ÆGES - The Bridge Connu des suiveurs attentifs de l'actualité musicale comme le side-project de Larry Herweg (Tusk et surtout Pelican), AEGES est un quartet nord-américain pratiquant un mélange détonnant de metal alternatif mélodique et de post-hardcore/punk sur-vitaminé, qui livre au printemps 2012 son premier essai discographique sous la forme d'un The bridge long-format, sorti par l'intermédiaire de la référence The Mylene Sheath (Caspian, Constants, Gifts from Enola, Junius...). Un premier disque qui s'affranchit rapidement de ses frontières stylistiques un peu trop rapidement apposées au dos d'un groupe qui donne autant dans le gros son bien charpenté que dans quelque chose s'inscrivant dans la plus pure tradition du rock alternatif/post-hardcore/punk US des années 90/2000.

Entre "Wrong" et "Medicine", les Américains inaugurent leur album en déballant d'entrée de jeu une palette artistique dont la créativité dynamite les espaces mélodiques. De la puissance foudroyante à revendre, un caractère épique pour donner du souffle à l'ensemble et une vraie modernité dans son approche artistique évoquée précédemment : il ne manque plus qu'un single et on ne saura plus où ranger AEGES. Lequel se fait un malin plaisir de nous mettre face à nos ficelles rédactionnelles en servant un cocktail pop/rock vs emo-post-metal outrageusement addictif, surtout marquant par son feeling décomplexé. Petites incisions vocales, gros clash instrumental, les nouveaux poulains de chez The Mylene Sheath y vont gaiement. Sur des titres fougueux et sauvages ("Doesn't feel the same", "Sent from Heaven (Rest in dirt)") ou plus mesurés, mais pas moins retenus, le quartet envoie les décibels, met une intensité palpable dans des compositions (l'éponyme "The bridge") et tape pile dans la cible.

S'il y a clairement du Failure en eux, un peu de Quicksand aussi, voire même un soupçon de Torche, les AEGES parviennent à développer leur griffe propre, entre surtension électrique et éclairs rageurs ("Roaches"), groove effleurant frontalement les contours d'un stoner-fuzz burné mais ténébreux ("The words we say"). En clair, le groupe maîtrise son sujet à la quasi perfection. Quasi oui, parce que s'il se rate dans les grandes largeurs sur un "I believe in ghosts" passablement ennuyeux, c'est pour conclure sur une très jolie note avec l'élégant et classieux "Fade out". Histoire de refermer ce premier effort discographique comme il l'avait ouvert : en s'imposant sans ciller.