Est-ce que UNKLE est encore un collectif ? Le boss, c'est James Lavelle et s'il est toujours entouré d'une galaxie de musiciens talentueux, UNKLE reste son projet, celui qu'il mène comme et quand il en a envie. Il a pris la route pour une trilogie et après la première partie, voici la seconde qui se compose de deux actes et donc deux cds, une vingtaine de titres qui sont autant de créations "individuelles" qui sont regroupées ensemble. Et même si son auteur précise qu'il ne faut pas forcément chercher de cohérence, force est de constater que la patte de James se retrouve un peu partout et que ce maître es électro-trip-hop a suffisamment de bonnes idées pour nous emmener sur une autoroute perdue (coucou David Lynch) sans qu'on se lasse une seule minute.
Alors forcément, on en a un peu pour tout le monde et celui qui préfère rester bloqué dans sa chapelle (pop, rock, trip hop, hip hop, années 80 ou 90...) risque de ne pas s'y retrouver mais pour un peu qu'on ait les oreilles larges, la balade vaut le coup. Parmi les principaux arguments, la qualité des intervenants sur ce disque, UNKLE aime les collaborations et ses invités, sachant qu'ils vont être mis en valeur, ne se font pas prier pour venir "travailler". La liste est longue mais on notera tout de même les venues de Mark Lanegan (Screaming Trees entre autres, trop solennel ici), Tom Smith (Editors), Wil Malone (producteur et arrangeur pour Black Sabbath, Iron Maiden, Massive Attack, Depeche Mode ou Opeth), Chris Goss, (chanteur et guitariste de Masters of Reality, producteur de Kyuss, QOTSA, Slo Burn, Mondo Generator...), Twiggy (Marilyn Manson, A Perfect Circle, Nine Inch Nails), Keaton Henson, Ian Astbury (The Cult) ou Mick Jones (The Clash). Une sacrée brochette et des guests dans tous les styles pour donner des couleurs différentes aux titres.
L'ensemble est hétéroclite et il n'est pas évident de mettre dans la balance les titres entre eux, pourtant, il faut bien en sortir quelques-uns du lot (après avoir mis de côté les petits interludes). Bien sûr, il y a ceux où Liela Moss (qui fait désormais partie du collectif même si elle chante aussi avec The Duke Spirit et en solo) vient poser sa voix ("Feel more / With less", "Sun (The)" et "Touch me", cover d'un titre très dansant du DJ portugais Rui Da Silva), il y a ceux où le chanteur d'Editors apporte beaucoup de fraîcheur (le très pop "The other side" et le plus travaillé "Crucifixion / A prophet"), ceux où ça bricole pas mal ("Nothing to give" ou "Kubrick", coucou Stanley) mais mon préféré est "Ar.Mour", un petit bijou trip hop (coucou Massive Attack) où toute la classe de UNKLE s'exprime.
Publié dans le Mag #39