Yerban Kuru @ Moulin de Brainans Yerban Kuru @ Moulin de Brainans Ce sont les régionaux de l'étape, Yerban Kuru, en pleine tournée promotionnelle de leur premier album, qui ouvrent la soirée, devant une assistance clairsemée, pour ne pas dire plus. Effectivement, la succession de jours fériés et la météo resplendissante ont laissé moins d'une centaine de personnes aborder la salle Jurassienne. Mais qu'importe. Julien, PJ, Sam et Marco déploient leur "alternative noisy dub" avec application. Après une brève introduction, l'atmosphère magique de "Die puppe" opère puis le groupe radicalise le propos avec "Der'". L'étrangeté de l'univers du quatuor prend forme à mesure que s'écoulent les titres de Yerban kuru, des séquences planantes ("Vapeurs martiales") aux secousses telluriques ("No respect for peotry") en passant par l'introspection de "Mysticisme". Marco (guitare, programmations) et Julien (batterie) restent studieux tandis que Sam (chant, clavier, teremin, ...) est en prise avec des démons que PJ semble combattre avec sa basse. La prestation des Franc-Comtois est bien tenue et arrive fatalement à son terme, en ayant exposé Yerban kuru dans sa quasi-intégralité. Trois quarts d'heure après leur entrée en scène, le (maigre) public en redemande et le groupe sert à nouveau "Die puppe" avant de quitter les lieux pour de bon.
Ce soir, c'est un peu un laboratoire sonore. Et après le dub électrique de Yerban Kuru, place à Sayag Jazz Machine, formation à mi-chemin entre groupe de musique et troupe de théâtre, soutenu par un univers visuel complet. Car sur scène, se dressent 4 bonhommes en blouse blanche prêts à examiner notre subconscient. Deux hommes aux productions digitales (Charly est DJ, Christophe s'occupe des machines), deux aux instruments "traditionnels" (Pierre-Yves joue de la contrebasse, du violoncelle et de l'accordéon, et Nicolas du saxo, de la flûte et de la clarinette) et des créations vidéos signées Laurent vous attendent de pied ferme. Depuis 7 ans, trois albums studios et leurs productions remixées, la formation étiquetée "électro-jazz", si apaisée sur disque, prend un tout autre aspect en live. Hip-hop, jungle, sonorités latinos, break-beat s'allient à la trame électro-jazz gâce aux beats, aux scratchs ainsi qu'aux solos de violoncelle ou de saxophone et recèlent une énergie folle ! Appuyée par des vidéos succulentes (le petit bateau !), la formule chimique distillée par Sayag Jazz Machine parviendra à faire bouger une partie du public. Christophe communique avec l'assistance public par le biais d'un téléphone lorsqu'il n'intervient pas auprès d'un des personnages vidéo-projectés, Charly s'agite comme un petit fou derrière ses platines alors que Pierre-Yves et Nicolas jouent les virtuoses de grande classe au premier rang. Véritable expérience à part entière et généreuse (1h30 au compteur), marquée de moment forts (des solos époustouflants, l'ouverture de la "boîte de Pandore" dans des éclairs stromboscopiques, l'apport de digestifs par un cinquième "Professeur", ...), un concert de Sayag Jazz Machine vaut le coup d'oeil et d'oreille !
Il est très tard, ou très tôt, c'est selon, et Filastine, que dis-je, Monsieur Filastine prend position. Bricoleur d'electro-world, ratissant sur tous les continents, le garçon ne se contente pas de produire du son, planté derrière son PC. Ingénieusement, il donne vie à son set en exposant ses talents de batteur, en frappant sur des pads, un derbouka, un tambourin ou le caddie lui-même, servant de support à ses instruments de percussion. Ainsi Filastine donne un coté vivant à sa prestation et cela lui permet de recevoir facilement les approbations du public. Passant du PC à son caddie, produisant des sonorités orientales, africaines ou latines et s'exprimant aussi par l'intermédiaire de vidéos, on perçoit à travers le set du bonhomme une critique de la société occidentale, et ses velléités guerrière et de consommation à outrance. Une heure de mix intense, éprouvante pour son acteur-réalisateur, qui prend fin avec le très remuant "Dance of the garbageman", sorte de batükada moderne. Filastine ne peut résister de donner un petit rappel et une fois effectué, il se jette devant la scène pour écouler quelques exemplaires de ses productions (dont Burn it est disponible en France via Jarring Effects).