sentiments, c'est un sujet difficile à aborder ?
Arnaud : Absolument pas. En effet, les thématiques du groupe ont toujours tourné autour de la bêtise humaine et de son déclin. Pour ce nouvel album, nous avions la volonté d'y mettre quelques notes d'espoir. Autant musicalement que dans des textes. On y aborde notamment l'importance des choix, l'ouverture aux autres ou encore la résilience nécessaire pour construire et apprendre de nos erreurs. Il semblerait qu'on a encore envie d'y croire finalement. (rires)

Les titres sont un peu plus courts, c'est un hasard de la composition ou une volonté ?
Maxime : C'est totalement un hasard. Quand on compose, on ne fait pas particulièrement attention à la longueur du morceau. Tant qu'on ne s'ennuie pas, le morceau peut durer longtemps. Je pense que ça dépend de pas mal d'éléments, mais c'est finalement l'oreille qui choisit !

Réussir à surmonter les épreuves, c'est une force ou une nécessité ?
Maxime : Je pense que cela est de plus en plus une nécessité car les générations à venir vont être de plus en plus concernées par des enjeux décisifs pour l'humanité. Ce n'est pas pour autant que c'est facile, et ça demande une sacrée force que l'on n'est pas toujours en capacité d'avoir. C'est ça qui créé des traumatismes finalement.

Les compositions sont plus complexes et torturées que sur Void, comment expliquez-vous cette évolution ?
Maxime : C'est intéressant ce que tu dis, car on a au contraire tendance à dire que Resilience est plus nuancé et avec plus de notes d'espoir que le précédent. Mais peut-être que les nuances font ressortir plus fort les passages torturés ? Concernant la complexité, ce n'est pas spécialement volontaire de notre part, nous sommes partisans de l'efficacité surtout, on a composé et écrit ce qui nous touchait, sans réfléchir à vouloir faire particulièrement compliqué.

J'aime beaucoup "Shadow of the past" qui a une dynamique incroyable, il y a des titres, comme celui-là, qui vous procurent plus de plaisir à jouer en live ?
Maxime : Merci beaucoup ! C'est aussi un morceau que j'aime énormément, et c'est probablement notre morceau le plus violent en termes de tempo et de dissonance (rires). On éprouve vraiment beaucoup de plaisir à jouer les nouveaux morceaux de Resilience en tout cas, cela fait un bien fou de jouer de nouvelles choses en live, et l'on passe par de nouvelles émotions que le groupe n'avait encore jamais proposé auparavant.

En quoi la release au Ferrailleur "marque un tournant dans l'histoire du groupe" ?
Maxime : Pour la première fois, nous avons vraiment mis un accent fort sur la conception de notre "spectacle", avec un énorme travail en amont sur le son, les lumières et la disposition scénique que nous avons pu faire en résidence au Ferrailleur. Nous remercions d'ailleurs énormément Tracass Asso qui nous a permis ça ! Nous avons vraiment développé l'univers live du groupe, et c'est également la première fois que nous jouons un set de plus d'une heure ! C'est là que ce concert marque un tournant à mon sens.

20 Seconds Falling Man-Resilience Le post-hardcore semble un peu "fermé" sur lui-même avec des festivals totalement tournés vers ce style, avez-vous aussi ce ressenti ?
Maxime : C'est là une question qui demande une réponse en demi-teinte (rires). On est bien conscient que ce genre de musique est assez difficile à appréhender. Il y a des émotions fortes, cathartiques que tout le monde ne peut pas ressentir au premier "coup d'oreille". C'est d'ailleurs souvent tout blanc ou tout noir du côté du public : devant un concert de post-hardcore, soit tu es pris par les tripes de la première à la dernière note, soit tu restes de marbre. C'est là la difficulté je pense pour les groupes dans ce style à trouver leur public, qui est finalement très spécialisé et donc plus difficile à rencontrer. Il n'empêche que cela peut fonctionner : nous avons eu la chance de jouer dans un festival au Zénith Nantes Métropole devant un gigantesque public que l'on pourrait décrire comme "généraliste", qui était plutôt venu pour voir Zaho de Sagazan, et personne n'a fui durant notre concert !

Et donc, à choisir, vous préférez jouer avec des groupes du même genre ou mélanger les univers ?
Maxime : On aime mélanger les univers. Premièrement car le post-hardcore, c'est lourd émotivement, donc ça reste chouette à petite dose et, deuxièmement, car si cela peut permettre à des gens qui viennent d'autres scènes de découvrir le style... et vice versa ! C'est gagnant-gagnant ! C'est pour ça que l'on tenait à inviter Tickles pour notre release party. Ils font du noise-rock / post-punk très rythmé, et on est très fans de leurs sons !

Pas de Hellfest cette année, vous êtes déçus ?
Maxime : On a déjà pu y jouer en 2022, et ça ne fait que deux ans, alors on ne va quand même pas se plaindre ! (rires) Pour ma part, j'y serai avec mon autre groupe Stinky sur la Warzone.

À part le festival Post in Paris, on pourra bientôt vous voir en concert ?
Maxime : Oui, nous avons confirmé une date en dehors des frontières pour cette année, et nous travaillons en ce moment même sur quelques dates en mai puis en septembre en France...

Qu'est-ce qui pourrait faire que le groupe se développe encore davantage ? Un label ? Un tour-support ? Un clip qui dépasse les 100 000 vues ? Un featuring ?
Maxime : On peut prendre une part de chaque ? (rires) Plus sérieusement, comme dit précédemment, nous avons un public assez ciblé, donc un tour-support serait probablement le plus simple pour aller à la rencontre de notre public.

OK, alors avec qui aimeriez-vous partager une tournée ?
Maxime : Sans aucune surprise, nous rêverions de jouer avec Amenra, Cult Of Luna, Envy, voire même une reformation d'Isis tant qu'on y est, mais il y a aussi des groupes dont nous sommes tous fans et qui ne sont pas forcément dans notre registre, je pense à Metz et Chat Pile dans un registre noise-rock, ou Mono et AA Williams dans un registre plus post-rock...

Et y a-t-il des pays où vous aimeriez donner des concerts plus que d'autres ?
Maxime : Déjà pouvoir partir au Royaume-Uni, en Europe de l'Est et en Scandinavie, ça serait un joli défi, mais je pense que ce qui nous ferait le plus rêver serait l'Islande.

Vous êtes autoproduits, même pour éditer le vinyle, vous n'avez pas trouvé de label ? Ou vous n'avez pas cherché, préférant tout gérer ?
Maxime : Nous avons eu quelques échanges avec des labels, mais aucun n'a pu satisfaire les deux parties, donc nous avons préféré continuer en autoproduction pour cet album. Ça ne veut pas dire que nous sommes fermés pour la suite de l'aventure !

Vous fêtez vos 15 ans cette année, quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?
Arnaud : En réalité, le groupe a été mis tellement longtemps en standby et le line up a tellement bougé que nous avons l'impression d'avoir repris un nouveau projet en 2017. Quoi qu'il en soit, quand on prend le temps de regarder dans le rétroviseur, on s'aperçoit qu'on a eu la chance et l'opportunité de réaliser beaucoup de super projets depuis le début du groupe. Nous sommes super fiers du chemin parcouru. On peut finalement dire que le 20SFM d'aujourd'hui est la somme de toutes nos expériences passées !