Underhill - Silent Siren "Silent siren", l'album du projet Underhill est un disque que l'on qualifiera d'hybride. Une oeuvre mixant adroitement dubstep, trip-hop, electronica et hip-hop dans un même tube à essais pour un résultat placé dans la centrifugeuse de l'incontournable Ad Noiseam (Broken Note, Enduser, Oyaarss). Un pseudonyme pour une entité derrière laquelle on retrouve notamment Dean Rodell, notamment connu des initiés pour ses travaux avec Broken Note, Current Value, Senser ou King Cannibal, Ivan Shopov aka Balkansky, le prolifique MC Coppa (une cinquantaine de productions au compteur) ainsi que Martina Astner, entre autres vocalistes du groupe death/symphonique suédois Therion.

L'association d'idées et de talents est pour le moins curieuse, sinon osée mais "garantie constructeur" signée Ad Noiseam oblige, on sait que ça ne peut pas être mauvais. Donc pas de surprise de ce côté-là, les premiers morceaux défilent et effectivement, le mélange des genres ici proposé fait clairement ses preuves, entre un "Night lines" immersif, un "Blind" à la torpeur trip-hop aussi cotonneuse que lascive ou un "Hiding the light" dub porté par le timbre suave de Martina Astner. On attendait du hip-hop crossover aussi ? Que l'on se rassure, ça arrive dès la quatrième piste avec un "Trippin" aux bizarreries vocales passées sous le filtre digital, pour un résultat parfois déroutant, qui se prolonge du reste sur le titre suivant : "My shadow".

Elargissant toujours plus son spectre sonore en fonction de son concept initial, Underhill se disperse tout en maîtrisant sa ligne directrice, s'offrant au passage un petit "tube" avec le langoureux "The miss", avant de reprendre ce qui a fonctionné sur ce morceau pour lui adjoindre sur la suite immédiate ("Civil lies", "Back sun butterfly") des éléments dubstep conférant à ces deux nouvelles créations un impact sonore inédit jusqu'alors. L'autre intérêt de ce Silent siren étant l'évidente capacité des membres du projet à écrire de concert des morceaux qui tiennent plus que la route et à renouveler l'expérience à quatorze reprises sans jamais céder à la facilité (les trois dernières pistes étant des remixes signés Bong-Ra, Balkansky himself ou The Sect). Et que ce soit sur le robotique "Law enforcement" ou l'éponyme "Silent siren" et son groove/flow pénétrant, sans oublier le clinquant "Podgorna" et le ravageur "Rivers of hade", le résultat est imparable.

Une collection de tueries et pépites remarquablement composées et produites, l'ultime preuve étant apportée par le terminal "Solace", véritable agglomérat de tout ce que l'on a pu trouver à un moment ou à un autre sur cet album, Underhill vient de s'offrir un joli hold-up discographique... mais mérité. Encore une bonne affaire signée par un Ad Noiseam décidément coutumier du fait.