Zenzile-Pawn shop Nos angevins préférés font partie des meubles dans l'univers français du dub ou du moins ce qu'il en reste. Pour rappel, Zenzile, c'est treize productions, de différentes natures (collaborations ou non, LP, EP, en format sound system), depuis leur création, en 1995. Habitué ces dernières années à chambouler leur style et à aller piocher des influences comme le rock, l'électro ou le folk, cette formation n'a pas mise de croix sur son exploration musicale avec Pawn shop, son dernier album. Plus posé que le précèdent, Living in monochrome, qui était tourné vers le rock, ce sixième LP étonne par la prise de liberté et les changements d'ambiance des titres voulu par le groupe. D'abord, il y a ce son reconnaissable parmi tant d'autres. Cette basse ronde qui, bien que les parties dub se fassent de plus en plus rares ("Life's a dance", "White spirit"), reste ancrée dans les compositions. Puis dans un tout autre registre, la voix transportante et nonchalante de Jamika (n'oublions pas également celle de David Alderman, moins présente mais tout autant mystérieuse) reste une valeur ajoutée et devient plus que jamais la marque de fabrique de Zenzile (la slameuse américaine fréquente la bande depuis 2000 avec les fameuses sessions 5+1 et ce Zenzile meets Jamika). L'immersion entre les tentatives dub, downtempo, trip-hop, hip-hop, indie rock et pop donnent lieu à un savant brassage et laisse place à quelques surprises tels que "Fire eater", un concentré électro-pop dansant ou le dantesque "Caution horses". Ce dernier est un morceau aux effluves post-rock qui définit à la perfection ce qu'est une montée en puissance. Jouissif de bout en bout, d'autant plus que la voix tourmentée rappelle celle d'un Ian Curtis (Joy Division) ou d'un Dave Gahan (Depeche Mode). Et puis on ne peut parler de Zenzile sans évoquer les arrangements des sons, une potion magique dont eux seuls ont les ingrédients. Des effets en veux-tu en voilà, des nappes de claviers ou des arpèges de guitares qui embellissent les morceaux et leur donnent une couleur unique. Pawn shop, c'est un peu tout ça à la fois. C'est également 10 titres, qui comme ceux de leurs collègues de label Meï Teï Shô, sont bien élaborés, efficaces et d'un simplicité à toute épreuve. Espérons que cet album ait assez de valeur pour un éventuel prêt à gage. En tout cas, musicalement, elle est bien présente.