UNKLE - End titles... stories for film Se séparent, se séparent plus... il faudrait savoir quand même... Rappel des faits : en janvier dernier, les deux têtes pensantes d'UNKLE, James Lavelle et Richard File, annoncent leur volonté commune de prendre des chemins artistiques différents et par conséquent de mettre fin à ce projet. Après War stories, la date du sabordage du groupe est fixée au 1er mars. Rideau. Sauf que quelques semaines plus tard, un étrange communiqué parvient jusqu'aux boîtes e-mails des différents médias musicaux : un nouvel album d'UNKLE verra le jour au coeur de l'été. Interrogation, investigations et quelques explications plus tard, le voile est levé sur ce disque d'ores et déjà baptisé End titles... stories for film. Il s'agira d'un effort compilant chutes de studios de War stories, compositions plus "classiques" et quelques morceaux épars composés pour des bande-sons de jeux vidéos, séries TV et autres long-métrages de cinéma.
Hétérogène, cet ultime offrande signée James Lavelle et Richard File est une oeuvre qui rompt avec les précédents opus du duo. Des nappes électriques noctambules, des mélodies incertaines souvent tapies dans l'ombre et qui se plaisent à jouer avec les ombres avant de percer le brouillard, une certaine froideur dans le propos et en filigrane, une volonté de titiller l'imaginaire de l'auditeur. De l'introductif et très bref "End titles" (35 secondes seulement) au plus rock évanescent "Ghosts", en passant par plusieurs collaborations avec Gavin Clark (Sunhouse) sur "Cut me loose" ou "Blade in the back". Quelques intermèdes instrumentaux ("Ghosts (String reprise)", le sublime "Synthetic water") parsemés ci et là, quelques morceaux taillés pour cartonner via des collaborations toujours aussi prestigieuses et soignées. Outre Gavin Clark, présent sur cinq des titres de l'album, Josh Homme des Queens Of The Stone Age et Eagles of Death Metal sur "Chemicals", Chris Goss (QOTSA, Masters of Reality) en guest de luxe sur "Nocturnal" et les excellents Black Mountain sur "Clouds" viennent apporter leur contribution au projet. Et End titles... stories for film de marrier habilement titres rock, électro, ambient minimaliste ("Even balance") avec un souci permanent de varier les genres sans jamais sacrifier à la qualité de l'oeuvre...
Collage parfois improbable ou plus évident mais toujours réalisés avec un sens de la narration très cinématographique, entre champ contre champ, longue focale s'attardant sur l'élégant "Trouble in paradise" ou contre-plongée mettant en valeur l'intensité onirique de "24 frames", cet ultime effort signé UNKLE use de toutes les subtilités de sa palette artistique pour mettre en valeur la grammaire cinématographique qui sied si bien à sa musique. Rêverie contemplative ("In a broken dream"), trip-hop glacial et hypnotique à la Massive Attack ("Black mass"), collaboration acoustique (ratée) avec le réalisateur junkie Abel Ferrara (The King of New York), UNKLE assume complètement les liens qu'il tisse avec le petit monde du 7e art. Sans doute que l'avenir de ses têtes pensantes passe d'ailleurs sans doute par là. Mais avant, le duo se charge de conclure en beauté l'aventure en déposant délicatement sur la platine un "Heaven" et "The Piano echoes" élégamment feutrées... Un point d'orgue pour un groupe qui, cette fois, a décidé d'en rester là. Rideau...