Unkle - War stories Après un premier aperçu (Nights temper) sorti discrètement en édition limitée quelques mois avant celle, plus médiatique de l'album que voici, UNKLE fait donc son retour discographique avec ce disque d'une richesse infinie de kaléidoscope musical idéal. Une fois passée une courte intro aux influences soul et sans titres, James Lavelle passe aux choses sérieuses avec un "Chemistry" ambient rock, moderne et aux nappes synthétiques entêtantes. D'entrée de jeu, UNKLE affiche ses prétentions et démontrer que l'entité créée par le boss de Mo'Wax a largement les moyens de ses ambitions. Deuxième acte, celui-ci passe au chant et nous gratifie d'un "Hold my hand", plus pop et aux allures d'un Depeche Mode hypnotique. Une mélodie efficace, des arrangements qui se nourissent d'éléctro planante et un morceau qui rompt avec le précédent sans pour autant perdre l'auditeur en route.
Comme à son habitude, Lavelle laisse une large place à ses collaborations dans ses albums et ne déroge pas à la règle avec War stories puisque c'est l'inénarrable Josh Homme qui inaugure cette nouvelle fournée de guests de luxe sur le groovy-esque "Restless". Un titre en forme de ballade éléctro-rock psychée qui balade sa coolitude tout au long de ses 5'04 avant d'enchaîner avec le somptueux "Keys to the kingdom" pour lequel Lavelle a effectivement donné les clefs de son univers musical à Gavin Clark (leader des météoritiques Sunhouse). En résulte un morceau de rock brûlant et fiévreux, au songwriting inspiré et aux atmosphères denses et fouillées. Intense. Electro ambient lunaire et vaporeux, des ambiances retro, des arrangements subtiles, "Price you pay" déroute avant d'envoûter ; l'efficace single "Burn my shadow", porté par la voix de Ian Astbury (The Cult) vient parachever le travail, UNKLE est au sommet de son art... pourtant ce n'est pas encore terminé. Mélodies entêtantes, instrumentations variées, éléctro tantôt discrète, tantôt omniprésente, ce War stories est un album incroyablement dense et changeant, un disque que l'on peut écouter des dizaines de fois sans jamais s'ennuyer tant l'exceptionnelle hétérogénéité des compositions ne vient jamais ternir leur qualité. Au fil de ses collaborations (dont "Persons & machineray" avec Autolux ou l'éléctrisant "Mayday" avec Duke Spirit), le maître d'oeuvre de l'entité UNKLE passe en revue tous ses styles de prédilection afin de les passer dans le mixeur et en produire le meilleur ("Broken" et "When things explode").
Aidé dans sa tâche de quelques grands noms de la musique (Josh Homme des QOTSA et Dave Catching des EoDM ou 3D de Massive Attack pour le feutré "Twilight"), Lavelle se rapproche justement de l'oeuvre du dernier cité, paradoxalement aidé dans sa tache par un producteur qui vient du milieu stoner : Chris Goss (Kyuss, QOTSA). Mais à l'instar de la formation phare de Bristol, le nouvel album d'UNKLE est une véritable démonstration musicale, inspirée, mélancolique et organique où l'expérimentation ne prend jamais le pas sur l'émotion. Si certains n'apprécieront pas nécessairement l'intégralité de l'opus, rare sont ceux qui resteront insensible devant ses quatorze compositions pop/ trip-hop/ post-classique/ éléctro/ rock soigneusement livrées dans un bien bel écrin musical.