Géniteur cette année d'une bande-son dédiée à un spectacle audiovisuel intitulé Elements, l'un des combos angevins les plus connus a plutôt bien passé le cap de la vingtaine. Zenzile a même apporté un peu de fraîcheur et de jeunesse en engageant une jeune artiste qui est née grosso modo à peu près au même moment que la formation du groupe. Mais n'en disons pas plus car Alex Raux, leur guitariste, s'est confié à nous tout récemment, entre autres sur ce nouvel album.
J'ai lu qu'on vous avait proposé de faire d'Elements un spectacle audiovisuel, est-ce qu'on peut considérer que si vous n'aviez pas eu cette proposition, ce dixième album aurait été complètement différent ?
Il est vrai qu'Elements est issu d'une carte blanche proposé par Frédéric Bélier-Garcia du Quai à Angers, mais après qu'il nous ait vu jouer notre ciné-concert "Berlin, symphonie d'une grande ville" à la Collégiale à Angers. Nous avons toujours voulu associer des images à notre musique, qui reste très cinématographique et donc assez adéquate aux divers ambiances d'images. Après Berlin, l'idée nous titillait vraiment mais plutôt que le film nous dicte quoi jouer, nous voulions créer la musique en même temps que notre "créateur d'images" le faisait. On peut dire, pour résumer, qu'Elements est la suite logique de Berlin, donc même sans la proposition du Quai, la musique aurait été similaire.
Pouvez-vous justement nous raconter un peu les étapes de réalisation d'Elements, comment vous avez travaillé, notamment avec Julien qui a créé les images du spectacle ?
Nous avons tout d'abord travaillé avec Thierry Charles qui était notre éclairagiste pour Berlin, et qui a beaucoup bossé sur les images à l'ancienne (rétroprojecteur, projecteur diapo...) avec des mélanges organiques, comme pouvaient le faire les Pink Floyd au club UFO dans les années 60 (gouttes de peintures, encres de couleurs) et des images qu'il avait en stock. Par la suite, nous avons continué le travail avec Julien, qui a lui bossé pas mal sur des mises en perspectives d'images via des montages avec son ordi, soit avec des choses qu'il avait filmé, soit certaines de Thierry retravaillées, etc. Au fur et à mesure que nous avons avancé dans la playlist pour les concerts, Julien nous proposait ses idées et nous échangions et enfin nous finalisions en résidence.
On ressent pas mal de moments de grâce très éthérés dans cet album avec des guitares très seventies par moments. Dis-moi, vous n'auriez pas replongé dans vos classiques de rock progressif et psyché ces dernières années ?
Nous sommes des mordus du son des vinyles, bandes (K7 ou magnéto) depuis tout petit, notamment grâce à nos parents qui avaient de bons disques comme les Beatles et autres Rolling Stones évidemment, mais aussi beaucoup de Pink Floyd et pleins d'autres choses assez étranges parfois, et avons tous une bonne collection de vieux disques dans pas mal de mouvements issus des années 70/80, donc de la Kraut Music, de la période punk, puis wave, du reggae des années 80, du studio à Nassau, le Compass Point studio de Chris Blackwell d'Island Records dans lequel beaucoup de groupes "blancs" allaient pour enregistrer de la musique hybride funk/disco/new wave de l'époque (Talking Heads, Tom Tom Club, Robert Palmer...) avec des musiciens de la Jamaïque. Il y avait également la superbe Grace Jones évidemment ! Donc oui, on a continué à écouter de la musique psyché et d'autres, mais comme c'était déjà le cas pour Berlin auparavant.
Vous aviez enregistré onze titres au studio Black Box avec Peter Deimel, vous en avez choisi neuf pour l'album. Peut-on s'attendre un jour à une sortie de ces deux titres "en trop" ?
Pour les titres non-exploités pour le disque, il n'est pas encore question de les sortir, soit parce qu'on s'est rendu compte en studio qu'ils n'étaient pas complètement terminés ou bien parce qu'ils ne correspondaient pas à l'histoire que l'on voulait pour l'album. Donc on verra en vieillissant ce qu'on en fera !
Une nouvelle voix est apparue sur ce nouvel album de Zenzile, celle de Zakia Gallard. Qui est-elle ? Comment l'avez-vous rencontrée ? Et pourquoi l'avoir choisie pour ce projet ? Est-ce qu'elle fait partie intégrante du groupe désormais ?
