Zenzile - Electric soul En juin dernier, Zenzile faisait écho de la sortie d'Electric soul, son huitième album si l'on omet de compter ses nombreux EP et ses divers side-projects, en mettant à l'écoute sur son site web un premier single nommé "Stay". Un titre d'une ingénuité évidente mais quelque peu décevant qui nous a permis de découvrir le petit nouveau de la bande, le chanteur Jérôme "Jay Ree" El Kady. Pas forcément le meilleur moyen de nous mettre l'eau à la bouche même si les Angevins promettaient un retour au dub originel, ce dub organique chéri par les puristes du son, abandonné par certains au profit de pérégrinations électroniques. L'écoute de cette nouvelle galette rassure parce que la promesse est tenue.

Au jeu de la signification du titre de l'album, on découvre assez vite qu'Electric soul n'a (presque) rien d'électrique et ne sonne pas vraiment comme un disque de soul bien que quelques tentatives le soient ("Stay" et surtout la frémissante "Mad man machine"). Le constat est saisissant : Zenzile se métamorphose à chaque album. Une mutation qui nous a mené ces dernières années vers des contrées globalement rock voire pop et qui nous replonge aujourd'hui dans un milieu dub foncièrement familier (4 temps + basse lourde + skanks + effets machines) mais avec une exception et non des moindres : l'opus est entièrement chanté. D'une part par Jamika Ajalon : la tigresse américaine est toujours en place, sa voix nous captivant à travers son dub poetry mystique. D'autre part, par une nouvelle tête masculine qui décontenance par le caractère multiforme de sa voix : Jay Ree alterne au gré des morceaux flows hip-hop, vibrato reggae ou crooning soul avec un certain culot.

Mais la star et la surprise de cet Electric soul, c'est la participation du Jamaïcain Winston MacAnuff, dont la carrière fut relancée en France par le défunt label Makasound (Java, Curumin, Clinton Fearon), dans un registre totalement différent du sien habituellement. Avec "Magic number", Electric Dead (son autre nom) confine l'auditeur dans un univers lénifiant teinté d'une pointe de soul distinguée. Soulignons également que parmi ces neuf titres, "Over/Time" fait figure d'exception. Ce titre de plus de huit minutes se situe à la frontière du post-rock et du spiritual jazz et vibre par une linéarité rythmique où chaque instrument (y compris les cordes de Jamika) s'exprime librement de manière discontinue. Ce nouvel album clôture sur "Man made machine", chanson soul-blues nostalgique et entêtant, histoire de venir équilibrer l'ensemble porté davantage sur le dub et de rappeler à l'auditeur que le titre de l'album n'est finalement pas si saugrenu.