Unison S/T Révélé par la sortie il y a deux ans d'Outside, EP oeuvrant dans la catégorie dites "Witch House" (terme récemment inventé par l'artiste électro Pictureplan et utilisé pour décrire un genre musical mêlant entre autres hip-hop 90's, indus, noise et drone), le duo Niortais Unison poursuit sa course pied au plancher avec un premier album éponyme aussi intéressant qu'étonnant. Et si ce point de vue ne concernait que la musique, il en est de même pour ce qui est de l'artwork. Comment ne pas vous en toucher deux mots ? Car le moins que l'on puisse dire c'est que Mélanie (chant) et Julien (machines et guitare) ont eu la sale manie de brouiller les pistes en délivrant une couverture à la limite de la parodie black métal. Signé par l'artiste belge Christophe Szpajdel (auteur parmi tant d'autres des célèbres logos d'Emperor ou d'Enthroned), l'emblème d'Unison se fond dans une toile nuancée de gris évoquant l'effroi et prend dans ses filets deux fillettes appuyées contre un arbre au bord d'une route fixant d'un regard perdu l'objectif. Glauque ! Comme ces 12 titres d'ailleurs où l'électro à la fois tapageuse et feutrée matinée de guitares shoegaze bien senties rencontre une voix angélique venue d'un autre monde. Déstabilisant ! Unison est une odyssée incroyable vers l'au-delà, un délire subaigu entre le rêve et le cauchemar nous élevant haut, très haut même, de part ses nappes aériennes rappelant par moment celles d'M83, et de part ses réverbérations exacerbées. A cela vous ajouter un mur du son justifié par des beats électro version "maousse costaud" venant sans vergogne mettre une baffe aller-retour à l'image de "Lost generation" ou "Heartcore", et vous obtenez la quintessence du duo. Mais Unison sait aussi toucher par moment du bout des doigts l'ataraxie avec des titres plus trip-hop à l'instar de la féérique "Brothers & sisters", qui n'est pas rappeler certains morceaux de Portishead en plus rapide, ou bien "Arp quad rollerskate" qui penche plutôt vers du Boards Of Canada. Découverts par les américains de Matte Black Editions (un comble qui confirme une nouvelle fois que les français sont parfois à la rue question découvertes), c'est le jeune label parisien Lentonia Records (EDH, Video Love, Phoebe Jean) qui vient de décrocher le gros lot en ayant signé l'un des albums les plus passionnants de l'année en matière de musique électronique. Et rien que d'avoir évoqué dans la même chronique les noms d'Emperor et Boards Of Canada montre un peu que le premier opus des Niortais n'est pas sur nos pages par hasard.