Zakia est la fille d'amis très proches de nous, musiciens également, son papa Nico a été le batteur de Lo'jo Triban, sa maman choriste de Lo'jo également puis chanteuse dans les Barbarins Fourchus de Grenoble. Ils ont tous les deux joué avec Zenzile, soit au chant ou aux percussions. On a donc connu Zakia dès son plus jeune âge. Nico a fait écouter un titre que Zakia avait fait à Vince (claviers), qui a trouvé ça super, et qui tombait à point nommé car nous cherchions une tierce voix pour l'album en plus de Vince et Matthieu (basse). Vincent lui a fait faire des essais sur 2/3 idées que nous avions dont le titre "Bird", puis nous a fait écouter et on a tous unanimement été d'accord sur le fait que cela le faisait et le ferait, et ça a été le cas !!! Zakia fait partie de notre famille, c'est sûr, elle va partir en voyage pour découvrir d'autres horizons, et l'on verra quand elle reviendra. Je pense qu'au même titre que la plupart des gens, chanteurs ou autres qui ont collaboré avec nous, ce n'est pas toujours facile d'arriver dans un univers où ces cinq gars vivent ensemble depuis une vingtaine d'année, même si on est les plus adorables des garçons du monde !
C'est un travail 100% angevin, si j'ai bien compris ? Ça doit être la première fois que ceux qui interviennent sur vos projets ou vos disques (en dehors de vous) sont tous d'Angers, votre ville ? Si oui, c'était le pur fruit du hasard ?
On n'a pas vraiment pensé à ça. En effet, ça s'est fait comme ça, sans y réfléchir plus que ça.
Est-ce qu'il vous reste encore des dates à faire ? Ou la tournée est terminée ?
Il nous reste quelques dates, grâce d'ailleurs aux Burning Heads qui nous invitent sur cinq dates (du 24 au 28 octobre) pour fêter leurs 30 ans !
Quel est le bilan de cette tournée, est-ce que tout s'est bien passé comme vous le souhaitiez ? Des anecdotes peut-être à nous faire partager ?
Ouais, cette tournée s'est bien passée, le public a bien réagi à ce nouvel album et a répondu présent. Plus de dates auraient été agréables je te l'avoue, mais on vit tous, la population mondiale, dans une conjoncture qui fait que neuf personnes sur la route a un coût certain, et que cela n'est pas toujours facile à caler à priori.
Je me permets de revenir sur l'album précédent, le ciné-concert Berlin. Combien de temps a duré cette tournée avec ce ciné-concert ?
La tournée a duré à peu près deux ans et nous a amené à rejouer que tous les cinq, en mode instrumental, comme aux débuts de Zenzile. On a vraiment réapprécié cela car on jouait bien de nouveau dans une même direction puisque le film nous l'obligeait.
Quelles sont les choses positives à retenir de cette expérience ?
La création d'Elements, je dirais.
Et l'avez-vous jouée à Berlin ?
Non, nous n'avons jusqu'à aujourd'hui toujours pas joué Berlin à Berlin.
Vous avez fêté vos vingt ans cette année. Si vous aviez le pouvoir de voyager dans le temps et de vous rencontrer vous-mêmes lors de vos débuts, quelles seraient les choses que vous diriez à vos doubles jeunes ?
Ne rien lâcher et bien faire ce qui te semble être le mieux pour Zenzile.
Depuis le temps, est-ce qu'il vous arrive d'avoir des doutes au sujet de Zenzile, de la direction que le groupe doit prendre, des syndromes de la page blanche lors du processus de compositions, par exemple ?
On n'a jamais trop eu jusqu'à maintenant le syndrome de la page blanche, on est assez prolifique en terme de compositions, trop peut-être même. On compose généralement beaucoup de matières qui vont venir de chacun de nous tous et dont il va falloir un moment se poser pour écouter et se mettre d'accord sur la couleur que l'on a par rapport à la direction choisie au départ. C'est un peu ce qu'on se dit, en tout cas moi personnellement, tant que cela plait à chacun de nous, cela devra le faire car c'est nous, c'est Zenzile et personne ne pourra nous chier dans les bottes, car on fait ce que l'on ressent comme je te le disais plus haut, et voilà.
Vous gardez encore des contacts avec vos anciens collaborateurs ? Je pense notamment à Jamika, Sir Jean, Vincent Ségal ou encore David Alderman ?
Évidemment, nous sommes toujours en relation avec nos amis, Jamika, Vincent et Jay Ree qui vont venir jouer au Chabada avec nous pour fêter nos vingt ans. Dave va toujours super, j'ai un projet Glass où il chante pas mal de morceaux et on est toujours en contact très régulier. Quant à Jeannot, on va se revoir très bientôt sûrement car ça fait un bon moment qu'on ne s'est pas croisé.
En parlant de collaboration, il y a six ans, je vous avais demandé si on pouvait s'attendre à de nouvelles sorties "5+1 Meets X", vous m'aviez répondu que vous y pensiez à long terme. Alors, qu'en est-il en 2017 sur ce sujet ?
Inch Allah, ça pourrait pourquoi pas réapparaître. Qui sait ??!!
C'est quoi le programme de Zenzile pour les prochains mois, voire plus loin ?
Alors, ces prochains mois, on va composer de nouvelles choses, les enregistrer et essayer de les jouer devant des gens le plus rapidement possible. Sans trop rire, ça risque de ressembler à ça.
Merci à Vincent de Yotanka Productions
Photos : David Gallard (haut et milieu) & Titouan Massé (bas)
Publié dans le Mag #30