La formation, une fusion de Zenzile et High Tone, était de passage à la capitale le même soir que les Burning Heads à 200 mètres. Facile et commode de passer de La Boule Noire à l'Élysée Montmartre, pour assister à quelques titres en live et voir comment rendait ce projet. La reprise de la tournée et la sortie d'un EP était l'occasion rêvée d'échanger avec eux sur leur deuxième opus commun.
Zentone
En 2006, vous avez initié le projet commun Zentone. Quel a été le déclencheur, qu'est-ce qui vous a poussés à travailler ensemble ?
High Tone avait initié une série de collaborations avec les principaux groupes de dub français (Highvisators avec Improvisators Dub, Kaltone avec Kaly Live Dub et High Damage avec Brain Damage). Ils nous ont proposé de prendre la suite.
Pour revenir sur le nom, c'était essentiel de fusionner le nom des deux groupes et d'avoir une identité propre et différente de vos deux formations pré-existantes ?
Oui, je crois que c'est l'essence même du projet, mélanger les univers des deux groupes, afin de créer une nouvelle entité.
En 2006, vous vous "accouplez" pour sortir un Zenzile meets High Tone, il s'agit d'une rencontre ("meets") ou d'une fusion ? Une entité bicéphale ou un être nouveau ?
Une fusion. Les line-ups ont été mélangés au gré des compositions, et ce en fonction de l'inspiration de chacun. Les deux groupes sont "dissous" dans Zentone.
Pourquoi avoir gardé un "Zen mix" et un "Tone mix" ? Une volonté d'avoir une sorte de face A et une face B ?
Après une session de studio d'une semaine pour enregistrer les tracks où nous étions tous ensemble, chaque groupe est reparti mixer chez soi l'intégralité des morceaux. Là, l'approche particulière de chacun s'est exprimée et il en a résulté deux visions différentes de chaque morceau. Il nous a donc semblé pertinent de proposer ces deux versions, réparties sur le CD et le vinyle.
Principe que vous avez également conservé sur le "chapitre 2" avec toujours ce split CD et vinyle, pourquoi ne pas tout sortir sur les deux supports ?
Avant tout, pour des raisons économiques ! Il aurait fallu un quadruple vinyle pour tout mettre. Mais qui sait ? Peut-être sortirons nous bientôt le Tone Mix en CD et le Zen Mix en vinyle ?
Quel a été le déclencheur quinze ans après de vous relancer dans cette aventure ? Vous aviez regagné les points de vie perdus lors des précédentes tournées communes ?
On s'est recroisé en 2019 pour une date commune et on a évoqué l'idée d'un deuxième chapitre à notre collaboration. Le Covid s'est chargé de nous rendre disponibles pour pouvoir le réaliser.
Vous avez confié les pochettes de ce chapitre 2 à Superscript² et même si la pochette est du plus bel effet, la bichromie est tout de même éloignée de votre musique colorée. C'est pour feinter l'auditeur?
Son "minimalisme complexe" en est proche, lui.
Vous avez choisi d'intégrer un certain nombre de guests notamment le Nigérian de Lyon Nai-Jah sur "Open gate", le Clermontois Jolly Joseph sur "Desobey", le jamaïcain Rod Taylor sur "Hot". C'est un peu un All Star Game. Y a-t-il des featurings que vous auriez rêvés de faire et qui ne sont pas sur le disque ? À la fois dans le domaine du possible parmi vos contacts, mais également un featuring fou ou impossible ?
En tant que fans de reggae, il y a une longue liste de featurings que l'on aurait adoré faire ! Par exemple, Horace Andy, pour le possible, et maintenant Lee Scratch Perry pour l'impossible !
Zentone
Tous ces guests ne limitent-ils pas les prestations scéniques, vous arrivez à reproduire tous les morceaux en live ?
On n'a pas essayé de reproduire les chants des chanteurs absents. Mais on a la chance d'être accompagné sur scène par le talentueux et inspiré Jolly Joseph, qui s'est approprié les riddims sur lesquels Rod Taylor et Nai-Jah ont posé. Le public peut donc profiter en live de deux inédits !
En parlant de live, vous avez joué début Juin à l'Elysée Montmartre, vous remettez cela à la Maroquinerie et sur une tournée, vous sembliez émus qu'un hebdo "culturel" vous mette en couverture de son supplément concerts. C'est à la fois une consécration mais un basculement vers le "mainstream", non ?
Je vois plus cela comme une reconnaissance du chemin parcouru. À nos débuts, il aurait semblé impensable de faire la couverture de ce type de publications. Depuis, le dub a fait son chemin en France, de nombreux groupes sont apparus, de nombreux festivals, le public a grossi. "Mainstream", c'est quand ton audience s'élargit ?
Ceux qui ne vous auraient pas vus en live, soit ensemble, soit séparément, doivent s'attendre à quoi lors des concerts ? Avez-vous l'intention de convoquer des guests du disque sur scène ?
Nous reprenons des titres issus des deux opus Zentone, et comme je le disais précédemment, accompagné par Jolly Joseph. Peut-être profiterons-nous des dates proches de leurs domiciles pour inviter Rod Taylor et Nai-Jah ? Nous avons aussi pensé aux fans historiques de nos deux groupes et incluons un titre emblématique de chacun.
Quelle est la question que je n'ai pas posée et la réponse à celle-ci ?
"Un Chapter 3 est il prévu ?" Qui sait...
Le mot de la fin ?
Venez nous voir en live !
Merci aux groupes pour leur réactivité et leur disponibilité et à Kix de Mélodyn Productions.
Merci !
Photos : JC Forestier